maghreb socialiste
Algérie 17 fevrier 2025

Les leçons de la grève nationale des étudiants en médecine

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Depuis plusieurs mois, les étudiants en médecine d’Algérie se sont mis en grève à l’échelle nationale, avec occupation des campus, sit-in et d’imposantes manifestations dans les principales facultés de médecine du pays (Alger, Oran, Constantine, Sétif et Annaba…). Ils revendiquent une augmentation du nombre de postes en résidanat, l’homologation de leurs diplômes pour une reconnaissance internationale, une amélioration des conditions d’encadrement et de formation dans les centres hospitalo-universitaires (CHU), ainsi que des garanties d’emploi après leur formation.
Cette mobilisation s’est étendue aux médecins résidents, en grève également, mais aussi aux étudiants des Ecoles normales Supérieures, qui observent une grève nationale depuis plus de 3 semaines.
Dans la dernière décade de janvier dernier, une grève spontanée qui débute dans quelques lycées de grandes villes, s’étend au reste du pays, ce qui a provoqué une panique manifeste au Ministère de l’Education nationale auquel pourtant les dirigeants syndicaux du secteur et ceux de la Fédération des associations de parents d’élèves avaient apporté leur soutien contre l’audace des lycéens… La presse note qu’à « Alger, les lycéens se rassemblent devant leurs établissements, mais dans d’autres wilayas, comme Bejaïa, Sétif ou Biskra, ils ont manifesté dans la rue. », tandis que, par exemple à Bejaïa, les responsables du SNTE (Syndicat national des travailleurs de l’éducation) et du Cnapeste (Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique), appelaient les lycéens « à rentrer en classe » et même « à identifier les instigateurs de ce mouvement ». Quant aux associations de parents, elles n’ont pas hésité à parler de « protestations suspectes », et de« déstabilisation » orchestrées sur les réseaux sociaux…
La mobilisation des jeunes a de quoi inquiéter le gouvernement. Car elle a pour cause des revendications légitimes pour l’amélioration de leurs conditions matérielles d’études et pour obtenir des garanties concernant leur avenir professionnel. Or ces revendications se heurtent directement aux réformes dictées par la feuille de route de Tebboune. D’une manière plus générale, cette mobilisation démontre que, confrontées à des conditions matérielles d’existence de plus en plus précaires, les masses, le prolétariat et la jeunesse, n’ont pas d’autre alternative que de combattre, même dans ces conditions des plus défavorables.

Un combat dans des conditions difficiles

Car le paradoxe de la situation actuelle réside dans le fait que ces mobilisations de la jeunesse lycéenne et étudiante ont lieu dans des conditions politiques difficiles, où le rapport des forces entre la classe ouvrière et la classe capitaliste et son gouvernement bourgeois est largement favorable à la classe bourgeoise aux commandes de toutes les institutions et à son Etat militaro-policier.
Depuis l’enterrement du Hirak suite à l’élection de Tebboune en décembre 2019 – qui, écrivions-nous dans Maghreb socialiste, « a fait l’effet d’un rouleau compresseur sur les masses, conduisant au démantèlement méthodique de toute entrave au pillage économique à travers les privatisations, la livraison de ce qui relevait du domaine public aux appétits des puissances impérialistes » - le prolétariat et la jeunesse d’Algérie ont essuyé de nombreuses et cuisantes défaites, au terme de difficiles mobilisations, comme dans l’Education nationale, ou parfois pratiquement sans aucun combat, comme lors du vote par le Parlement des lois antisyndicales et antigrèves en février 2023. La réélection de Tebboune pour un deuxième mandat sans aucun accroc, en septembre 2024, ne faisait que confirmer et amplifier cette situation, alors que les conditions matérielles d’existence des plus larges masses ne cessent de se détériorer (voir nos articles du 27 octobre 2023, et des 4 juin et 26 septembre 2024 sur le site Maghreb socialiste).
A ce constat, s’ajoute une répression grandissante, permanente. Militants, journalistes, jeunes, simples utilisateurs des réseaux sociaux sont victimes de nouvelles dispositions prévues par le nouveau code pénal adopté en mai 2024, quelques mois avant l’élection présidentielle. De nombreuses figures du Hirak croupissent en prison ou ont dû s’exiler. La plupart des manifestations sont interdites, réprimées. Pendant ce temps, un nouveau décret signé par Tebboune autorise les officiers à « occuper certaines fonctions supérieures de l’État au sein des secteurs stratégiques et sensibles en termes de souveraineté et d’intérêts vitaux pour le pays »… Un cadeau supplémentaire pour les généraux qui exercent partout leur contrôle…
Dans la semaine qui a suivi la rencontre du 19 octobre 2024 entre le ministre Baddari et les pseudo « représentants des étudiants des différentes facultés de sciences médicales » (voir plus loin), sur instruction du même ministre, les doyens des universités ont saisi les cours de justice locales qui n’ont pas manqué de déclarer les grèves illégales avec pour corollaire une véritable chasse à l’homme dans les campus menée contre les organisateurs de la grève menacés alors d’être exclus de l’université. Sur le coup, cela a eu pour effet d’accentuer la colère et de renforcé la mobilisation dans la plupart des universités, mais force est de constater qu’avec le temps, ces mesures répressives ont joué en faveur de la démobilisation.
Tout récemment, Charaf Eddine Talhaoui, le représentant des étudiants en médecine en grève de la faculté de médecine de Tlemcen, a été interpelé et incarcéré dimanche 2 février 2025. L'étudiant a été arrêté le 28 janvier 2025, devant la résidence universitaire de Tlemcen, et selon ses camarades qui ont relayé l’information sur les réseaux sociaux, « des individus en tenue civile à bord de trois véhicules ont emmené Charaf Eddine Talhaoui ». Sa famille est restée sans nouvelles de lui pendant cinq jours.
Tel est le contexte dans la grève des étudiants en médecine puis celle des lycéens se sont déclenchées. Et cela est d’autant plus remarquable, que l’Algérie ne fait pas exception. A l’échelle internationale, on ne peut que constater les reculs de la classe ouvrière, avec pour cause première la politique des directions traîtres du mouvement ouvrier.
Dans quasiment tous les pays, les gouvernements au service de la bourgeoisie en crise s’en prennent de manière systématique aux acquis sociaux et politiques de la classe ouvrière et de sa partie la plus faible, les travailleurs immigrés, des coups qui s’accompagnent de budgets militaires et de répression en augmentation, quand ce n’est pas à une économie de guerre.
La récente élection de Trump aux États-Unis, avec Musk comme bras droit, et les premiers décrets pris par leur administration, en sont l’expression la plus violente : chasse aux immigrés, attaques contre les libertés démocratiques et syndicales, contre le droit de grève, contre les conditions d’existence des masses.
« Sans tabou », Trump ne vient-il pas de déclarer qu’il souhaite « prendre le contrôle de Gaza », où les morts et les blessés se comptent par centaines de milliers, où les bâtiments, hôpitaux, écoles sont détruits à 90% après la guerre génocidaire qu’y mène l’entité sioniste raciste depuis plus d’un an, pour « le nettoyer de sa population » (juste « une expression malheureuse » pour Tebboune dans sa récente interview) et favoriser ainsi le projet sioniste de « grand Israël » ? Dans cette logique, Trump vient d’apporter son soutien aux colons meurtriers et encourage l’annexion de ce qu’il reste des territoires occupés de Cisjordanie…

La mobilisation des étudiants de médecine vient de loin

Mais il faut le constater, la mobilisation des étudiants en médecine vient de loin. Déjà en 2017, « les étudiants de médecine dentaire de l'université de Tizi-Ouzou (…) une grève de la faim illimitée. (…) Ce mouvement (…) est suivi également dans sept des neuf départements de médecine dentaire du pays », indiquait Le Matin du 12 mars 2017.
Le 7 janvier 2018, 500 médecins-résidents se rassemblaient dans l’hôpital Moustapha Bacha à Alger, le plus important de la capitale, pour l’abrogation du service civil et militaire. Depuis deux mois, les médecins-résidents étaient en grève générale. Ils manifestaient aussi dans les rues de Constantine avec la même revendication. En mars de la même année, rapporte le journal La relève en date du 28 mars 2018, « les médecins généralistes ont été rejoints par des étudiants en médecine et des spécialistes de plusieurs hôpitaux dans leur mouvement entamé voilà quatre mois à Alger et dans d’autres grandes villes du pays. Le porte-parole des grévistes, Mohammed Toualeb, a déclaré que “nos collègues étudiants et nos collègues spécialistes ont décidé d’exprimer leur soutien en rejoignant la grève”, notant que “le gouvernement est incapable de répondre à nos demandes”».
Maghreb socialiste pour sa part, sur notre site, en rendait compte de la manière suivante le 10 janvier 2018 :
« (…) des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, en Kabylie mais aussi jusques dans les banlieues d’Alger contre la loi des finances et ses conséquences immédiates. Certaines ont donné lieu à une répression féroce. Des grèves se développent dans de nombreux secteurs, chez les médecins-résidents, dans les lycées, les universités… Personne ne doute de la volonté des travailleurs et des jeunes de combattre cette politique malgré les intimidations et les obstacles (…) Les récentes manifestations des médecins-résidents à Alger, Constantine ou Oran, entre autres, l’ont montré. Malgré la répression, leur grève et leur manifestation dans les grandes villes du pays se renforcent. D’autres corporations, comme les enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires cherchent à se joindre à leur mouvement. Les grèves se multiplient partout dans le pays, dans tous les domaines. (…) »
Le prolétariat, la jeunesse dans son ensemble se levaient contre l’état bourgeois militaro-policier, contre le 5e mandat, un mouvement révolutionnaire prolétarien, le Hirak, qui devait aboutir au renversement de Bouteflika et qui trouvait un écho dans le prolétariat et la jeunesse à l’échelle de tout le Maghreb et du monde entier.
Les étudiants allaient jouer un rôle d’avant-garde majeur au compte de la classe ouvrière jusqu’au bord du déclenchement de la grève générale, pour « en finir avec le régime », comme le proclamaient les manifestants chaque semaine, une perspective entravée, combattue par tous les appareils traîtres, petits et grands, piliers des institutions (partis politiques du pouvoir, organisations de la magistrature, la centrale UGTA…), toutes les chaines de radio et de télévisions ouvrant leurs antennes à des « experts » pour combattre la grève générale qui risquait « d’affamer les populations ». La prétendue opposition liguée dans une coalition comprenant des organisations dites d’extrême gauche (PT et PST) s’opposait aussi à la perspective de la grève générale au nom d’un « processus constituant » (se reporter aux nombreux articles de Maghreb socialiste de 2019 qui en faisaient la démonstration en détail).

Les étudiants de médecine ne lâchent pas leurs revendications, la grève déferle…

Pourtant, les étudiants en médecine n’ont pas baissé les bras, indiquant par-là l’état d’esprit des masses. Le 19 octobre 2024, leur grève nationale, à l’appel du Collectif national des étudiants en sciences médicales, est si bien suivie, que la presse est bien obligée de rendre compte. Sous le titre : « Grève générale des étudiants en médecine : Des revendications claires » Algérie 360 du 16 octobre 2024 commente : « Aujourd’hui, les étudiants en sciences médicales ont décidé d’entamer une grève générale accompagnée de manifestations à travers plusieurs villes d’Algérie. Les étudiants ont initié ce mouvement suite à une accumulation de frustrations liées aux conditions déplorables de formation, aux faibles perspectives d’emploi, ainsi qu’à la précarité des bourses et des stages. À travers cette mobilisation, ils visent à obtenir (…) un meilleur encadrement, des conditions de travail décentes et un avenir professionnel plus prometteur. Des revendications multiples et urgentes (…) En conclusion, les étudiants en sciences médicales annoncent leur détermination à poursuivre leur mouvement de grève tant que des solutions concrètes ne seront pas apportées. (…) Ainsi, ce mouvement traduit non seulement une demande de reconnaissance, mais aussi un appel à des conditions de formation et d’emploi décentes pour assurer l’avenir de la santé publique en Algérie ».
Le lendemain, El Watan du 17 octobre en rajoute : « Les étudiants des différentes branches des sciences médicales ont entamé, hier, une grève ouverte. L’objectif : “Exprimer leur mécontentement face à plusieurs problématiques persistantes affectant leur formation et leur avenir professionnel”, indique le communiqué du Caucus national des étudiants en sciences médicales, initiateur de la grève. »
Devant l’ampleur de la mobilisation étudiante, le Ministre de tutelle, Baddari, rencontre dès le 19 octobre les « représentants des étudiants des différentes facultés de sciences médicales ». Les choses vont vite… En en rendant compte, le Quotidien d’Oran indique : « Le communiqué précise, par ailleurs, que “les préoccupations soulevées par les représentants des étudiants des facultés des Sciences médicales ont été prises en charge au niveau local, en fixant la date du 27 octobre comme dernier délai pour le lancement des travaux des différents groupes de travail formés pour la prise en charge des doléances des étudiants ”».
Pourtant, contrairement aux titres de la presse des 19 et 20 octobre qui prétendaient que Baddari avait désamorcé la crise grâce à la rencontre organisée le samedi 19 octobre, la mobilisation se renforçait, d’une part parce qu’aucune des revendications n’était satisfaite, d’autre part parce que les « représentants étudiants » de la rencontre n’étaient pas ceux des étudiants (voir plus loin) !
Ainsi, le Jeune indépendant du 21 octobre déclare : « Le mouvement de grève des étudiants en sciences médicales, entamé depuis le 16 octobre, se poursuit malgré les efforts du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour calmer les esprits. Cette situation a fait réagir des syndicats du secteur, qui ont exprimé leur solidarité et leur soutien aux revendications « légitimes » soulevées par les grévistes. »
Grève, occupation des campus, manifestations et sit-in, les lives quotidiens sur Facebook montrent d’une manière indéniable que la mobilisation est d’une ampleur considérable. Ce sont des centaines et des centaines d’étudiants et étudiantes qui déferlent à Oran, Tlemcen, Béchar, Saïda, Belabbes, Relzane, Chleff, Blida, Médéa, Alger, Boumerdes, Djelfa, Laghouat, toutes les facultés de médecine du Sud, Biskra, Batna, Constantine, Annaba, El Tarf, Jijel, Skikda, Bedjaia, Bouira, Tizi Ouzou… pour ne citer que celle où des groupes de discussion et d’échange ont été constitués sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram ou Tiktok.
Le 5 décembre, alors qu’une campagne médiatique forcenée est déclenchée pour faire croire au fléchissement du mouvement suite à une deuxième « rencontre » tutelle/étudiants, le collectif de l’université de Sétif rend compte dans le détail des votes par année comme suit :
1ères années : 1 155/1994 votes ; 70,1% pour la continuité de la grève, 29,9 % contre ;
2e années : 938/1 204 votes ; 92,8% pour la continuité de la grève, 7,2 % contre ;
3e années : 83% pour la continuité de la grève, 17% contre ;
4e années : 86% pour la continuité de la grève, 14% contre.
5e années : 66,7 % pour la continuité de la grève, 33,3 % contre.
6e années : 72,1 % pour la continuité de la grève, 27,9 % contre.
7e années : 37,5 % pour la continuité de la grève, 62,5 % contre.
Le 7 décembre 2024, les étudiants de la faculté de Tlemcen entamaient leur 7e semaine de grève totale…
A l’apogée de la grève nationale, fin décembre, une consultation générale est organisée par les collectifs d’étudiants. Elle touche 30 000 étudiants, 85 % d’entre eux se prononcent pour la poursuite de la grève.

…mais les étudiants ne parviennent pas à imposer la satisfaction de leurs revendications du fait de la politique traitre des appareils syndicaux des centrales UGTA et CSA

En dépit de la ténacité et la mobilisation des étudiants, aucune de leurs revendications n’a été satisfaite. Bien au contraire, les mesures présentées comme des réponses ne sont en fait que l’application du plan de réformes engagées par la feuille de route de Tebboune… Voilà le résultat, le produit du dialogue entre Baddari et les pseudo « représentants étudiants », d’une part, et les dirigeants syndicaux d’autre part.
Outre que les étudiants en médecine ont été maintenus isolés par la politique traître de toutes les directions syndicales, ces dernières n’ont eu de cesse de mettre en avant une politique « de dialogue et de concertation » avec les tutelles du gouvernement, s’opposant continuellement au combat résolu des étudiants mobilisés par la grève et le rassemblement sur la base de revendications claires et précises portées par leurs représentants à la base.
Ainsi par exemple, la Fédération nationale de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FNESRS-UGTA) n’a pas manqué de se positionner en porte-à-faux du mouvement des étudiants en médecine. Un communiqué de cette organisation, repris par la presse, indique qu’elle « a salué l’effort de dialogue déployé par le ministre de l’Enseignement supérieur, qui s’est empressé de répondre positivement… (…) Elle a également lancé un appel aux étudiants grévistes pour reprendre normalement les cours (Le Jeune Indépendant, le 22 octobre 2024).
La FNESRS-UGTA s’est opposée d’entrée au recours à la grève, au nom du « dialogue » : « (…) la nécessité d’adhérer au principe du dialogue et d’exercer un esprit de consultation sage. » En clair, se placer du côté du pouvoir. Et on a vu le résultat du dialogue avec Baddari : aucune revendication des étudiants n’a été satisfaite.
Autre exemple du côté du SNPSSP (Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique). Dans une déclaration au Quotidien d’Oran rapportée dans l’édition du 21 octobre 2024, on apprend du « Dr Mohamed Iddir, président du Syndicat, [que] cette question a besoin d'une “réflexion stratégique” et d'un “pilotage stratégique impliquant le ministère de la Santé”».
En couverture de la tutelle, il considérera plus loin dans cet article que créer de nouvelles structures au profit des facultés de médecine, aura pour conséquence de recevoir encore plus d’étudiants, donc « générer plus d’excédent » et donc plus de candidats à la fuite vers l’étranger !
Quant au SNPSP (Syndicat national des praticiens de la santé publique), présidé par le Dr Lyès Merabet, il précise, selon le Jeune indépendant du 21 octobre, « qu’il n’a pas l’intention de représenter les étudiants grévistes, mais souhaitait plutôt participer à l’élaboration de solutions pérennes pour atténuer les conséquences de la crise actuelle », tout en ajoutant qu’il
« déplore toutefois son exclusion des discussions autour des réformes de la formation médicale, bien qu’il représente les praticiens du secteur public. »
Tous prétendent au « dialogue » et à donner leurs conseils au pouvoir. Ainsi, le président de ce syndicat faisait remarquer le 20 octobre, toujours dans le même organe de presse, « qu’augmenter le nombre de postes de résidanat de 1 000 était une bonne chose » (après que Baddari a pris la décision d’augmenter le nombre de postes de recrutement lors des concours de spécialisation à 4 045 au lieu de 3 045), soutenant ainsi la décision du Ministre, loin d’être satisfaisante aux yeux des étudiants.
Le journal ajoute : « Concernant la question de l’authentification des diplômes et de la certification, qui semblent être “un point de tension majeur”, le Dr Merabet a rappelé que son syndicat avait auparavant décrié la décision du gel, car seul le corps médical est concerné. » Autrement dit, ce gel de la certification des diplômes aurait été acceptable s’il avait été appliqué à toutes les disciplines !
Le bureaucrate a par ailleurs regretté « de ne pas être associé dans le processus de réforme qui a touché les études médicales, à travers notamment la création d’annexes et autres facultés de médecine. Là encore, le Dr Merabet a affirmé qu’il faut respecter des normes bien précises si l’on veut lancer des études médicales, et cela ne peut être concrétisé, a-t-il expliqué, si les terrains de stages ne sont pas disponibles et si les encadreurs sont en nombre insuffisant. »
Ainsi ils volent tous au secours de Tebboune-Baddari pour évacuer la responsabilité directe de ce dernier en argumentant encore que « visiblement il y a un décalage entre la production des médecins et les capacités à les faire travailler sur le terrain ».
Enfin, précisons que les prétendus « représentants étudiants » reçus à deux reprises par Baddari sont des dirigeants des appareils syndicaux d’organisations satellites du pouvoir et des partis officiels. A ce titre, ils ont été rejetés par les grévistes qui exigeaient du Ministère de recevoir leurs vrais représentants, porteurs de leurs revendications. Sur tous les réseaux sociaux les commentaires ont pullulé pour dénoncer ces « représentants » et réclamer que leurs représentants, issus des Assemblées générales, porteurs de leurs revendications soient pris en compte.

Un pas de plus dans la mise en œuvre des réformes

Les réformes et mesures gouvernementales à l’université ont pour objectif d’exclure la grande majorité des classes exploitées du droit aux études et aux diplômes universitaires. Elles ont pour axe fondamental de répondre aux besoins du système capitaliste. A la base de ces besoins, il s’agit pour les patrons, les cartels et les multinationales de réduire toujours plus le coût du travail.
Pour ce faire, plusieurs critères sont utilisés sous différents vocables : flexibilité de l’emploi, uniformisation des formations, polyvalence, harmonisation des diplômes et autres concepts… ; il s’agit chaque fois de dévaloriser les diplômes et les qualifications afin d’obtenir une main d’œuvre malléable et corvéable à merci.
Plus la crise du capital due à la surproduction et la concurrence s’approfondie, plus les capitalistes et leurs représentants qui gouvernent ont pour obligation de porter des coups contre les salariés et la jeunesse pour les asservir à leur course au profit.
Après avoir imposé le LMD (licence, master, doctorat) qui correspondait aux besoins de l’impérialisme il y a un peu plus d’une dizaine d’années, il s’agit maintenant d’aller encore plus loin pour dévaloriser les diplômes. D’ailleurs, avec l’instauration de l’obligation de start-up au terme d’un cycle universitaire (après la signature d'une convention de partenariat entre le ministère de l'Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, portant création de startups en milieu universitaire), c’est la remise en cause de la notion même de diplôme qui détermine la valeur d’une qualification. Toutes ces réformes ont pour objectif de liquider la revendication : 1 diplôme = 1 emploi = 1 salaire.
C’est aussi pour ces mêmes raisons que l’objectif des gouvernants est de liquider le Code du Travail et la Fonction publique qui étaient les derniers remparts sur lesquels pouvaient s’appuyer les salariés pour défendre leurs intérêts matériels et la valeur de la force de travail.
L’impérialisme en crise mortelle a besoin de faire table rase de toutes les normes dans lesquelles s’inscrivaient des acquis des travailleurs salariés.
L’une des mesures la plus flagrante est qu’un numérus clausus a été fixé pour l’admission des jeunes bacheliers dans les facultés de médecine à 4700, soit un tiers environ du nombre de l’année 2024/2025 !
C’est une politique qui ne vise pas à satisfaire les besoins de la grande majorité, mais à faire de chaque espace une source de profits pour l’impérialisme et la bourgeoisie locale compradore.

Pour vaincre, la mobilisation des étudiants en médecine aurait eu à affronter le pouvoir et pour cela submerger les directions syndicales traîtres qui prônent concertation et dialogue avec lui. Il aurait fallu pouvoir leur imposer de rompre avec le gouvernement et de le combattre, dans l’unité.
Cela aurait demandé de centraliser le combat des étudiants à travers la mise en place d’un comité central de grève regroupant des délégués élus et révocables issus d’élections au niveau des assemblées générales des étudiants en grève et porteur d’un mandat reflétant les revendications et aspirations de la grande majorité des étudiants.
Cela aurait surtout demandé d’établir le lien avec la classe ouvrière, dans le but d’ouvrir une perspective politique à la jeunesse et au prolétariat, celle du gouvernement des organisations ouvrières, étape vers un véritable gouvernement ouvrier qui satisfasse toutes les revendications et prenne en charge la production selon le besoin des masses, et à l’échelle du Maghreb, celle des États-Unis socialistes du Maghreb.
Tous les maux auxquels l’humanité est confrontée sont la conséquence du système de la propriété privée des moyens de production, de l’anarchie de la société capitaliste et de la loi du profit. La tragédie mondiale du Covid a montré comment les grands trusts pharmaceutiques se sont livrés, avec l’aide de leur gouvernement respectif et au mépris de la vie humaine, à une lutte concurrentielle au lieu d’unir leurs efforts pour conjurer la pandémie. Le maintien du capitalisme entraîne la barbarie.
C’est pourquoi, nous combattons pour le socialisme et pour cela, pour la construction de partis ouvriers révolutionnaires et d’une internationale ouvrière révolutionnaire.

Le 7 février 2025

26 septembre 2024 : Communiqué de Maghreb socialiste suite au « scrutin présidentiel » du 7 septembre 2024

La reconduction de Tebboune à la présidence : une nouvelle étape dans le renforcement du régime et de son État militaro-policier

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A propos de « l’élection présidentielle » qui vient de se dérouler, Maghreb socialiste écrivait dans sa déclaration du 4 juin 2024 :
« La prochaine élection présidentielle a pour objectif de consolider la position du régime et de ses thuriféraires
Dans ces efforts pour rétablir le régime, la junte militaire a besoin d’une légitimation qui passe par l’opération plébiscitaire que constitue la prochaine élection présidentielle. La succession des différents processus électoraux inaugurés avec l’élection de Tebboune en 2019, avait déjà cet objectif. Mais les braises du Hirak ne s’étaient pas totalement éteintes. La trahison des bureaucrates, qui ont permis que le processus électoral se réalise, n’a pas suffi, au vu de l’abstention massive lors de l’élection présidentielle de 2019.
Il leur faut donc aujourd’hui qu’une élection se déroule sans accroc. Le dispositif est en place : inutile de préciser que l’élection n’aura aucun caractère démocratique. La constitution a été réformée dans un sens qui permet de criminaliser toute attaque contre la présidence au nom de l’atteinte à la sûreté de la nation, de l’état… Ajoutons à cela le parcours du combattant à effectuer pour obtenir les signatures nécessaires pour être candidat, et surtout le fait que le régime, qui ne peut s’accommoder d’une candidature ouvrière indépendante, a aujourd’hui tous les moyens pour l’en empêcher. Seuls les partis disposés à accepter d’avance l’élection de Tebboune pourront jouer le rôle de « lièvres », dans la perspective d’en tirer des subsides… »
La mascarade du 7 septembre dernier a confirmé d’une manière éclatante ce que nous écrivions trois mois plus tôt.
La revue El Djeich, organe officiel du la hiérarchie militaire, le relève, le scrutin s’est déroulé « sans accroc » :
« Grâce à leurs efforts [de l’Armée et des services de sécurité – NDLR], le processus électoral s’est déroulé dans une atmosphère de tranquillité, de calme et de paix, permettant au peuple algérien d’exprimer librement son choix. »
En effet, les seuls « accrocs » furent ceux que l’on releva entre les représentants de l’État, walis et chefs de daïras, avec les mairies et les chefs de centre de vote, lorsque les chiffres annoncés étaient trop près de la réalité.
Même si le rejet massif de ces élections s’est traduit par un très faible taux de participation, vraisemblablement en-dessous de 10 %, ce scrutin s’est passé dans un calme total : une indifférence, signe d’un net recul, qui tranche radicalement avec le scrutin du 12 décembre 2019 durant lequel s’était exprimé une volonté de boycott actif allant jusqu’à la casse des urnes dans certaines localités.
Malgré les couacs apparus au moment de la proclamation des résultats, notamment les chiffres contradictoires fournis par l’ANIE, immédiatement rectifiés par le pouvoir qui ne pouvait accepter que soit dévoilée l’abstention massive, le régime a remporté une victoire, dans une « élection » dont il ne faisait aucun doute qu’elle serait entachée d’irrégularités, les recours aux challengers, d’ailleurs agréés par le pouvoir, n’étant qu’une manœuvre visant à légitimer le scrutin.

Après ce « scrutin », une première leçon : la direction de l’UGTA se fait l’auxiliaire de « l’Algérie nouvelle » chère à Tebboune, via le « dialogue social »

La sortie médiatique d’Amar Takdjout, secrétaire général de l’UGTA, deux jours après le jour du vote et très largement reprise par la presse, constitue l’autre évènement notable de la situation.
Non content d’avoir appelé durant la campagne électorale à une « participation massive à ce rendez-vous électoral », ce fidèle exécutant de la feuille de route de Tebboune a affirmé avec force que les nouvelles lois antigrèves et antisyndicales de février 2023 devaient être respectées. El Watan du 10/09 le cite :
« Les lois sont faites pour être appliquées et respectées. Sans cela, c’est l’anarchie qui s’installe. Je suis frappé par la légèreté avec laquelle elles sont parfois traitées. » Le journal ajoute : « Il a notamment pointé du doigt ce qu’il nomme « l’hostilité » face à la loi 23-02, régissant l’organisation du monde du travail. « Les gens ont du mal à l’accepter. » (…) Par le passé, les syndicats servaient davantage les intérêts de cercles occultes que ceux des travailleurs. Cette loi vise à assainir cette situation. »
Pour ce bureaucrate, c’est aussi et surtout le moment de passer à l’acte. Avec la « réélection » de Tebboune, il s’agit de mettre les travailleurs sous la coupe du « dialogue social ». Pour Takdjout, la concertation pour construire « l’Algérie Nouvelle » de Tebboune, doit impliquer tout le monde. Aussi s’est-il fait le porte-voix de Tebboune lors de l’investiture de ce dernier à l’élection présidentielle. Citons toujours El Watan du 10 septembre :
« Pour relancer le dialogue social, [Takdjout] propose de recréer « l'ensemble des espaces de discussion, des espaces d'échange et de compétition d'idées ». Selon le premier responsable de la centrale syndicale, « ce dialogue passe nécessairement par des passerelles comme les partis politiques afin d'engager des discussions à caractère politique, les syndicats pour les questions socioéconomiques et les associations pour discuter des choses de la cité ».
L’objectif de cet adepte de la culture du « dialogue social » est de mettre le travailleur sous la coupe des exigences du capitaliste, du patron, des intérêts de la classe dominante. C’est ainsi qu’il préconise :
« Le dialogue social, qui est aussi synonyme de ce travail d'ensemble, est un outil pour mettre tout le monde au travail (...) ».
À propos des engagements présidentiels, il indique que «la revalorisation du pouvoir d'achat ne peut aller sans impliquer les travailleurs dans la création de la richesse ». Et d'ajouter : « Aujourd'hui, le patron doit cesser de faire semblant et les travailleurs doivent arrêter de faire semblant de travailler[souligné par nous]. Tout le monde doit se mettre sérieusement au travail pour créer de la richesse qui améliore, par voie de conséquence, le niveau de vie. »
Et comme secrétaire général de l’UGTA, il avertit : gare à ceux qui n’obtempèrent pas : « Dans ce contexte, il préconise aux syndicalistes d'« accomplir leur travail là où ils sont ». (El Watan du 10 septembre 2024)
C’est aussi dans cette interview de la Chaine 3 qu’il jette les jalons pour une réforme des retraites :
« Enfin, le secrétaire général a plaidé pour la mise à la retraite des travailleurs après 32 ans de service. Il affirme à cet effet : « Il faut permettre aux salariés qui souhaitent partir de le faire. Aujourd’hui, on entre tard dans le monde du travail, et ceux qui demandent la retraite après 32 ans de service sans avoir atteint l’âge requis sont peu nombreux. » (El Watan du 10 septembre 2024)
Le secrétaire général de l’UGTA s’inscrit ainsi totalement dans la co-élaboration des contre réformes et la remise en cause des maigres garanties collectives des travailleurs
Au final, si cela devait encore être démontré, cette « réélection présidentielle » avait pour objectif de permettre à Tebboune de poursuivre la mise en œuvre de sa feuille de route prédatrice pour l’écrasante majorité des démunis de ce pays au profit de la bourgeoisie, et surtout de favoriser la mainmise de l’impérialisme sur toutes les richesses de l’Algérie.

Permettre au régime de poursuivre la mise en œuvre de sa feuille de route...vers « l’Algérie nouvelle »

Le Jeune indépendant du 13-09-2024 cite l’éditorial de la revue EL Djeich publié au lendemain des « résultats » :
« Le peuple algérien souverain a tranché en donnant sa voix au Président pour poursuivre le processus de réformes profondes et progressives qu’il a entamées lors de son premier mandat, riche en réalisations (…) »
Ainsi le régime considère que la « réélection » de Tebboune ce 7 septembre, constitue un quitus suffisant pour continuer l’application de son programme d’une manière encore plus résolue.
« Selon l’auteur de l’édito, la paix récemment consolidée est un pilier fondamental pour aborder les défis futurs. (...) (Le Jeune indépendant du 13-09-2024)
C’est bien l’ordre du jour annoncé dans l’article d’El Watan du 12-09-2024 :
« Réforme de l’économie, salaires et exportations : les chantiers économiques qui attendent Tebboune.
Le représentant de la Banque mondiale a confirmé la possibilité pour l’Algérie, évoquée par le président Tebboune, d’atteindre un niveau de PIB de l’ordre de 400 milliards de dollars en 2027. Abdelmadjid Tebboune réussira-t-il à tenir sa promesse de campagne pour un second mandat dont il dit a qu’il sera « économique par excellence » ? Sa réélection avec plus de 94% des voix va-t-elle lui conférer cette volonté politique nécessaire pour s’attaquer à de vastes chantiers économiques ? »

Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’à cette étape il ne rencontrera pas d’entrave venant ni de ses « concurrents » à l’élection présidentielle ni des dirigeants syndicaux, en particulier ceux des deux principales centrales, l’UGTA et la CSA.
Pour les premiers, à savoir le MSP et le FFS, leurs programmes électoraux ne sont que des variantes de celui de Tebboune. Nous avons pu relever des exemples de leur position respective durant leur campagne électorale.
Pour ce qui est du FFS, l’Expression du 28 août indique :
« Pour la première fois, la création d'une assemblée constituante ne figure pas dans le programme du candidat du FFS. Cette revendication y est remplacée par l'engagement d'instaurer un régime semi-présidentiel avec renforcement des prérogatives du Parlement.
(...) Le premier secrétaire national du FFS [Aouchiche] s'inscrit également en porte-à-faux par rapport à l'économie rentière, autrement dit contre, entre autres, les aides aux entreprises publiques et les transferts sociaux. Il prévoit de ce fait « la révision de la politique des transferts sociaux et la rationalisation des dépenses publiques » ou la suppression des subventions. Il prévoit aussi la suppression des offices des œuvres universitaires (Onou) en les remplaçant par une entreprise qui vend des prestations d'hébergement, restauration et transport. »

Quant au responsable du MSP, Hassani Chérif Abdelaali, il veut réviser la loi sur le travail : « Forsa [le programme économique du MSP] a été élaboré par des spécialistes reconnus qui ont vécu les différentes phases économiques du pays.
[Il] comporte les solutions aux problèmes posés »
, s'exclamera-t-il encore. Il promettra, à ce sujet, de « réviser les lois sur les travailleurs (...) »
En ce qui concerne les dirigeants syndicaux, le fait déjà de s’inscrire dans la dynamique de la « concertation » et du « dialogue », suffit pour nous faire comprendre que non seulement ils s’apprêtent à contribuer à la mise en œuvre des contre-réformes visant à soumettre les travailleurs aux injonctions du système impérialiste, mais aussi qu’ils vont prêter main forte, en devenant des courroies de transmission de l’appareil répressif au sein de la classe ouvrière puisque tous se sont courbés devant les lois anti-ouvrières de février 2023.

Quant au PT, il couvre l’opération de Tebboune qui vise au renforcement de l’état militaro-policier

Il convient enfin de dire quelques mots de la position du PT, la seule organisation politique se réclamant des travailleurs encore autorisée par le régime. Juste après l’annonce des résultats par l’ANIE, sa représentante, L. Hanoune, a produit un long réquisitoire sur les conditions de la tenue de ce scrutin, sans toutefois ouvrir la moindre perspective saisissable, comme à son accoutumée. De plus, elle indique sans vergogne :
« Alors oui la fuite en avant, l’autisme des autorités ont provoqué un sursaut national sous forme d’une abstention et de votes nuls record.
Et en réalité, de la « compétition » électorale du 7 septembre, c’est la majorité du peuple qui est sortie vainqueur.
Certes nous n’avons pas participé au scrutin, mais nous avons suivi la campagne électorale la plus morose depuis 1997 en l’absence du peuple, et étudié les programmes électoraux dont la similitude sur des questions essentielles étaient glaçantes. »
Incontestablement, elle regrette l’époque heureuse des scrutins de l’ère Bouteflika, durant lesquelles, elle occupait une certaine place, celle de flanc-garde du régime. Aujourd’hui, Tebboune et la junte militaire ne lui laissent même pas cette place, puisqu’elle a été contrainte de renoncer à sa candidature…
Cela dit, rapidement, le PT s’est empressé de passer l’éponge sur le scrutin du 7 septembre pour s’ancrer au discours d’investiture de Tebboune afin de réclamer de ce dernier un « véritable dialogue national ».
C’est le sens du passage suivant de sa déclaration :
« Il s’agit pour nous d’ouvrir des perspectives réelles à la nation dans un contexte mondial lourd de dangers pour l’humanité, pour la civilisation humaine pour l’intégrité des peuples et des nations, c’est-à-dire éviter à notre pays des compromissions mortelles et donc renforcer son immunité en rétablissant les liens positifs entre les citoyens et l’État. » [souligné par nou])

Notre position : combattre pour imposer aux dirigeants syndicaux qu’ils rompent avec le régime

En définitive, la trahison des dirigeants des centrales syndicales durant le Hirak porte aujourd’hui totalement ses fruits pour le régime, qui n’a eu de cesse de poursuivre les opposants, d’organiser une répression massive qui se poursuit et s’accentue aujourd’hui dans un contexte ou les masses laborieuses restent encore assommées par la défaite du Hirak. L’abstention massive marque indéniablement le fait que les travailleurs haïssent ce régime, mais cette abstention n’ouvre à cette étape aucune perspective pour le prolétariat. Au désarroi politique, s’ajoute la répression et la détérioration des conditions matérielles élémentaires d’existence.
C’est de ce constat que l’on doit partir pour permettre à la classe ouvrière de renouer avec le combat à une autre étape.
Sans aucun doute le régime va s’empresser de porter des coups décisifs contre les masses, et inévitablement la classe ouvrière et le prolétariat se verront contraints de se défendre contre l’offensive prévisible. Les difficultés majeures auxquelles ils sont confrontés sont la collusion des dirigeants syndicaux avec le régime et l’absence d’une représentation politique ouvrière, d’un parti ouvrier rompant avec le régime et les puissances impérialistes.
La tâche immédiate c’est d’abord :
• combattre pour imposer la rupture des dirigeants syndicaux de l’UGTA et de la CSA avec le régime et le « dialogue social » ; dans ce mouvement,
• imposer aux dirigeants syndicaux qu’ils se prononcent et engagent un combat de front unique contre la répression et pour la défense des liberté démocratiques,
• ainsi que des conditions matérielles d’existence et des revendications ouvrières.
C’est sur cet axe que pourra se dégager une avant-garde orientée sur le combat pour le parti ouvrier.

Les militants regroupés autour de Maghreb socialiste n’ont pas d’autres intérêts que ceux des masses en lutte contre le régime. C’est pourquoi, ils militent :
• Pour la chute du régime, la satisfaction de toutes les revendications démocratiques. En particulier l’élection d’une assemblée nationale souveraine
• Pour la satisfaction des revendications ouvrières, ce que seule permettra la constitution d’un véritable gouvernement ouvrier, en en finissant avec la domination impérialiste, expropriant les grands groupes capitalistes, organisant la production en fonction du besoin des masses
• Immédiatement, pour l’unité des rangs ouvriers, le front unique des organisations syndicales ouvrières ouvrant sur la constitution d’une centrale ouvrière unique indépendante de l’état et de la bourgeoisie, et démocratique
• Pour la constitution d’un véritable parti ouvrier

Les travailleurs et jeunes qui partagent ces objectifs ou qui veulent en discuter sont invités à prendre contact : maghrebsocialiste@free.fr

Le 26 septembre 2024

Le 4 juin 2024

A quelques semaines de l'élection présidentielle un article sur la situation en Algérie:

cliquez ici pour le PDF

Élection présidentielle en Algérie : une opération plébiscitaire visant à consacrer le rétablissement du régime. Sur quelle orientation combattre pour ouvrir une perspective ?

A quelques mois de l’élection présidentielle, il convient d’apporter un éclairage sur la situation en Algérie, et ce d’autant plus que cette élection n’est pas, pour la junte militaro-policière, une simple étape dans l’objectif de renforcer le régime, mais bien la volonté de clôturer la période d’incertitude et de chaos générée par le Hirak. Par cette opération à caractère plébiscitaire qui vise au rétablissement plein et entier du régime et au renforcement de son caractère répressif et anti-démocratique, il s’agit de consacrer de façon officielle la victoire de l’état bourgeois sur les masses. Et si la clique au pouvoir peut se le permettre, c’est que la défaite est désormais consommée, avec toutes ses conséquences en matière de coups portés à la classe ouvrière et au prolétariat dans son ensemble.

Le mouvement historique (Hirak) inauguré en 2019 est aujourd’hui bien mort

Rappelons ce que nous écrivions le 27 octobre 2023 dans un article de Maghreb socialiste :
« Incontestablement, la puissance objective du prolétariat à l’époque [celle du Hirak] permettait tous les espoirs, et c’est d’ailleurs cette puissance des mobilisations qui a abouti à la chute de Bouteflika, conduisant à une crise de régime dont l’onde de choc fut spectaculaire. On a pu assister à un processus de maturation tout au long de ces mobilisations qui partaient du rejet du 5e mandat, pour poser très rapidement la question du pouvoir à travers les slogans “ Qu’ils partent tous, état civil non militaire, vous avez pillé le pays bandes de voleurs”. Sur le terrain de la lutte des classes, le prolétariat cherchait indéniablement les moyens d’ouvrir la voie à une solution ouvrière à la crise. En effet, dès le début du Hirak, et surtout à partir de début mars, la grève des enseignants, la marche des travailleurs du complexe industriel ENIEM de Tizi Ouzou montraient que le mouvement vers la grève générale était engagé : grève des transports à Alger, Bejaïa, grève dans de nombreux secteurs à Bouira, on assistait à une mobilisation intense de la classe ouvrière avec le développement massif de grèves spontanées, d’assemblées générales dans des secteurs-clefs de la classe ouvrière. De leur côté les dirigeants des organisations syndicales, quand ils ne prenaient pas fait et cause pour le régime comme la direction de l’UGTA, se disposaient déjà à offrir leurs services pour lui suggérer une porte de sortie dans le cadre d’une “transition démocratique” ».
Il est nécessaire de se souvenir, à ce stade, qu’au plus fort de leur mobilisation, les travailleurs, avaient engagé le combat pour se réapproprier leur organisation syndicale UGTA, dont la direction de Sidi-Saïd était totalement compromise et discréditée. Ce combat s’était heurté au dispositif mis en place par une fraction de l’appareil de l’UGTA qui avait permis de différer le congrès de la centrale et conduit à la défaite sur ce terrain.
L’article cité plus haut poursuivait :
« C’est essentiellement sur les appareils syndicaux que s’est appuyé le régime pour la mise en œuvre de sa feuille de route, un appui qui s’est concrétisé par la programmation de l’élection présidentielle de décembre 2019. A ce moment précis, toutes les conditions étaient réunies pour que s’organise le boycott effectif de l’élection. Toutes les conditions sauf une : que les dirigeants syndicaux appellent et organisent le boycott. C’est sur cette orientation que les militants de Maghreb socialiste ont combattu avec leurs faibles moyens, en centrant leurs déclarations et interventions sur l’exigence que les dirigeants de la CSA et de l’UGTA rompent avec le régime et organisent le boycott effectif de l’élection. Durant cette période, les masses étaient en ébullition, l’aspiration au boycott s’exprimait sans la moindre ambiguïté dans les manifestations, mais à mesure que l’échéance approchait, les appareils syndicaux, flanqués des appareillons politiques se réclamant des travailleurs, ont bandé toutes leurs forces pour boucher cette perspective. À partir de ce moment, l’élection a eu lieu et on connaît la suite. Malgré un taux d’abstention historique, la tenue du scrutin remettait en selle le régime qui, par la suite, s’est consolidé d’échéance en échéance, dans une indifférence teintée de désarroi pour la classe ouvrière. Ce qui constituait un drame en 2019, a tourné à la tragédie. De scrutin en scrutin, le pouvoir s’est renforcé malgré l’abstention, tout en organisant une répression féroce contre les militants du Hirak, les journalistes, les syndicalistes les militants ouvriers. Au final, le régime est parvenu à se stabiliser et engage aujourd’hui au pas de charge l’offensive contre les masses, en s’appuyant sur le dialogue social avec les dirigeants syndicaux qui ont eux-mêmes retrouvé leur place de lieutenants loyaux de la bourgeoisie. »

La défaite subie par le prolétariat avec l’élection de Tebboune a fait l’effet d’un rouleau compresseur sur les masses, conduisant au démantèlement méthodique de toute entrave au pillage économique à travers les privatisations, la livraison de ce qui relevait du domaine public aux appétits des puissances impérialistes !

Pour le régime et la junte militaire, tout semble « rentrer dans l’ordre » après le Hirak, et les conséquences s’en sont fait sentir immédiatement, avec la remise en cause des maigres acquis issus de 1988, parmi lesquels :
- liberté de la presse, ce qui s’accompagne de l’emprisonnement de journalistes et de militants, de censures, d’atteintes à la liberté de réunion et d’association (Centre de documentation et d’information en droits de l’homme de la LADDH, Maison des droits de l’homme et du citoyen de Tizi Ouzou, etc.),
- lois contre le droit de grève et de s’organiser en syndicats indépendants, avec l’obligation de passer par une multitude d’instances de « médiation » contrôlées de bout en bout par les représentants de l’État ; ces lois interdisent aux travailleurs de s’organiser en toute indépendance par rapport au patronat en imposant la présence des patrons ou de leurs représentants dans les assemblées générales,
- interdiction ou suspension des activités de partis politiques, comme pour le PST ou le MDS, etc.
En matière de droits syndicaux, c’est avec la complicité active des dirigeants de l’UGTA et de la CSA que les textes ont pu être adoptés. De même que tout ce qui concerne la liquidation de la fonction publique d’état se fait avec l’accord des bureaucrates, comme c’est le cas dans l’éducation ou la santé, et ce, dans un silence assourdissant de la presse nationale désormais muselée.
La nouvelle Algérie de Tebboune, c’est le retour à l’époque Boumédiène, avec à la clef la levée de tout obstacle au « bon climat des affaires ». Le régime est rétabli, et chacun reprend sa place, désormais au nom du « renforcement du front intérieur », expression dont Louisa Hanoune détient le brevet.
Et maintenant, il y a urgence pour le régime d’avancer dans les réformes structurelles dictées par les puissances impérialistes par l’intermédiaire du FMI et de la Banque mondiale. C’est ce à quoi s’est attelé le régime dès qu’il en a eu l’opportunité, profitant du désarroi du prolétariat successif à la défaite subie.
La liste est longue des réformes économiques, et il faut le dire, le régime n’a pas chômé en matière de libéralisation et de soumission à l’impérialisme. Il convient de s’arrêter sur les quelques données dont on dispose sur le plan économique.

Une situation économique en demi-teinte

Dans un article intitulé « Économie algérienne, ce que dit le FMI », Algérie Éco du 30 mars 2024 rapporte :
« Le FMI a rappelé que “l’économie algérienne émergeait encore de la pandémie de Covid lorsque les retombées de la guerre russe en Ukraine et les sécheresses récurrentes ont fait grimper l’inflation, tandis que les prix internationaux élevés des hydrocarbures ont stimulé les recettes publiques et les exportations.”
« On estime que l’économie algérienne a connu une croissance de 4,2 % en 2023 [souligné par nous], une performance robuste due à un rebond de la production d’hydrocarbures et à de solides performances dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des services ».
Le secteur hydrocrabures a enregistré une croissance de 4,5% et le secteur hors-hydrocarbures a enregistré une croissance 4,1%, selon les chiffres du Fonds. Le PIB a atteint 33 225 milliards de dinars (247 milliards de dollars).
“La position extérieure est restée solide, avec un excédent du compte courant pour la deuxième année consécutive (+8,4 % en 2022 et +2,2% en 2023), note la même source.”
Et de souligner : “Toutefois, les pressions inflationnistes ont persisté (principalement en raison des prix élevés des produits alimentaires) et la politique monétaire est restée accommodante.” L’inflation était de 9,3% en 2022 et 2023. Le FMI estime que ”le déficit budgétaire s’est creusé, quoique moins que prévu dans le budget révisé de 2023 en raison de taux d’exécution relativement lents.” Le déficit budgétaire était de 3% du PIB.
Une dette publique de 49,5% du PIB, des réserves de change de 68,9 milliards de dollars, soit 14,1 mois d’importations, un prix moyen du baril de 84 dollars, un taux de change de 142 dinars pour 1 dollars US, et un PIB par habitant de 4982 dollars, selon les chiffres contenus dans le communiqué du FMI. (…)
Pour les perspectives à court terme, le FMI estime qu’elles
“sont globalement positives, mais l’inflation reste préoccupante.” “La croissance réelle devrait rester forte en 2024, à 3,8 %, soutenue en partie par d’importantes dépenses budgétaires ”, selon les prévisions du Fonds. Elle serait de 3,1% en 2025. (…)
Les risques négatifs incluent une inflation tenace, la volatilité des prix internationaux des hydrocarbures, les risques budgétaires liés aux passifs conditionnels, d’importants besoins financiers budgétaires et une dette publique croissante (...)
« Du côté positif, des réformes structurelles soutenues, audacieuses et profondes et des efforts résolus pour diversifier l’économie, améliorer le climat des affaires, attirer les investissements et exploiter de nouveaux marchés d’exportation pourraient stimuler davantage la croissance et la création d’emplois », explique le FMI. »
Dans leur rapport, les administrateurs du Conseil d’administration du FMI se félicitent de « la croissance solide et durable de l’Algérie et sa position extérieure, malgré de multiples difficultés économiques. » Mais dans le même temps, ils insistent lourdement sur les risques inflationnistes qui risquent de plomber l’économie. Ils invitent donc le régime à procéder à une combinaison de politiques « judicieuses », accompagnée d’une mise en œuvre soutenue de réformes.
Une sorte de satisfecit, assorti d’injonctions pour aller plus loin dans les réformes visant à soumettre l’Algérie au pillage. Au-delà du discours et des analyses du FMI, on pourrait considérer que le pays bénéficie d’une embellie sur le plan économique avec des statistiques qui feraient pâlir certaines citadelles impérialistes, toutes proportions gardées ; pourtant la réalité est tout autre.
La situation économique de l’Algérie reste totalement tributaire des cours des hydrocarbures à l’échelle internationale. De ce point de vue, la situation économique mondiale fait peser de lourdes hypothèques, avec une croissance atone en Chine et des tendances à la surproduction qui constituent une menace réelle pour l’économie mondiale. L’Europe traverse une période de stagnation, quand la récession ne menace comme en Allemagne ce qui, par contre-coup, représente un danger pour les pays exportateurs d’hydrocarbures. Ceux de l’OPEP+ ont dû se réunir récemment pour réduire la production de pétrole afin de maintenir les cours à un niveau « raisonnable ». Or la croissance de l’Algérie est directement tributaire, on le sait, de l’évolution des exportations d’hydrocarbures…
Par ailleurs, le FMI met l’accent sur l’inflation, qu’il considère comme un risque majeur. Selon les statistiques officielles produites par l’ONS (Office national des statistiques), le rythme d’inflation annuel entre novembre 2022 et novembre 2023 a atteint un taux de 9,4% ; l’évolution globale des prix des biens alimentaires enregistrent une augmentation de 12,3%. Ceux des produits agricoles frais ont explosé. Ils affichent une hausse de 19,5% avec un taux de 56,5% pour la viande de poulet et 27,6% pour la viande et abats de mouton.
Le deuxième point concerne la valeur du dinar : alors qu’elle est officiellement établie à 143 dinars pour un euro, le même euro s’échange à 238 dinars sur le marché parallèle. La réalité, c’est une dévaluation durable de la monnaie qui est à l’œuvre, et d’ailleurs, dans les préconisations-injonctions du FMI, il est mis l’accent sur la nécessité d’un resserrement monétaire (pour limiter les tendances inflationnistes) et d’une plus grande flexibilité des taux de change, ce qui confirme le caractère artificiel du maintien du taux de change officiel à des niveaux aussi bas comparé à ce à quoi conduirait la mise en adéquation du taux de change avec l’économie réelle.

Un régime qui va de soumission en soumission aux puissances impérialistes

Sur le plan économique

Une offensive tous azimuts est menée par le pouvoir dans le sens de la privatisation et pour lever toute entrave au développement du « bon climat des affaires » :
- réforme du foncier, visant à la privatisation de la terre et du foncier industriel livrés aux appétits des trusts et de la bourgeoisie locale,
- réforme bancaire, qui se traduit par la privatisation en cours du CPA (Crédit populaire d’Algérie). À ce sujet, El Watan du 1er avril révèle :
« Il s’agit de la première banque publique à rejoindre la Bourse. Kadri [directeur général du CPA], lors de son intervention jeudi, a par ailleurs affirmé que “la Bourse d’Alger, c’est le problème de tout le monde. Si on veut aujourd’hui que cette Bourse soit à la hauteur des Bourses étrangères, il faudrait que tout le monde mette un peu son grain de sel et ne pas rester dans la critique.”(...)
Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a qualifié les résultats obtenus grâce à cette opération de “très satisfaisants et encourageants pour le marché”. Le montant mobilisé a dépassé 112 milliards de dinars, soit, selon le ministre, “222% de l’objectif fixé pour la première phase et 81% de l’objectif global de l’opération, qui consiste à céder 30% du capital du CPA”.
Prévue initialement en trois phases, cette opération, qui devait s’étaler jusqu’à la fin de l’année, a finalement été clôturée en une seule étape avec la vente de près de 49 millions d’actions, représentant au total 112,57 milliards de dinars, soit 24,48% du capital de la banque. A titre de rappel, ce nombre d’actions, correspondant à 81,60% du total de 60 millions d’actions mises en vente par la banque publique, a été acquis par les souscripteurs au niveau de l’ensemble des 58 wilayas du territoire national à travers 49 005 ordres d’achat du 30 janvier au 14 mars derniers.
Le segment des salariés du CPA a bénéficié de 169 570 actions attribuées pour un montant de 356 millions de dinars. Le segment des personnes physiques a affiché un résultat de 33,38 millions d’actions pour un montant levé de 76,78 milliards de dinars (68,21%).
Alors que le segment institutionnel a octroyé 3,8 millions d’actions (8,74 milliards de dinars) et pour les personnes morales, ce segment a levé 26,68 milliards de dinars répartis sur 11,6 millions d’actions. »

Cela donne une idée de la façon dont s’opéreraient les privatisations des banques et institutions de crédits dans les années à venir. Quelles sont les « personnes physiques », quelles sont les « personnes morales » et les « institutionnels », il n’en n’est pas fait état, et cela se comprend : il s’agit de la bourgeoisie et des oligarques qui en tirent les bénéfices, ainsi que les trusts, dans le cadre de la « mise aux normes » et aux standards internationaux de l’économie capitaliste.
Dans le cadre des réformes structurelles, il est indispensable de mettre l’accent sur la levée des entraves à la privatisation et au pillage des ressources nationales. La règle des 49/51 a été liquidée, quand bien même elle constituait un très faible garde-fou : après l’adoption des lois sur les hydrocarbures, l’évolution du cadre de l’exploitation des ressources minières. Tout cela se traduit par la signature de contrats juteux, en particulier avec les États-Unis, la Chine, l’Italie dans le domaine de l’exploitation des gisements de pétrole, de gaz et de gaz de schiste, mais aussi dans le domaine minier. La liquidation de la règle des 49/51 a ouvert la voie au pillage sans limite. Il n’est pas un jour sans que l’on apprenne qu’un contrat historique a été signé avec les majors en matière de prospection et d’extraction des gisements. Par exemple, L’Expression du 8 avril 2024 rend compte de la signature d’un protocole d'accord qui « s'inscrit dans la perspective de la réalisation d'un programme de travaux visant à apprécier et développer les ressources d'hydrocarbures de la région Nord-Est de Timimoun. 
Ce protocole d'accord a pour objet également
"de définir le cadre de coopération entre les parties, dans l'objectif de conclure un contrat d'hydrocarbures sur la zone d'intérêt identifiée, sous l'égide de la loi n° 19-13 régissant les activités hydrocarbures", a fait savoir la compagnie nationale des hydrocarbures. Sonatrach et Total Energie exploitent, dans le cadre de contrats d'association, les périmètres contractuels de TFT II, TFT Sud, Timimoun et Berkine, a-t-on rappelé dans le communiqué. »
Disons au passage que, même si l’impérialisme français se bat bec et ongle pour défendre son pré carré et rester dans la course face à la concurrence des autres impérialismes (la France est dorénavant le deuxième partenaire commercial de l’Algérie, après la Chine), la réalité force à constater que, comme dans l’ensemble des anciennes possessions coloniales, il est aux abois. Ainsi, El Watan du 11 avril précise :
« L’année 2024 verra-t-elle l’entrée sur le marché algérien du leader pétrolier américain ExxonMobil ? C’est en tout cas ce que suggère la rencontre qui a eu lieu le 9 janvier 2024 entre le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et une délégation de la compagnie américaine conduite par son vice-président, John Ardill, chargé de la recherche et de la prospection.
Plusieurs rounds de discussions ont déjà réuni les dirigeants des compagnies des deux pays, dont les prémices ont eu lieu lors du rachat par Sonatrach de la raffinerie Augusta, en Italie, et qui appartenait au géant américain. Depuis cette date, les deux parties ont multiplié les discussions dans l’objectif d’attirer un investissement conséquent de la major américaine en Algérie.
Dans le communiqué sanctionnant la rencontre de mardi, le ministère de l’Energie souligne que l’audience a concerné
“ l’examen des opportunités de partenariat et d’investissement et les consultations en cours entre Sonatrach et ExxonMobil, en matière de développement des hydrocarbures, notamment en amont”. (…)
Le responsable d’Exxon Mobil a, pour sa part, exprimé le “grand intérêt de la compagnie américaine pour la définition d’importants projets palpables en Algérie, notamment dans le contexte de l’existence d’un climat d’investissement adéquat et de la confiance qui empreint ses relations avec Sonatrach”.
En matière de distribution de l’électricité Le Soir d’Algérie du 17 avril rapporte :
« Le groupe Sonelgaz a signé, ce mercredi à Alger, un accord avec le groupe américain General Electric, visant à étendre les capacités actuelles de leur projet conjoint General Electric Algeria Turbines (Geat), notamment à travers la production d'équipements de postes électriques haute et très haute tensions. »
Enfin, toujours selon El Watan du 8 avril 2024 :
« La CSCEC (China State Construction Engineering) s’engage à devenir un acteur majeur dans le domaine de l’immobilier professionnel en Algérie, visant à jouer un rôle central dans l’organisation d’une chaîne de valeur intégrée dans ce secteur. Tel est le principal message de Luo Jianping, directeur général de l’entreprise, lors de l’iftar organisé samedi dernier à la salle univers du Sheraton Club des pins en l’honneur des partenaires et des médias. 
Il a déclaré dans ce contexte
: “Le CSCEC est présent dans votre beau pays depuis plus de 40 ans. Nous avons tissé des liens d’amitié profonds avec le peuple algérien qui a été témoin de notre croissance. Nous avons établi des relations de confiance avec divers secteurs, développant ainsi les relations amicales entre les deux pays, la Chine et l’Algérie. C’est grâce à la confiance et au soutien de tous nos partenaires et collaborateurs que nous avons pu obtenir le succès d’aujourd’hui. Ensemble, nous avons construit la troisième plus grande mosquée du monde Djamaâ El-Djazaïr, des logements et le plus grand aéroport d’Afrique (aéroport d’Alger).” A travers cet événement, CSCEC Algérie réaffirme son engagement sur le marché algérien et à suivre la stratégie du gouvernement, contribuant au développement socioéconomique de l’Algérie. 
CSCEC Algérie a aussi construit des bâtiments publics emblématiques (siège du ministère des Affaires étrangères, siège du Conseil constitutionnel, Centre international des conférences, siège de Mobilis et d’Air Algérie) et 90% des hôtels (Sheraton club des pins et de Annaba, Hayatt regency, Ibis et le Mercure Aéroport). Actuellement, il réalise le projet prestigieux, mitoyen du Sheraton Club des pins Alger, l’hôtel Sofitel Thalassa et Sofitel Diététique Alger Sea & Spa. Un projet financé par la Société d’investissement hôtelier (SIH) à capitaux publics (…). »

Aujourd’hui, c’est principalement la Chine et les États-Unis qui profitent le plus de la situation. La France, ex-puissance coloniale, se voit reléguée à la deuxième place, talonnée par l’Italie. Mais globalement, le régime s’ouvre à tous les vents, prêt à « contracter » avec l’ensemble des puissances impérialistes.

Sur le plan politique et militaire : l’exemple de la Palestine

Cette domination des impérialismes se traduit de plus en plus sur le plan politique et militaire. L’impérialisme français avait envisagé de faire de l’Algérie le gendarme de l’Afrique sub-saharienne et de ses anciennes colonies, et c’est sous l’égide d’Alger qu’avaient été signés les accords sur le Sahel avec le Niger et le Mali. Mais avec l’expulsion de l’ex-puissance coloniale d’une grande partie de son pré carré, ce schéma est aujourd’hui largement remis en cause, et les accords d’Alger sont aujourd’hui caducs, traduisant un peu plus le recul de l’impérialisme français.
L’Algérie se range aujourd’hui ouvertement derrière l’impérialisme américain, et on peut le vérifier à propos de la Palestine. Déjà, le sommet arabe des 1er et 2 novembre 2022, qui s’était tenu à Alger, s’était conclu par une déclaration commune reconnaissant explicitement : l’état d’Israël et la « solution à deux états », À travers cette déclaration, c’est le sort du peuple palestinien qui devait être scellé. C’est dans ces circonstances, alors que le génocide auquel on assiste était engagé sur Gaza, que l’état algérien recevait le navire USS Trenton qui faisait escale dans le port d’Oran. Le journal en ligne Interlignes du 7 novembre 2023 (en pleine destruction de Gaza) rapportait :
« L’équipage civil et naval de l’USNS Trenton a eu l’honneur de visiter le port d’Oran du 7 au 9 novembre en “escale amicale”, en signe de la poursuite du partenariat et de la bonne volonté des Etats-Unis d’Amérique et de l’Algérie (…) » D’après l’ambassade américaine à Alger, “c’est la première fois qu’un navire de la marine américaine visite le port d’Oran depuis plusieurs décennies”, précisant, néanmoins, que “ce même navire avait précédemment accosté au port d’Alger du 4 au 6 juillet de cette année pour célébrer les fêtes de l’indépendance algérienne et américaine” (…).
Le commandant du navire, Damon Bateson, a estimé, pour sa part, ajoute la même source, que “cette visite renforcera les relations entre les États-Unis et ses partenaires algériens, d’autant plus que les deux travaillent ensemble pour assurer la sécurité et la stabilité en Méditerranée” ».
On peut ajouter à cela l’information suivante donnée par El Watan, qui titre le 20 avril 2024 :
« Le général d’armée Saïd Chanegriha a reçu jeudi l’amiral Rob Bauer : “La coopération militaire avec l’OTAN a connu un essor qualitatif” ». On peut y lire :
« Le général d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, a reçu, jeudi, le président du Comité militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), l’amiral Rob Bauer, en visite en Algérie à la tête d’une importante délégation. 
Dans son allocution à l’ouverture de la réunion de travail entre les deux parties, le général d’armée a mis en avant la qualité de la coopération entre l’Algérie et l’OTAN. Un partenariat qu’il a qualifié de “solide et fructueux” (…)
Pour le général d’armée Saïd Chanegriha, “une lecture attentive du bilan des activités réalisées durant ces dernières années montre que la coopération militaire entre l’Algérie et l’OTAN a connu un essor qualitatif, en termes de dialogue, de concertation et d’action”. (...)
De son côté, l’amiral Rob Bauer a salué “le rôle pivot” que joue l’Algérie dans la préservation de la sécurité et de la stabilité dans la région.
“L’Algérie est un partenaire toujours plus actif, ce dont nous nous réjouissons grandement. Notre coopération porte notamment sur la lutte contre le terrorisme, le dialogue et la consultation militaires, la réforme de la défense, la gestion de crise et les défis sécuritaires émergents”, a-t-il indiqué. 
L’amiral Rob Bauer a affirmé avoir eu
“un débat franc et satisfaisant” avec le général d’armée Chanegriha et Boumediene Benattou, conseiller sécurité et défense auprès du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, sur “le partenariat et la coopération militaire OTAN-Algérie, ainsi que sur l’imbrication des menaces sécuritaires mondiales et régionales. Votre éclairage est essentiel à l’heure où le monde dans lequel nous vivons, marqué par un nombre record d’actes de violence et de conflits, n’a jamais été aussi dangereux depuis des décennies”, a affirmé l’amiral Bauer lors de cette réunion de travail, tout en rappelant la place qu’occupe aujourd’hui l’Algérie sur l’échiquier mondial, notamment en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. »
Voilà des déclarations sans ambiguïté alors que l’on connaît la place que tient l’OTAN dans la guerre inter-impérialiste qui se mène depuis plus de deux ans en Ukraine…

Le prolétariat algérien a subi une défaite cuisante dont on ne cesse de mesurer les effets

Nous l’avons évoqué plus haut, le Conseil de la nation a adopté le 29 mars 2023 les textes de loi contre l’exercice du droit de grève et du droit syndical qui ramènent le prolétariat à la situation qu’il connaissait avant les années 1990. Et cela n’est qu’un premier aspect de l’offensive du pouvoir.

Pulvérisation du statut général de la Fonction publique

Cette contre-réforme meurtrière pour les fonctionnaires était engagée de longue date dans le cadre de multiples concertations avec les syndicats autonomes notamment implantés dans l’enseignement et la santé. Déjà en mai 2009, L’Expression indiquait :
« Le premier dossier abordé par Ouyahia, concerne les statuts particuliers des travailleurs de la Fonction publique qui patinent et empêchent des centaines de milliers de travailleurs de bénéficier de l´augmentation des salaires. “Cela ne peut plus durer. On n´attendra pas les retardataires”, lance sur un ton tranchant le Premier ministre. Les retardataires sont les quelque 23 secteurs qui n´ont pas encore ficelé leur statut particulier et que Ouyahia accuse de vouloir marchander avec l´Etat : “Non, il n´y aura pas de chantage sur la République”, précise-t-il en s´adressant aux syndicats des secteurs concernés. Une position confirmée à L´Expression par le ministre du Travail, M. Tayeb Louh. »
On constate aujourd’hui que le régime parvient enfin à avancer dans la liquidation du statut de la Fonction publique, à travers précisément l’élaboration de statuts particuliers dans l’ensemble des secteurs de la Fonction publique. Cette liquidation se fait avec l’accompagnement des organisations syndicales ininterrompu dans le cadre du « dialogue social », qui s’est heurté néanmoins à la résistance des corporations concernées ; d’où un retard considérable, en passe d’être comblé sans réaction massive des personnels. D’ores et déjà, les ministères concernés annoncent que les statuts particuliers dans les domaines de la santé et de l’éducation sont en voie de finalisation.

Le statut particulier des personnels de l’éducation...

Le statut particulier des personnels de l’éducation voulu par le pouvoir est en passe d’être mis en œuvre. Les syndicats autonomes de l’éducation se sont rendus aux concertations depuis des années, sans interruption, pour aboutir à cette situation. Mais il convient de préciser la chose suivante.
Au mois de décembre 2023, sur ordre de Tebboune, le gouvernement décidait de différer la mise en œuvre des statuts particuliers des personnels de l’éducation et de la santé, et de renvoyer les avant-projets en vue de leur « enrichissement ». Qu’en dit le secrétaire général du SATEF, l’un des principaux syndicats autonomes de l’éducation ? Cette citation du Jeune indépendant du 25 décembre 2023 se passe de commentaire (les passages soulignés le sont par nous).
« (…) le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), Boualem Amoura, a estimé que le renvoi de la révision du statut particulier de l’éducation au mois de février prouve que la commission chargée de l’élaboration de l’avant-projet a échoué dans son travail. “Nous avons eu raison de boycotter la commission car il s’avère que le sort de cette commission est voué à l’échec. Le renvoi du texte par le Président le confirme”, a-t-il déclaré.
  Amoura, qui s’est dit satisfait de la révision du régime indemnitaire des travailleurs de l’éducation, demande à ce que les syndicats soient associés aux discussions et à l’enrichissement du statut particulier. “ Le SATEF a toujours revendiqué la révision du régime indemnitaire. Et la révision du statut particulier servira davantage pour la promotion et la révision du régime indemnitaire, comme il permettra également d’améliorer le pouvoir d’achat” ».(Le Jeune Indépendant, 25/12/ 2023)
Ainsi, le syndicaliste nous présente ce report voulu par Tebboune comme une victoire liée au « boycott » de la commission, alors qu’il « omet » d’indiquer que Tebboune avait décidé du renvoi du texte afin de passer à la vitesse supérieure en s’en prenant au statut général de la Fonction publique dans son ensemble. Dans la foulée, il demande que les syndicats soient associés à l’élaboration d’un texte qui n’est ni discutable ni amendable, la seule revendication devant être l’exigence de son retrait pur et simple.
Au passage, on peut s’interroger sur ce « boycott » : ils claquent la porte pour revendiquer avec plus d’ardeur d’être associés au « dialogue social »…
Tout en participant à l’ensemble des concertations, les dirigeants syndicaux ponctuent le dialogue social par un arsenal de journées d’actions qui ont pour seul objectif l’accompagnement de l’offensive menée par le régime.
En témoigne un article d’El Watan du 16 avril 2024 titré « Statut particulier des enseignants : quatre syndicats préparent une protestation » :
« Quatre syndicats du secteur de l’éducation menacent de mener une grève les 28 et 29 avril, ont-ils annoncé dans un communiqué transmis hier à notre rédaction. 
Il s’agit du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), du Conseil des enseignants des lycées d’Algérie (CELA), du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) et de l’Organisation algérienne des enseignants. 
Les quatre syndicats, tous dans le cycle secondaire, affirment que le recours à la grève est la première action d'“un long mouvement de protestation décidé lors des assemblées générales et les conseils de wilaya”. Ils motivent leur action de protestation par le flou qui entoure encore l’élaboration du statut particulier des enseignants de l’éducation nationale. 
Un flou qui aggrave, disent-ils, leurs “appréhensions”. Ils protestent en effet, note le communiqué, contre
“le refus persistant du ministère de l’Éducation nationale de soumettre une copie de ce texte, en discussion au niveau des Conseils des ministres, et ce, en dépit de la promesse faite par le ministre en octobre 2021”. 
Les syndicats dénoncent aussi le fait que les promesses et les engagements pour la tenue des biparties (ministère-syndicats) pour discuter et enrichir le texte en question, et ce, selon les orientations du président de la République, n’ont pas été respectés. Les quatre organisations syndicales, qui s’en remettent, encore une fois, au président de la République, relèvent le fait qu’elles ne soient pas “associées” à la révision, l’approfondissement et l’enrichissement de cet avant-projet. (…) Le Cnapest, le CELA, Snapest et l’Organisation des enseignants de l’éducation exigent l’application “des orientations du président de la République, Abdelmmadjid Tebboune, relatives à la valorisation du statut des enseignants” en affirmant que “l’enseignant est avant tout un éducateur avant d’être un fonctionnaire”. 
Les quatre syndicats disent être “prêts” et “ouverts à tout dialogue” pour l’intérêt de l’école, conclut le communiqué. »

Tout est dit dans ce texte : en résumé, les directions syndicales sont pour la destruction du statut de la Fonction publique et demandent d’être associées à ce projet défendu par le pouvoir !

… Et de ceux de la santé

Concernant la mise en place du nouveau statut des personnels de santé, le mieux est d’aller aux sources… c’est-à-dire ce qu’en disaient les dirigeants syndicaux :
« Les différents syndicats des secteurs concernés ont profité de l’occasion pour appeler à être associés et concertés à ce sujet, et ce afin de pouvoir apporter leur contribution. Contacté par le Jeune Indépendant, le secrétaire général national du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Nawfel Chibane, a affirmé que son organisation syndicale valorise ce qui a été pris comme décisions par le président de la République, soulignant l’intérêt que le Président porte au corps des praticiens de la santé publique en particulier et au personnel de la santé en général. (…)
Le Dr Chibane a estimé que ce n’est pas la première fois que le président de la République accorde un intérêt particulier au corps de la santé, et qu’il l’a démontré cette fois-ci encore en évoquant le projet de statut particulier et le régime indemnitaire relatif à cette catégorie de travailleurs.  
Par ailleurs, le Dr Chibane a considéré que le report, jusqu’au mois de février, de la mise en œuvre du statut particulier et du régime indemnitaire, et la demande de leur enrichissement remet en cause le travail qui a été fait par la commission ad hoc au niveau de la Fonction publique et du ministère des Finances.

“D’après notre lecture de la décision du Président, le travail de la commission n’est pas suffisant et n’est pas à la hauteur des praticiens de la santé en général”, a-t-il indiqué. “Nous avons réclamé une deuxième lecture du projet du statut particulier avant qu’il soit envoyé à la Fonction publique. Malheureusement, nous n’avons pas eu de retour de la commission ad hoc, et nous ne savons pas ce qui est porté actuellement dans le document finalisé officiellement au mois d’octobre 2022”, a-t-il ajouté. (...)
De ce fait, le SG du SNPSP a exigé que les syndicats du secteur soient associés et intégrés dans une autre commission ad hoc pour avoir, a-t-il dit, une idée sur ce qui a déjà été fait et pouvoir ensuite y introduire d’autres propositions et revoir certains articles. Il regrette, dans ce cadre, que le dialogue entre le syndicat et le ministère de la Santé soit biaisé (...) Selon lui, le fait que les syndicats du secteur soient associés est une occasion pour rattraper le retard enregistré dans le rythme de dialogue avec la tutelle.
“Nous n’avons pu nous réunir avec le ministre que onze mois après la toute dernière réunion de janvier, ce qui montre qu’il n’y a pas de régularité dans le rythme des rencontres avec les responsables”, a-t-il regretté, soulignant que “le président de la République a donné des instructions pour ouvrir le dialogue avec le partenaire social mais sur le terrain, tout est contradictoire et nous ne savons pas à quel niveau se trouve le blocage”. “Lorsqu’on entend le discours du président de la République, nous sommes confiants, mais la réalité du terrain est tout autre”, s’est-il désolé. » (Le Jeune Indépendant, 25 décembre 2023).
Est-il besoin de commenter ? Le dirigeant syndical n’a de cesse de demander de collaborer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la casse du statut de la Fonction publique.

Tentative de résistance bâillonnées par des directions syndicales

À l’opposé des suppliques des dirigeants syndicaux pour être associés à la mise en œuvre des contre-réformes du gouvernement, une succession de mobilisations dans des secteurs-clefs de la Fonction publique avaient ponctué l’année 2021. Dès le printemps 2021, on avait vu se développer de nombreuses grèves, chez les postiers, les pompiers, dans la santé et l’éducation. Dans ce dernier secteur, la grève s’était développée de façon spontanée à travers le pays, avec une aspiration explicite à l’unité et à la centralisation du mouvement (rappelons que cette corporation est totalement morcelée en raison de la multiplicité des organisations syndicales qui y existent…). Nous écrivions le 18 avril 2021 :
« Partout les manifestants, grévistes, dans leurs établissements ou en sit-in devant les rectorats et directions d’académie, ont mis en avant la revalorisation du point indiciaire pour qu’il passe de 45 à 120 DA, confirmant par là-même leur attachement au statut de la Fonction publique. (…)
Depuis la mi-avril, en particulier depuis le 17 dans les wilayas de l’Ouest, des mouvements de grèves spontanés sont engagés et sont suivis par une grande majorité des enseignants des trois paliers, rejoints par les autres travailleurs de l’éducation nationale, ceux des corps communs avec leur organisation syndicale.
Le plus souvent les organisations syndicales du secteur se sont trouvées « débordées » par ce mouvement même si localement, des syndicalistes de base prennent en charge l’organisation de ces grèves, manifestations et sit-in. “À Oran les manifestants ont même envisagé la nécessité de se rendre à Alger si la tutelle fait la sourde oreille” (Liberté du 18 avril 2021). (…)
Les dirigeants des organisations syndicales n’ont jamais manqué d’appeler à des journées d’actions ici et là, à “multiplier les luttes”, mais ce dont ont besoin ces travailleurs et personnels de l’éducation, c’est de frapper ensemble. De toutes les wilayas citées dans la presse de ces derniers jours, Oran, Aïn Témouchent, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Saïda ou Mascara, Alger, Boumerdes, Tizi Ouzou, Bouira ou Bejaïa, Jijel, Mila, Annaba, Constantine, Adrar ou Biskra s’élève une revendication centrale : augmentation des salaires pour rattraper le coût de la vie et se traduit par la revalorisation du point indiciaire à 120 dinars.
N’est-il pas temps que tous les dirigeants des organisations syndicales du secteur ainsi que ceux de la « coordination » des enseignants du primaire s’unissent enfin pour appeler à une manifestation centrale nationale à Alger, au ministère, pour exiger l’augmentation générale des salaires ! Cette manifestation unitaire, nationale et centrale à Alger nécessite d’appeler à une grève générale nationale pour la réaliser. C’est de la responsabilité des dirigeants des organisations syndicales du secteur tous corps confondus d’y appeler. »

Pourtant à l’encontre de cette orientation, les dirigeants syndicaux, d’abord débordés par l’ampleur de la mobilisation, avaient condamné ce mouvement qui, selon eux, n’était pas appelé par les organisations syndicales. Dans un second temps, ils ont multiplié les journées d’actions disloquées, en prenant soin de ne pas reprendre la revendication essentielle qui était l’augmentation de la valeur du point d’indice, tout en allant discuter auprès de la « tutelle », en dévoyant la mobilisation, en réclamant la mise en place d’un statut particulier des enseignants (qui est en réalité l’objectif de la « tutelle » dans le cadre de la destruction du statut des fonctionnaires, voir plus haut), et la mise en œuvre de la « réforme de l’éducation », dont l’objectif affiché par le régime est de remettre en cause le droit à l’instruction par l’allégement des programmes, et de supprimer des postes d’enseignements. Le résultat de cette politique a été un reflux de la grève. 
Depuis, plus rien ou presque du point de vue de la lutte des classes. Il y a certes localement des grèves (pour le paiement des salaires, contre la liquidation d’entreprises publiques,…), le plus souvent isolées et sans perspective. Il y eut des tentatives de combats contre l’adoption des lois antisyndicales, avec notamment la très forte mobilisation au sein de l’UGTA pour exiger le retrait des lois antigrèves et antisyndicales (manifestation au siège de l’UGTA lors de la commémoration de l’assassinat en 1997 du secrétaire de l’UGTA Abdelhak Benhamouda), mais elles sont restées sans lendemain : d’une part, parce que toutes les centrales se limitent à vouloir amender les textes (et non à en exiger le retrait), d’autre part, parce que le pouvoir intervenait au sein même de l’UGTA pour débarquer le secrétaire général de l’époque (Labatcha) qui s’était avéré incapable de conjurer la fronde.
Depuis, les dirigeants de la centrale sont rentrés dans le rang et apportent un soutien indéfectible au régime. Il y a fort à penser qu’ils prendront position pour Tebboune lors de la prochaine échéance électorale.
On doit le constater : les derniers mouvements d’ampleur de la classe ouvrière se sont clos avec la tentative de mobilisation contre les lois antisyndicales. Une véritable chape de plomb s’abat aujourd’hui sur le prolétariat. Ce sont les conséquences de la défaite orchestrée par la trahison des dirigeants des appareils syndicaux et des groupes et organisations se réclamant de la classe ouvrière. Passer à côté ou nier cette évidence ne peut que conduire à la mise en œuvre d’une orientation erronée, qui se traduit notamment par la mise en avant du slogan de « manifestation centrale à Alger », en dehors de tout contexte, alors que ce mot d’ordre était au contraire nécessaire au moment de l’adoption des lois antisyndicales.
Dans l’immédiat, le combat à mener est celui pour imposer la rupture des dirigeants des organisations syndicales avec le pouvoir, pour qu’ils se prononcent pour le retrait des lois et projets de pulvérisation des statuts des fonctionnaires, et qu’ils organisent le front unique pour structurer la mobilisation des travailleurs de la Fonction publique. C’est dans ce combat que peut être envisager de regrouper une avant-garde luttant pour la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire.

La prochaine élection présidentielle a pour objectif de consolider la position du régime et de ses thuriféraires

Dans ces efforts pour rétablir le régime, la junte militaire a besoin d’une légitimation qui passe par l’opération plébiscitaire que constitue la prochaine élection présidentielle. La succession des différents processus électoraux inaugurés avec l’élection de Tebboune en 2019, avait déjà cet objectif. Mais les braises du Hirak ne s’étaient pas totalement éteintes. La trahison des bureaucrates, qui ont permis que le processus électoral se réalise, n’a pas suffi, au vu de l’abstention massive lors de l’élection présidentielle de 2019.
Il leur faut donc aujourd’hui qu’une élection se déroule sans accroc. Le dispositif est en place : inutile de préciser que l’élection n’aura aucun caractère démocratique. La constitution a été réformée dans un sens qui permet de criminaliser toute attaque contre la présidence au nom de l’atteinte à la sûreté de la nation, de l’état… Ajoutons à cela le parcours du combattant à effectuer pour obtenir les signatures nécessaires pour être candidat, et surtout le fait que le régime, qui ne peut s’accommoder d’une candidature ouvrière indépendante, a aujourd’hui tous les moyens pour l’en empêcher. Seuls les partis disposés à accepter d’avance l’élection de Tebboune pourront jouer le rôle de « lièvres », dans la perspective d’en tirer des subsides…

Toutes les manœuvres sont en cours dans le cadre des directives du régime

D’ores et déjà, Tebboune bénéficie du soutien de plusieurs partis politiques. Le parti El-Karama, le Front du militantisme national (FMN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement El Bina ont annoncé à la fin du mois de mai leur appui à sa candidature. Ces deux derniers, aux côtés du Front de libération nationale (FLN) et du Front El Moustakbal, ont récemment formé une alliance politique visant à réaliser un consensus national.
Plusieurs autres personnalités politiques ont déjà annoncé leur candidature. Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP) et Belkacem Sahli, secrétaire général de l’Alliance nationale républicaine (ANR), ont déclaré leur intention de participer. Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), auquel il faut ajouter le Mouvement pour la société et la paix (MSP), le Front des forces socialistes (FFS), qui a confirmé sa participation et annoncera bientôt son candidat.
Quant au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), il prendra sa décision à la fin du mois de juin, tandis que le parti Jil Jadid de Soufiane Djilali n’a pas encore annoncé s’il participerait ou pas au prochain scrutin présidentiel.
Au fond, c’est dans les vieux pots qu’on nous sert la soupe ! Et pour pimenter la recette, examinons les conditions qui doivent être réunies pour pouvoir se présenter. Chaque candidat doit fournir soit une liste de 600 signatures d’élus locaux ou nationaux répartis dans au moins 29 wilayas, soit 50 000 signatures d’électeurs inscrits, également réparties sur 29 wilayas, avec un minimum de 1 200 signatures par wilaya. Les signatures doivent être recueillies sur des formulaires individuels et légalisées par un officier public.
Un véritable parcours du combattant pour tout candidat qui envisagerait de se présenter sans faire partie du sérail, sans oublier le sort réservé à des centaines de militants politiques, de journalistes ou opposants qui croupissent encore dans les geôles du régime, que la presse indépendante a été interdite, que certains partis ont vu leurs activités suspendues et sont victimes de la répression, ce dont nous avons déjà parlé plus haut.

Allégeance de L. Hanoune et fonction du PT dans la répartition des rôles

Mais arrêtons-nous sur le PT, de Louisa Hanoune, qui prétend parler au nom des travailleurs. Lors du conseil national de son parti, elle a mis fin au faux suspense qu’elle entretenait autour de sa candidature. Elle sera candidate à cette élection, et ce n’est pas une surprise quand on connait son allégeance au régime depuis des décennies.
Le 7 avril 2024, à la suite d’une énième rencontre avec la présidence, la secrétaire générale du PT donnait une interview au journal  l’Expression (porte-voix des intérêts du patronat algérien et du régime). À la question concernant la position du PT à l’occasion de la présidentielle, elle feint d’abord d’éluder, en expliquant que sa priorité est le drame palestinien à Ghaza. Tout en dénonçant le génocide, elle se joint au concert des prétendus soutiens au peuple palestinien, qui s’en remettant de façon indirecte aux instances internationales (ONU, CIJ, etc.), qui reprochant à Netanyahu de ne pas « respecter les résolutions de l’ONU ». Ainsi indique-t-elle :
« Cela sans oublier son refus d'appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui l'oblige à un cessez-le-feu immédiat et à l'accès sans condition de l'aide humanitaire. Son comportement relève de l'Holocauste. Il y a des juifs aux États-Unis, en Europe et à l'intérieur même de l'entité sioniste, dans les frontières de 1948, qui condamnent ces pratiques nazies.
Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui ne reconnaît aucune instance internationale, ni le Conseil de sécurité, ni la CIJ, ni la CPI, ni les centaines de millions d'êtres humains qui manifestent tous les jours sur tous les continents depuis six mois pour que cesse le massacre, ni les gouvernements, en nombre croissant en Occident, qui exigent le cessez-le-feu et l'ouverture des passages pour l'acheminement de l'aide alimentaire en quantité suffisante. Tout le monde a constaté que le largage de ces aides par air et l'acheminement par mer ne répondent non seulement pas à l'immense demande qui s'exprime à Ghaza, mais c'est aussi une opportunité criminelle pour l'entité sioniste de tuer des Palestiniens affamés venus récupérer l'aide. »

C’est un alignement complet derrière les « gouvernements [bourgeois d’] Occident ». Elle donne ensuite un blanc-seing au régime algérien, alors même qu’il s’est opposé de façon criminelle à toute expression de la solidarité du peuple algérien avec les Palestiniens (voir plus haut). Reprenons la citation :
« L'Algérie a toujours été au rendez-vous et honoré ses engagements financiers auprès de l'Autorité palestinienne...
L'État
[souligné par nous] et le peuple algériens ont une position claire : soutien inconditionnel au peuple palestinien. »
Mais soutenir la position du régime sur la question palestinienne revient à s’aligner sur les positions de l’ONU, cette « caverne de brigands » qui a conduit depuis 75 ans à la liquidation de l’ensemble des droits du peuple palestinien à vivre sur ses terres, du fleuve à la mer ! C’est accepter les gesticulations du pouvoir sur le terrain du « droit international », c’est refuser d’engager le combat pratique en direction des organisations ouvrières pour qu’elles organisent le boycott de l’état d’Israël, de la livraison d’armes ou de la collaboration avec l’entité sioniste !
Toujours dans la même interview, à la question : « Et comment donc allez-vous procéder pour vous positionner vis-à-vis de la prochaine élection présidentielle ? », L. Hanoune répond :
« (…) Pareil rendez-vous est très important parce qu'il permet une mobilisation populaire, un dialogue avec les citoyens. Mais nous formulons quelques craintes concernant la campagne électorale qui se déroulera en plein mois d'août, une période de grande chaleur et de vacances. Pour le reste, nous prenons acte du fait que l'élection a été avancée de trois mois. Cela fait partie des prérogatives constitutionnelles du président de la République (sic !). Nous refusons d'être entraînés dans toute spéculation pour assombrir le climat, semer le doute et des craintes parmi nos concitoyens. Cela dit, on s'attendait plutôt à ce qu'il [le président] retarde le rendez-vous d'un ou deux mois, au motif que selon ses propres déclarations, son mandat a été perturbé par le Covid sans oublier sa maladie, mais je reste convaincue, d'ailleurs je le lui ai dit, que le retard peut être rattrapé par des décisions audacieuses sur les plans politique, économique et social. Il s'agit de réunir les conditions nécessaires à la sérénité et au débat démocratique. »
Par la suite, elle évoque les diverses mesures prises par le régime :
« Les contradictions apparaissent également dans la sphère économique. Cela dit je constate qu'en quatre ans, aucune entreprise publique n'a été privatisée. C'est une excellente chose. Il y a cependant l'ouverture du capital du CPA. Là aussi, je constate certes que cette action ne concerne que les nationaux. Donc pas d'étrangers dans le capital de nos banques publiques mais nos craintes ne sont pas dissipées, car cela participe d'une privatisation partielle à notre avis injustifiée. Et celui qui veut avoir une banque n'a qu'à en créer. La loi algérienne le permet. Le président de la République a d'ailleurs précisé que l'introduction en Bourse du CPA n'est pas irréversible. C'est une expérience qui peut se révéler positive ou négative, auquel cas, nous corrigerons si nécessaire. Mais quand j'entends des responsables dire que l'opération CPA est destinée à renflouer les caisses du pays, c'est très inquiétant. L'Algérie n'a pas de problèmes financiers. Pareil pour les entreprises publiques. L'État a le devoir de les aider. Les privés qui veulent investir n'ont qu'à créer leur propre business et ils le font déjà librement. Le secteur marchand de l'État ne doit pas être vendu à des investisseurs étrangers ni même locaux. Le Premier ministre a donné des instructions pour que les entreprises publiques soient aidées. Nous nous en félicitons. »
Tout dans cette interview serait à souligner. C’est un soutien total, non seulement à Tebboune, au pouvoir, mais aussi au régime capitaliste. Louisa Hanoune indique dans la foulée :
« Il convient d'admettre qu'il y a l'amorce d'une détente depuis trois mois sur le terrain politique. Nous nous exprimons plus librement. Comme Parti, nous tenons nos réunions, organisons des meetings, des rassemblements sans entraves de la part de l'administration. Nous obtenons les autorisations plus facilement, sur les médias nous sommes beaucoup plus visibles, nos activités sont plus couvertes. Avant, il y avait L'Expression et un ou deux journaux qui rendaient compte de nos activités. Les autres ne le faisaient pas. (…) Pour autant, la question des libertés démocratiques est loin d'être résolue, car cela ne signifie pas que les intimidations et les entraves à l'expression des opinions ont cessé. Et nous continuons à militer et à réclamer l'ouverture franche des champs politique et médiatique et plus généralement l'abrogation de toutes lois liberticides et celles qui caporalisent la vie politique, syndicale, associative...
C'est pour cela que je martèle en direction des responsables à la présidence de la République qu'il est urgent d'ouvrir les médias publics au débat politique, pour que cette crainte se dissipe. »

Louisa Hanoune devrait postuler au poste de responsable des relations publiques de la présidence de la République ! Soutien à Tebboune, défense de son bilan, mais, poursuit-elle : « Il y a encore énormément de dossiers qui sont encore sur la table. On a parlé de la Constitution, l'arsenal de lois qui en a découlé. L'article 87 bis doit absolument être abrogé ou tout au moins reformulé [souligné par nous].
Il faut rappeler que cet article qualifie « d’acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions par toute action ayant pour objet de : semer l’effroi au sein de la population et créer un climat d’insécurité, en portant atteinte moralement ou physiquement aux personnes ou en mettant en danger leur vie , leur liberté ou leur sécurité, ou en portant atteinte à leurs biens, entraver la circulation ou la liberté de mouvement sur les voies et occuper les places publiques par des attroupements, attenter aux symboles de la Nation et de la République et profaner les sépultures, porter atteinte aux moyens de communication et de transport, aux propriétés publiques et privées, d’en prendre possession ou de les occuper indûment. »
C’est cet article constitutionnel qui sert de base à la répression qui s’abat sur les travailleurs, jeunes et militants, et il faudrait le « reformuler » ! Louisa Hanoune enfonce le clou :
« Certes, sur le plan social, il y a la loi de finances 2024, et la loi rectificative de septembre 2023 qui ont intégré des mesures sociales, les grands travaux publics, des projets dans le secteur minier etc., qui vont créer de l'emploi et de la richesse. Nous ne nions pas les efforts qui ont été fournis. (…)
Je peux dire qu'il y a de l'écoute, une certaine disponibilité chez ces responsables qui me semblent s'atteler à résoudre une foultitude de problèmes dont ils sont saisis.
Cela dit, je répète la même chose à chaque fois. Le meilleur des présidents, avec toute la bonne volonté de régler les problèmes, d'améliorer le sort des citoyens, de placer le pays sur la voie du progrès, ne peut réussir que s'il a les institutions nécessaires pour cela. Des institutions qui sont l'émanation de la volonté populaire. »
La messe est dite !

Sur quelle orientation combattre à l’approche de la prochaine élection présidentielle ?

Les révolutionnaires ne sont pas par principe contre la participation à des élections bourgeoises. À l’occasion des élections à la Douma en Russie tsariste au début du XXe siècle, Lénine expliquait qu’il fallait savoir utiliser ce terrain en fonction de l’analyse concrète de la réalité.
Aujourd’hui en Algérie, qu’on le veuille ou non, se présenter à ces élections, revient à cautionner un processus électoral initié et voulu par le régime pour légitimer le Bonaparte dans le cadre du rétablissement de la dictature que le régime est en passe d’imposer. Ils n’avaient pas totalement réussi à le faire en décembre 2019, ils cherchent à le parfaire aujourd’hui. À plus forte raison que cette élection est appréhendée par les masses dans une indifférence doublée d’une certaine résignation. Sans faire de pronostic, il est probable que l’élection aura lieu sans accroc pour le régime, qui sera en mesure cette fois de façonner les résultats en fonction de ses besoins, en masquant un éventuel taux d’abstention qui pourrait être le seul indicateur du rejet par les masses. La réalité, c’est que la classe ouvrière est encore sonnée par la défaite, les éléments les plus avancés ne parvenant pas, à cette étape, à s’organiser pour inverser la tendance.

Il faut le dire sans détour : il n’y a aucune issue aujourd’hui pour le prolétariat algérien dans cette élection, aucune possibilité pour ce dernier d’avoir une expression politique propre. Bien au contraire, il faut dénoncer cette élection comme une opération politique de nature plébiscitaire, dont l’objectif est de consolider le régime dans le but d’amplifier l’offensive largement engagée par Tebboune et son gouvernement contre la population laborieuse et la jeunesse.
Dans ces conditions, la responsabilité des dirigeants syndicaux devrait être d’appeler au boycott. Mais les conditions objectives font que ce mot d’ordre ne peut à cette étape rencontrer l’écho qu’il pouvait avoir lors du Hirak. Surtout qu’il implique la nécessité du combat immédiat pour la rupture des dirigeants des organisations syndicales (UGTA / CSA) avec le régime.
Aujourd’hui, la concrétisation de la rupture se fait aujourd’hui dans le combat pour le retrait du projet de liquidation de la Fonction publique
Aujourd’hui, combattre concrètement pour la rupture des directions du mouvement ouvrier avec le régime, c’est combattre pour que le front unique se réalise pour le retrait du projet de liquidation du statut de la Fonction publique, c’est-à-dire combattre pour imposer aux dirigeants de l’UGTA et de la CSA de rompre toute concertation avec le pouvoir sur ces textes.
Il faudrait opposer aux kyrielles de journées d’action que ne vont pas manquer de proposer les bureaucrates, la mobilisation nationale avec la perspective éventuelle d’une manifestation centrale à Alger, à l’appel de l’UGTA et de la CSA, pour le retrait du projet de contre-réforme de la Fonction publique.
C’est sur cette orientation que peut être avancée auprès des militants la perspective du combat pour la construction d’une représentation authentique de la classe ouvrière, un parti ouvrier rompant avec le régime, la bourgeoisie et l’impérialisme, un parti qui doit être armé du programme révolutionnaire.

Le 4 juin 2024

Le 27 octobre 2023

Un article sur les syndicats en Algérie:

LE DEVENIR ORGANISATIONS SYNDICALES UGTA et CSA : UNE QUESTION CRUCIALE POUR LA LUTTE DES CLASSES EN ALGÉRIE

cliquez ici pour le PDF

Maghreb Socialiste a décidé de publier un article sur le devenir des syndicats en Algérie. Cette décision fait suite à l’adoption des lois antisyndicales, environ quatre ans après que les travailleurs de l’UGTA s’étaient mobilisés dans le cadre du Hirak pour la réappropriation de la centrale syndicale. Incontestablement, l’adoption de ces lois constitue une lourde défaite pour le prolétariat. Pour autant, cela signifie-t-il que tout est joué et que tout combat dans les syndicats est impossible ? Nous souhaitons dans cet article montrer qu’au contraire l’histoire du mouvement syndical algérien illustre de façon incontestable que le combat des militants révolutionnaires dans les syndicats reste une tâche essentielle et incontournable, quelles que soient les conditions objectives dans lesquelles il se déroule.

L’HISTOIRE DU SYNDICALISME ALGÉRIEN : UNE HISTOIRE PARFOIS GLORIEUSE, SOUVENT TRAGIQUE, MAIS UNE HISTOIRE RICHE D’ENSEIGNEMENTS

Il serait utile de se plonger dans le détail sur l’histoire riche du mouvement syndical algérien car elle contient des enseignements essentiels pour la lutte des classes en Algérie. Cette section de l’article se contentera de relever quelques traits historiques saillants, permettant de comprendre la situation du syndicalisme actuel en Algérie.
Tout d’abord, il serait pour le moins réducteur de limiter le mouvement syndical en Algérie au monopole de l’UGTA depuis l’indépendance. La réalité est bien plus complexe. Dans une étude de Nacer Djabi de janvier 2020, rédigée en collaboration avec Fadila Akkache, Hocine Zobiri et Samir Larabi, l’auteur rappelle :
« Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le nombre d’ouvriers algériens émigrant en France pour chercher du travail s’était accru, atteignant les 23.000 émigrés en 1923.N’étant pas soumis au Code de l’indigénat en France, les ouvriers algériens adhéraient de plus en plus à la CGT. Celle-ci accueillait en effet ces travailleurs non qualifiés qui la rejoignaient directement une fois sur le sol français. Arrivés des villages et montagnes déshérités, ils fuyaient une double persécution : la première en tant que travailleurs et la deuxième, de par leur appartenance à un pays maintenu sous le joug colonial. De nombreux leaders syndicaux ont émergé de cette population ouvrière essentiellement constituée de travailleurs de l’industrie et l’action syndicale s’est ainsi renforcée en dépit de l’État colonial qui n’a eu de cesse de saboter son action et de la pénaliser. »
Plus loin, l’auteur indique :
« L’arrivée du Front populaire au pouvoir en France a consacré l’unification de toutes les forces de gauche et permis la réunification de la CGT et de la CGTU. Le Front populaire abrogea le Code de l’indigénat, ce qui permit de lever l’interdiction faite aux Algériens de se syndiquer. Dès lors, ils adhérèrent en force à la CGT et la section CGT d’Alger comptabilisa un nombre record de plus de 250.000 adhérents. Cependant, avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale et les événements tragiques du 8 mai 1945, que la CGT s’était gardée de condamner ouvertement [en conformité avec la ligne de l’appareil stalinien du PCF qui combattait contre l’indépendance du pays, NDLR], une rupture avec les syndicats français se produisit. Une réflexion au sein du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) sur la nécessité de fonder une centrale syndicale algérienne s’ensuivit et le nombre d’adhérents à la section d’Alger chuta alors à 80.000 militants »
Par la suite, la CGT fut à l’initiative de la création d’une organisation syndicale dirigée par des Algériens, l’UGSA en juin 1954. C’est Lakhdar Kaidi qui en prit la direction.
Après le déclenchement de la révolution, l’UGSA finit par adopter les revendications révolutionnaires nationalistes, établissant le lien entre les revendications sociales du prolétariat et le combat pour l’indépendance. Le Gouverneur général d’Algérie, Robert Lacoste, procédera à sa dissolution en 1956.
Durant la même année, la crise qui secoua le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques), aboutissant à la création du FLN, conduisit à la naissance de deux centrales syndicales distinctes pour chaque tendance. Les Messalistes créèrent l’Union Syndicale des Travailleurs Algériens (USTA) le 20 février 1956. Cette centrale syndicale se développera essentiellement dans le secteur de l’immigration, où elle parvint à rassembler beaucoup d’Algériens dans la Fédération des travailleurs émigrés en France qui comptait alors plus de 25 000 adhérents, attirant 80 % des émigrés algériens syndiqués à la CGT. Le FLN, quant à lui, fut à l’initiative, quatre jours plus tard, de la création de l’UGTA le 24 février 1956.
L’offensive menée par le FLN contre les Messalistes s’est traduite par la liquidation physique de la quasi-totalité des dirigeants et militants de l’USTA qui refusaient de se soumettre au FLN et de rejoindre l’UGTA.
Dès lors, avec la victoire du FLN sur les Messalistes, c’est l’UGTA qui organisa l’essentiel du prolétariat algérien durant la lutte pour l’indépendance. Samir Larabi évoque [la] « grande manifestation de solidarité avec le FLN, le 1er mai 1956, au cours de laquelle son leader Aissat Idir fut arrêté, puis assassiné lors de son incarcération. », et « l’appel à une grève générale de huit jours, en janvier 1957, suivie massivement mais sauvagement réprimée par les autorités françaises. »
Durant la période allant de 1957 jusqu’à l’indépendance, l’histoire et l’activité de l’UGTA s’est confondue avec celle du FLN dans le cadre de la lutte pour l’indépendance. Dans la lutte anticoloniale, l’UGTA s’est, en quelque sorte, rangée derrière la direction politique du FLN. Mais en réalité, l’aspiration à l’autotomie par rapport au FLN existait parmi nombre de syndicalistes. Elle s’exprimera dès l’indépendance.

UGTA : UN ENJEU DE LA LUTTE DES CLASSES ENTRE L’EXIGENCE DU RÉGIME D’EN FAIRE UNE ORGANISATION DE TYPE CORPORATISTE ET LA RÉSISTANCE DU PROLÉTARIAT QUI A LE PLUS SOUVENT CHERCHÉ À SE SAISIR DE SON ORGANISATION POUR ENGAGER DES COMBATS DE CLASSE

À l’avènement de l’indépendance avec le départ des colons, l’UGTA jouera un rôle fondamental dans la relance de l’économie ruinée par la politique de terre brûlée de l’impérialisme français. Dans les campagnes en particulier, les paysans investissent les grandes propriétés coloniales en vue d’organiser la production en fonction des besoins de la population et constituent des comités de gestion le plus souvent initiés et animés par des militants de l’UGTA. C’est ce mouvement que l’appareil du FLN et Ben Bella vont s’attacher à cadenasser en privant progressivement les comités de gestion de tout pouvoir réel, en imposant le contrôle étroit de l’appareil du parti unique.
Mais ce mouvement ne se limite pas aux campagnes. La classe ouvrière investit aussi les usines laissées à l’abandon par les colons posant ainsi objectivement la question du contrôle ouvrier de la production et d’une économie socialisée permettant de satisfaire les besoins de la population. Cela conduira le régime à faire des concessions, à travers notamment la constitution d’un secteur public. Pour les travailleurs, cela se traduira par la conquête de nombreux acquis tels que : le SMIG, l’inspection du travail, les commissions paritaires dans la fonction publique, la sécurité sociale, etc.
Dans le même mouvement l’UGTA cherche à s’émanciper, sous la pression des masses en lutte, de la tutelle du FLN et de l’état algérien en constitution. L’historien et militant, Jacques Simon résume ainsi la période :
« Pendant la crise de l’été 1962, le Bureau Politique installé au pouvoir par la force, en violation des Accords d’Évian signés par le GPRA avec la France, vit avec inquiétude l’UGTA s’implanter et se structurer comme une force autonome du BP et du FLN. Sous Ben Bella, les travailleurs organisés dans l’UGTA et dans les comités de grève imposèrent :
-la constitution d’un secteur public (mines, usines, banques, transports, hydrocarbures...) à partir des entreprises européennes abandonnées,privant ainsi, en partie, la bourgeoisie algérienne d’une base matérielle indépendante .
-la non-attribution, en partie, à des gros et moyens propriétaires fonciers algériens des grands domaines des colons ;
-l’application aux Algériens de la législation ouvrière antérieure, réservée surtout à l’aristocratie ouvrière européenne (SMIG, inspection du travail, commissions paritaires, sécurité sociale, etc.).
Pour construire l’Ėtat algérien, la condition indispensable pour que l’ancien tuteur colonial finance le Trésor public et obtienne la garantie des investissements de la France dans son ancienne province était de briser le syndicat qui établissait avec le Bureau Politique, un double pouvoir. C’est pourquoi, en avril 1963, Ben Bella/Khider et le BP du FLN intervinrent en plein congrès de l’UGTA pour empêcher la discussion sur le rapport moral, imposer une nouvelle direction et une nouvelle orientation ; »

Ils le feront manu militari en envahissant le congrès avec des sbires à la solde du FLN.
« Le syndicat, subordonné au FLN se trouvait désormais associé à la gestion de l’économie étatisée. L’ « autogestion », [à la mode du régime, NDLR] dans le secteur industriel et agricole, présentée comme l’application du marxisme en Algérie [...], ont permis à Ben Bella de mener une politique visant à faire participer l’UGTA à l’édification de l’Ėtat bonapartiste algérien. » (Jacques Simon)
À la suite du coup d’état conduisant à la chute de Ben Bella, Boumedienne n’aura de cesse de parachever l’entreprise de caporalisation de l’UGTA pour en faire une organisation corporatiste en associant le syndicat à la gestion des entreprises.
Le successeur de Boumedienne, Chadli ben Jedid, poursuivant l’entreprise de son prédécesseur, procédera à des purges dans le syndicat en s’appuyant sur un véto institutionnel prévu dans l’article 120 des statuts du FLN qui stipulait que « la candidature à tous les postes de responsabilité au niveau de l’état et des organisations de masse [UGTA comprise, NDLR] était subordonnée à l’adhésion au Parti ».
En définitive, depuis l’indépendance, le régime a mené une politique constante en vue de domestiquer l’UGTA pour en faire une simple courroie de transmission du gouvernement au service des intérêts de la junte au pouvoir. Mais cela ne s’est pas fait sans une résistance du prolétariat qui, à maintes reprises, s’est mobilisé en cherchant à se saisir de la centrale pour faire valoir ses revendications.
Dès le début des années 70, d’importantes grèves vont avoir lieu. En 1972, une grève massive va se développer à la RSTA (Régie des transports d’Alger), contre le blocage des salaires et l’aggravation des conditions de travail. En 1974, les grèves se multiplient. Dans la métallurgie, à Kouba, 1200 travailleurs de la SNS se mobilisèrent pour rejeter la nouvelle grille des salaires, mettant en place un comité de grève qui contrôlera le mouvement dirigé contre l’état patron. Ils rejetèrent l’arbitrage proposé par le FLN tout en se réappropriant leur syndicat UGTA.
On peut citer concernant le développement de ces grèves les propos de Nacer Djabi :
« Cela n’empêcha pas l’éclosion de quelques mouvements sociaux au sein des entreprises publiques, en particulier vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, portant à 1.334 le nombre de mouvements de grève en 1979 » [...] « Durant la période allant de 1983 à 1986, 3.528 grèves ont eu lieu dans le secteur public, contre 2.298 dans le secteur privé, c’est-à-dire un total de 5.826 grèves tous secteurs confondus »
À partir du milieu des années 1980, la crise économique et la faillite de la politique de « l’industrie industrialisante » promue par Boumedienne, ainsi que la dette extérieure contractée par l’état algérien, vont conduire Chadli à engager un train de réformes visant à la libéralisation de l’économie, la privatisation des entreprises nationales et à la mise en œuvre des ajustements structurels imposés par le FMI, pour rembourser la dette. Les restructurations d’entreprises publiques ont conduit à la suppression de centaines de milliers d’emplois statutaires, tandis que parallèlement prospéraient de nombreuses entreprises privées employant des salariés précaires (plus d’un million de salariés durant cette période).
C’est cette situation qui prévalait au moment du déclenchement de la crise révolutionnaire de 1988. La révolte de la jeunesse traduisait un mouvement plus profond au sein de la classe ouvrière, posant objectivement la question du pouvoir et de la chute du régime.
Face à l’irruption du prolétariat et de la jeunesse sur le terrain de la lutte des classes, le régime a dû faire des concessions en matière de libertés démocratiques, parmi lesquelles le multipartisme, la liberté de la presse et l’exercice du droit syndical, à travers la loi de 1990.

LOI DE 90 : UNE CONCESSION EN MATIÈRE DE LIBERTÉ SYNDICALE MAIS QUI INSTAURE UNE « LIBERTÉ SURVEILLÉE »

La loi de 90 constituait une concession du régime en matière de liberté syndicale mais il faut immédiatement préciser que c’était en quelque sorte une liberté surveillée. En effet, à peine adoptée, elle fit l’objet d’un certain nombre d’amendements visant à en restreindre significativement la portée, multipliant les obstacles à sa mise en œuvre effective. Alors que des moyens devaient être alloués aux syndicats qui se constituaient, seule l’UGTA a pu les obtenir pour exercer son activité.
De plus, la constitution d’un syndicat était soumise à une demande préalable auprès des autorités. La procédure d’instruction des dossiers de demande de constitution de syndicats autonomes était organisée par la loi n° 90-14 du 2 juin 1990 qui prévoyait, dans son article 8, la délivrance d’un récépissé un mois après le dépôt du dossier ; ce récépissé constituait de fait un agrément délivré par le régime.
Dans la pratique, le régime a, à de très nombreuses reprises, refusé de délivrer les récépissés d’enregistrement, empêchant, de fait, la création de nouveaux syndicats.
Malgré tout, l’adoption de la loi de 90 allait rapidement conduire à la constitution d’une multitude de syndicats autonomes principalement implantés dans la fonction publique.

DU DÉVELOPPEMENT DES SYNDICATS AUTONOMES À LA CONSTITUTION DE LA CSA : LE PROLÉTARIAT ENGAGE LE COMBAT POUR S’ÉMANCIPER DE LA TUTELLE DE LA DIRECTION CORROMPUE DE L’UGTA

Une des conséquences notables de la crise révolutionnaire de 1988 fut la création d’une multitude de syndicats autonomes. Ils se sont principalement constitués dans la fonction publique : médecins et autres praticiens de la santé publique, pilotes, officiers de la marine marchande, enseignants du supérieur et du secondaire, cadres et agents de la fonction publique, psychologues, magistrats, personnels communaux...
Bien que confrontée aux obstacles mis en place par le régime, (refus d’agréer les syndicats, « scissions » multiples orchestrées par le régime lui-même ou par certains des dirigeants n’ayant pour seul horizon que la promotion personnelle de leur carrière…), cette aspiration de la classe ouvrière à disposer de syndicats indépendants du pouvoir et au service de la défense de leurs revendications, a conduit au développement de très nombreux syndicats. En 2018, on ne décomptait pas moins de 66 organisations syndicales de travailleurs enregistrées par le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.
Ces chiffres n’intègrent évidemment pas la multitude d’organisations syndicales qui ont vu leurs demandes d’agrément refusées par le pouvoir.
Mais le mouvement vers la constitution de syndicats autonomes présente de nombreuses limites.
La première d’entre elles réside dans un morcellement considérable. Par la force des choses, les syndicats se sont constitués essentiellement à partir de corps de métiers, de corporations essentiellement tournées vers le combat pour la satisfaction de leurs revendications catégorielles. Cela a conduit à un véritable morcellement de secteurs entiers de la fonction publique. On ne dénombre aujourd’hui pas moins de 47 organisations syndicales, plus ou moins implantées, dans le seul secteur de l’éducation.
Ce morcellement satisfaisait d’une part le régime, qui s’accommodait des divisions et luttes intestines au sein et entre les différents syndicats, d’autre part les dirigeants syndicaux, essentiellement centrés sur leur aspiration à être totalement associés au dialogue social et à la co-élaboration des contre réformes. Cette aspiration a été constante jusqu’à ce jour, se traduisant par la revendication des dirigeants de nombreux syndicats autonomes à être associés pleinement au dialogue social, notamment à travers leur association aux tripartites auxquelles seule l’UGTA participe à ce jour. En réalité, assez rapidement, les travailleurs des secteurs concernés ont été dépossédés de leurs syndicats, du fait de la collusion des dirigeants syndicaux avec le régime. (Maghreb socialiste a, à maintes reprises, fait état dans ses articles de la façon dont les responsables syndicaux se vautrent de façon ininterrompue dans le dialogue social).
Ce qu’il est important de noter, c’est que les dirigeants des syndicats autonomes de la CSA ont pris un soin tout particulier à empêcher toute centralisation du combat des travailleurs. La structure même de la CSA a été conçue, non pas comme une confédération qui aurait été un facteur d’unification de la classe ouvrière et du prolétariat dans son ensemble, mais comme un agrégat de syndicats.

LA DÉCENNIE NOIRE : LE RÉGIME DÉCIDE D’ÉCRASER LE PROLÉTARIAT

Il serait trop ambitieux dans le cadre de cet article de revenir de façon exhaustive sur les événements tragiques qui ont secoué l’Algérie durant la décennie noire. Ce que l’on peut dire, c’est que la guerre engagée conjointement par le régime et les bandes fascistes que constituaient le FIS et l’AIS, conduit à l’étranglement du prolétariat qui a mis des années à s’en remettre. La mise en place de l’état d’urgence traduisait pour le régime sa volonté d’en finir définitivement avec la crise révolutionnaire ouverte en 1988. Cela d’autant plus que l’état de délabrement de l’économie nationale et les injonctions du FMI pressaient le régime à procéder aux « ajustements structurels » voulus par les puissances impérialistes.
L’État d’urgence a été l’occasion et le moyen pour la junte militaire d’écraser physiquement le prolétariat tout en mettant en œuvre des réformes qui se sont révélées catastrophiques sur le plan des conditions matérielles d’existence des masses laborieuses.
Les réformes vont toucher le régime de change avec, entre autres, les ajustements du cours du dinar algérien entre avril et septembre 1994 qui, cumulés, ont représenté une dépréciation de 50 % du dinar par rapport au dollar, la libéralisation du commerce et des paiements extérieurs, mettant fin au monopole de l’état sur le commerce extérieur, la libération des prix avec le passage de plusieurs produits de la catégorie des produits à prix réglementés à celle des produits à marge bénéficiaire réglementée, la révision trimestrielle des tarifs du gaz et de l’électricité en fonction de l’évolution de l’inflation, la libération des prix de la construction pour les logements sociaux. Tout cela s’est fait dans le courant de l’année 1994. Viennent ensuite l’élimination des subventions généralisées à la consommation : produits du pétrole, produits alimentaires, ainsi que la suppression du contrôle des marges bénéficiaires et la déréglementation des prix du sucre, des céréales autres que le blé, des huiles comestibles et des fournitures scolaires (1995). La période de 95 à 97 se traduira par une augmentation de 30 % des loyers des logements sociaux. À cela, il faut ajouter le blocage du SMIG qui conduira à une baisse de 40 % du pouvoir d’achat…
Concernant les réformes économiques, elles donnent lieu à la liquidation ou à la privatisation de la plus grande partie des entreprises publiques, avec leurs lots de plans sociaux aboutissant à la suppression de centaines de milliers d’emplois.
Il s’est agi d’une marche forcée, à un rythme haletant, sans que les dirigeants de l’UGTA ou les dirigeants des syndicats autonomes naissants n’ouvrent de perspectives en matière d’actions d’envergure, à la mesure de ce qui a été mis en œuvre par tous les gouvernements de Hamrouche à Ouyahia, et des ministres qui se sont succédé à cette époque.
Il faut dire que le principe du libre exercice de l’activité syndicale a été remis en cause de façon drastique à l’occasion de la promulgation du décret présidentiel du 9 février 1992 portant instauration de l’État d’urgence. L’article 6 de ce décret a donné pouvoir au ministre de l’Intérieur (le général à l’époque Larbi Belkheir) d’ordonner aux walis (préfets) de « réquisitionner les travailleurs pour accomplir leurs activités professionnelles habituelles en cas de grève non autorisée ou illégale » : une interdiction de fait du droit de grève.
Dans le même temps, ont été mises en place les tripartites, un outil essentiel pour une nouvelle forme de corporatisme, permettant aux gouvernements d’associer les bureaucrates de l’UGTA aux réformes, aux ajustements structurels et au remboursement de la dette.
Toutes ses réformes ont été mises en œuvre alors que dans le même temps étaient perpétrés les crimes les plus ignobles contre la population dans l’affrontement entre la junte militaire et les islamistes. On estime généralement que la « décennie noire » s’est traduite par le chiffre de 200 000 morts en dix ans.
Parmi les victimes, des centaines de syndicalistes qui étaient tout autant la cible de l’AIS que de la junte au pouvoir. Pour la seule UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, ancien secrétaire de l’UGTA a évoqué le nombre de 750 syndicalistes assassinés, un chiffre qui est bien en-deçà de la réalité.
Dans les faits, la décennie noire a laissé un peuple exsangue, épuisé par une décennie d’atrocités et étranglé par la remise en cause d’une grande partie des acquis gagnés depuis l’indépendance sur le plan social. C’est dans ce contexte qu’il faut appréhender l’accession au pouvoir de Bouteflika.

L’ÈRE BOUTEFLIKA : LE TRIOMPHE D’UN BONAPARTISTE TEINTÉ D’UNE FAÇADE « DÉMOCRATIQUE »

En retrait des affaires depuis 1981 - il avait été contraint à l’exil de 1981 à 1987 pour extorsion et détournement de fonds publics -, Bouteflika décide de se présenter en tant que candidat « indépendant » à l’élection présidentielle de 1999, avec l’aval de l’essentiel de la junte militaire le considérant le plus à même de rétablir la stabilité du régime. Il sera élu avec 73,8 % des voix lors d’un scrutin boycotté par l’ensemble des candidats qui s’étaient retirés. Il accompagnera par la suite son élection d’un véritable plébiscite en soumettant à referendum un projet de loi pour « la Concorde civile » qui obtient le oui de 90 % de votants, le 16 septembre 1999.
Six ans plus tard, en septembre 2005, dans la continuité de la « concorde civile », la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » est aussi soumise à référendum. Elle est adoptée avec plus de 97 % des suffrages exprimés.
Il importe de dire quelques mots au sujet de cette charte.
Destinée sans conteste à couvrir les responsables des massacres commis contre le peuple algérien, à étouffer la vérité sous la chape de l’union nationale, à "interdire que soit mise en lumière la responsabilité de la hiérarchie militaire, des services de sécurité, de la police, de la gendarmerie, des milices armées par le pouvoir, de la justice et de tous les rouages de l’appareil d’état bourgeois dans les massacres de plus de 200 000 Algériens depuis 1992 et dans la disparition de milliers d’autres" (cf : CPS nouvelle série n°27 de janvier 2007),"cette charte a consacré l’impunité du régime. Elle a été un outil majeur pour que Bouteflika puisse consolider l’état bonapartiste, tout en interdisant que la vérité soit faite sur les milliers de disparus durant la décennie noire". Il faut ici noter que l’UGTA a pris toute sa part pour faire en sorte que la charte soit adoptée, mobilisant toutes ses forces pour soutenir le referendum et appeler à voter pour.
Dès lors, le régime se trouve renforcé et peut, en s’appuyant sur la direction de l’UGTA et le dialogue au sein des tripartites, poursuivre sa politique de réforme tout en s’achetant la paix sociale au moyen de la rente pétrolière.
Mais à partir du second mandat, et plus encore durant le troisième et le quatrième mandats, la classe ouvrière relèvera la tête et le règne de Bouteflika sera émaillé d’un nombre croissant de mobilisations ouvrières se traduisant par des grèves dans de nombreux secteurs pour la défense des revendications en matière de pouvoir d’achat, de création de postes, etc. Ce fut particulièrement le cas dans l’éducation, la santé et la fonction publique où les travailleurs se sont saisis des syndicats autonomes pour faire valoir leurs revendications. Bien que puissants, ces mouvements sociaux et ces grèves ont été encadrés par les dirigeants des syndicats autonomes dont la préoccupation essentielle était de les faire refluer, tout en s’inscrivant dans le dialogue social, à la place que leur conférait le régime.
Cependant, ces grèves et mobilisations n’épargnaient pas le secteur des entreprises nationales où bien souvent les travailleurs se saisissaient de leur section syndicale UGTA, quittes à en chasser les responsables quand ces derniers ne se conformaient pas aux exigences de la base (nous renvoyons aux nombreux articles de Maghreb socialiste sur cette période).
Cette situation va culminer en décembre 2018, dans un contexte où le régime et son représentant étaient en bout de course, incapables de présenter une autre alternative que le 5e mandat avec un Bonaparte impotent. De cela, les masses n’ont pas voulu et c’est ce qui a conduit au Hirak. Dès février 2019, les masses allaient déferler dans un mouvement historique, avec des manifestations plus importantes en nombre que celles qui ont célébré l’indépendance en 1962. Aux cris de « non au 5e mandat », « état civil non militaire ! », « les généraux à la poubelle », les masses ont exprimé une année durant (et malheureusement au bout du compte sans succès, si ce n’est la chute de Bouteflika), leur aspiration à en finir avec le régime et leur disponibilité au combat pour atteindre cet objectif.

LE HIRAK : UNE DÉFAITE CONSOMMÉE, LA RESPONSABILITÉ DES DIRECTIONS DES ORGANISATIONS SYNDICALES EST COMPLÈTE

Tout d’abord, il faut le dire avec lucidité, 4 ans après la mobilisation historique des masses algériennes, la défaite est consommée. L’objet de cet article n’est pas de faire un bilan exhaustif des événements historiques qui ont secoué l’Algérie durant le Hirak.
Incontestablement, la puissance objective du prolétariat à l’époque permettait tous les espoirs, et c’est d’ailleurs cette puissance des mobilisations qui a abouti à la chute de Bouteflika, conduisant à une crise de régime dont l’onde de choc fut spectaculaire. On a pu assister à un processus de maturation tout au long de ces mobilisations qui partaient au départ du rejet du 5e mandat, pour poser très rapidement la question du pouvoir à travers les slogans, « Qu’ils partent tous, état civil non militaire, vous avez pillé le pays bandes de voleurs ».
Sur le terrain de la lutte des classes, le prolétariat cherchait indéniablement les moyens d’ouvrir la voie à une solution ouvrière à la crise. En effet, dès le début du Hirak, et surtout à partir de début mars, la grève des enseignants, la marche des travailleurs du complexe industriel ENIEM de Tizi Ouzou montraient que le mouvement vers la grève générale était engagé : grève des transports à Alger, Bejaïa, grève dans de nombreux secteurs à Bouira, on assistait à une mobilisation intense de la classe ouvrière avec le développement massif de grèves spontanées, d’assemblées générales dans des secteurs-clefs de la classe ouvrière .
De leur côté les dirigeants des organisations syndicales, quand ils ne prenaient pas fait et cause pour le régime comme la direction de l’UGTA, se disposaient déjà à offrir leurs services pour lui suggérer une porte de sortie dans le cadre d’une « transition démocratique ».
Dans les syndicats autonomes, le CNES (enseignement supérieur) avait commencé par réclamer - avant même Bouteflika ! - la convocation d'une "conférence nationale" rassemblant représentants de toutes les classes sociales et de tous les partis. Mais la puissance des mobilisations à l'université, le fait que les enseignants se retrouvaient au coude à coude avec leurs étudiants dans les manifestations a contraint ce syndicat à revoir sa position. Mais le plus significatif est sans doute l'appel à la grève des syndicats de l’Éducation pour le mercredi 13 mars : d'abord parce qu'il reprenait explicitement la revendication contre le 5e mandat, mais aussi parce qu'il annonçait la rupture avec le gouvernement : « L’intersyndicale a aussi souligné qu’elle boycottait toutes les activités organisées par le ministère de l’Éducation nationale. Elle a également appelé tous les enseignants et employés du secteur à participer massivement aux marches pacifiques organisées les vendredis. »
En réalité à partir du mois de mars, les conditions étaient réunies pour l’appel à la grève générale jusqu’à la chute du régime. Cette tendance allait s’accentuer début avril, au point que la hiérarchie militaire a fini par lâcher la présidence, pour éviter le pire.
Mais durant cette période, les dirigeants syndicaux s’attelaient déjà à la tâche pour tenter de trouver une porte de sortie pour le régime.
Concernant les syndicats autonomes, le SATEF et le SNATEP se prononçaient pour un «  compromis historique vers une transition démocratique [...] nécessité inéluctable, vitale et urgente ».
Cette politique de trahison des dirigeants des appareils syndicaux allait rapidement se heurter à la résistance des masses qui culminera avec le combat historique engagé par les travailleurs pour se réapproprier leur centrale syndicale UGTA. Pourtant, en l’absence d’une avant-garde révolutionnaire, c’est une fraction de l’appareil de la centrale qui prendra la tête du mouvement et qui bandera toutes ses forces pour le faire avorter.
Les militants de Maghreb Socialiste, à partir du mois de mars et ce jusqu’au mois de juin, étaient axés sur la ligne du combat pour imposer aux dirigeants qu’ils appellent à la grève générale dans l’unité et qu’ils l’organisent en centralisant les comités de grèves en un comité central de grève. Dans le même temps, nous avancions le mot d’ordre de l’assemblée nationale souveraine comme levier pour la mobilisation. Le premier mai, des milliers de travailleurs se rendaient au siège de l’UGTA à l’occasion de la fête du travail, pour exiger le départ du secrétaire de l’UGTA Sidi Said. Ils se heurtaient à la répression policière, mais aussi au fait que les bureaucrates syndicaux avaient savamment orchestré la division pour empêcher la jonction, notamment entre les travailleurs affiliés à la CSA et ceux qui combattaient au sein de l’UGTA pour la réappropriation de leur centrale syndicale. Ainsi, alors que les travailleurs aspiraient incontestablement à l’unité, donc à une manifestation unique appelée conjointement par les syndicats, il y eut trois cortèges distincts : un du SNAPAP, un des syndicalistes de l’UGTA, un de la CSA ! Sidi Said se voyait ainsi protégé autant par la police que par les bonzes à la tête des appareils syndicaux. En réalité, les bureaucrates à la tête du mouvement pour la réappropriation de l’UGTA joueront un rôle essentiel pour faire refluer ce mouvement en permettant que se tienne le congrès convoqué par la direction de la centrale.
Le 5 mai, Maghreb socialiste publiait une déclaration titrée :
Le temps presse !
Pour balayer le régime :
ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE
Pour satisfaire les revendications du prolétariat et de la jeunesse :
GOUVERNEMENT DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES : L’UGTA – débarrassée de la clique de Sidi Saïd - ET LA CSA
Dans ce but :
FRONT UNIQUE CSA-UGTA POUR APPELER À LA GRÈVE GÉNÉRALE, CONSTITUER LES COMITÉS DE GRÈVE ET UN COMITÉ CENTRAL DE GRÈVE !

Il s’agissait d’ouvrir une perspective politique pour la classe ouvrière, de formuler en des termes précis le combat pour la prise du pouvoir.
Durant la période allant de mars à juin 2019, il faut aussi rappeler que vont se multiplier les initiatives visant à nouer un dialogue avec le pouvoir (Forum de la société civile pour le changement, Dynamiques de la société civile, Pacte pour l’alternative démocratique, etc.).
Mais l’initiative politique qui a joué un rôle déterminant, c’est en réalité la Conférence de la société civile. Nous écrivions le 25 juillet dans Maghreb socialiste :
« Il s’agit donc pour Lyes Merabet (alors responsable de la CSA, ndlr) de transformer la CSA en « médiateur politique », en interlocuteur du régime, il s’agit de liquider la CSA en tant qu’organisation syndicale indépendante du pouvoir et de la bourgeoisie. Il s’est d’ailleurs dit honoré d’avoir été cité dans la liste des personnes retenues par le Forum de la société civile pour le changement ! Alors même que la classe ouvrière a construit la CSA en opposition à la direction de l’UGTA qui était la courroie de transmission du pouvoir, alors même qu’un mouvement historique a vu le jour au sein de l’UGTA pour la réappropriation du syndicat, afin de le mettre au service des revendications des travailleurs, Merabet tourne le dos à l’aspiration de milliers d’ouvriers et de salariés à disposer d’organisations de classe indépendantes du régime et de la bourgeoisie ; en poursuivant dans cette voie, Merabet s’apprête à donner un coup de poignard à la CSA mais aussi à la mobilisation pour en finir avec Gaïd Salah, son régime et la hiérarchie militaire ! »
C’est essentiellement sur les appareils syndicaux que s’est appuyé le régime pour la mise en œuvre de sa feuille de route, un appui qui s’est concrétisé par la programmation de l’élection présidentielle de décembre 2019. A ce moment précis, toutes les conditions étaient réunies pour que s’organise le boycott effectif de l’élection. Toutes les conditions sauf une : que les dirigeants syndicaux appellent et organisent le boycott. C’est sur cette orientation que les militants de Maghreb socialiste ont combattu avec leurs faibles moyens, en centrant leurs déclarations et interventions sur l’exigence que les dirigeants de la CSA et de l’UGTA rompent avec le régime et organisent le boycott effectif de l’élection. Durant cette période, les masses étaient en ébullition, l’aspiration au boycott s’exprimait sans la moindre ambiguïté dans les manifestations, mais à mesure que l’échéance approchait, les appareils syndicaux, flanqués des appareillons politiques se réclamant des travailleurs, ont bandé toutes leurs forces pour boucher cette perspective. À partir de ce moment, l’élection a eu lieu et on connaît la suite.
Malgré un taux d’abstention historique, la tenue du scrutin remettait en selle le régime qui, par la suite, s’est consolidé d’échéances en échéances, dans une indifférence teintée de désarroi pour la classe ouvrière. Ce qui constituait un drame en 2019, a tourné à la tragédie. De scrutin en scrutin, le pouvoir s’est renforcé malgré l’abstention, tout en organisant une répression féroce contre les militants du Hirak, les journalistes, les syndicalistes les militants ouvriers. Au final, le régime est parvenu à se stabiliser et engage aujourd’hui au pas de charge l’offensive contre les masses, en s’appuyant sur le dialogue social avec les dirigeants syndicaux qui ont eux-mêmes retrouvé leur place de lieutenants loyaux de la bourgeoisie.
Au lendemain de la présidentielle de 2019 nous écrivions :
« Le mouvement qui s’est déclenché le 22 février se caractérise par la puissance de la spontanéité, mais il exprime tout autant les limites de celle-ci. Cette puissance a permis la chute du clan Bouteflika (sous la menace de la grève générale en avril), l’interdiction à deux reprises de la tenue de l’élection présidentielle. Dans ce mouvement, spontanément, la classe ouvrière a tenté de se saisir de ses organisations syndicales, en particulier de l’UGTA à travers notamment le mouvement pour la réappropriation de la centrale (...) Mais quelle que soit la puissance du mouvement spontané, il s’est heurté au bout du compte à l’obstacle que constitue l’absence d’organisation traçant la voie du combat en définissant l’orientation adéquate. »
Il faut aller plus loin :
La réalité c’est qu’à aucun moment, malgré de nombreuses tentatives, la classe ouvrière n’est parvenue à faire sauter le verrou des directions des appareils syndicaux. Aussi puissante qu’ait pu être la mobilisation spontanée des travailleurs, elle ne pouvait, en l’absence d’un parti ouvrier ou même d’une avant-garde suffisamment conséquente pour intervenir dans les processus qui mûrissaient dans la classe ouvrière, imposer une solution ouvrière à la situation qui s’était ouverte. C’est-à-dire qu’à aucun moment n’a pu être formulée, en termes de gouvernement, la question du pouvoir, de façon significative pour qu’elle soit reprise et que l’affrontement direct avec le régime puisse avoir lieu. Bien sûr les mots d’ordre de « dehors Bouteflika », « pas de 5e mandat », « pas d’élections avec la bande » ou « état civil non militaire » traduisaient la volonté d’en découdre avec le régime, se situaient sur le terrain de la réalisation des tâches démocratiques, mais chasser le régime pour le remplacer par quoi ? Rares ont été les militants qui ont su de façon conséquente et constante avancer la perspective du combat pour un gouvernement ouvrier (nous étions de ceux-là), c’est-à-dire d’un gouvernement de l’UGTA et de la CSA. À aucun moment, la tendance à la centralisation de la mobilisation vers la grève générale n’a pu se concrétiser parce qu’il n’existait pas de regroupement d’avant-garde suffisamment puissant pour intervenir sur cet axe avec une influence de nature à agir sur la situation. Des tentatives de centralisation, il y en a eu notamment chez les étudiants, mais là aussi, aucune organisation syndicale ou de jeunesse pour les mener à terme. La volonté d’en découdre avec les apparatchiks des syndicats, qui s’est exprimée à travers la tentative de réappropriation de l’UGTA, a été tuée dans l’œuf pour la simple et bonne raison qu’elle a été cadenassée par une fraction de l’appareil, souvent vertébrée par des bureaucrates dont l’objectif était simplement de devenir calife à la place du calife. Il y a bien eu sur le terrain de la lutte des classes des tentatives significatives pour submerger les appareils. Pour mémoire il faut rappeler la montée à Alger des travailleurs de Numilog, en septembre octobre 2019, pour que leur combat soit pris en charge au plan national. Leurs revendications se concentraient sur la réintégration des travailleurs et des militants syndicaux licenciés par le patron de CEVITAL et la reconnaissance du syndicat UGTA de l’entreprise. La montée a eu lieu, mais en dernière analyse, l’appareil a réussi à contenir au plan local un combat qui avait une portée nationale.
En définitive, ce sont bien essentiellement les dirigeants des organisations syndicales UGTA et CSA qui ont permis au régime de se rétablir et d’engager la plus violente offensive contre la classe ouvrière depuis l’indépendance, avec l’objectif de livrer totalement le pays aux puissances impérialistes les plus offrantes.
Et le régime s’est empressé d’engager la contre-offensive en engageant d’une part un train de réformes économiques visant à remettre en cause les quelques garanties des travailleurs et à livrer le pays aux appétits des trusts et des puissances impérialistes, à travers un arsenal de lois visant à « rétablir le climat des affaires » (loi sur les investissements, sur le foncier, loi visant à la privatisation des banques, etc..) et d’autre part en accentuant la répression.
Aujourd’hui, parmi les objectifs du régime, il y a la liquidation du statut général de la fonction publique, la privatisation de ce qui reste de la santé, la liquidation de la sécurité sociale, la suppression totale des subventions aux produits de première nécessité, la privatisation de l’université avec pour corollaire, l’impossibilité pour les bacheliers d’accéder à celle-ci… On pourrait rallonger à l’envie la liste des dispositions prévues dans le cadre de l’offensive du régime.
Pour atteindre ses objectifs, il a établi parmi ses priorités la liquidation de toutes les libertés démocratiques.

UNE OFFENSIVE TOUS AZIMUTS CONTRE ACQUIS DE LA CLASSE OUVRIÈRE ET DU PROLÉTARIAT ET CONTRE LES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES

Il lui a d’abord fallu remettre au pas la classe ouvrière et la jeunesse. Le régime l’a fait à travers le développement massif de la répression contre les militants ouvriers, les syndicalistes et les militants du Hirak. Parmi les mesures prises, l’emprisonnement et la condamnation de centaines d’activistes, l’interdiction de certains partis, le musellement de la presse à travers l’adoption d’une loi qui interdit à tout journaliste d’émettre la moindre critique envers le régime, sous peine d’être poursuivi. Une loi qui met en place un véritable « comité de censure », et dont les effets se sont immédiatement fait sentir à travers l’interdiction d’un certain nombre de médias, le harcèlement de nombreux journalistes et éditorialistes au point que la presse algérienne n’est plus à présent que l’ombre d’elle-même.

Adoption des lois syndicales et les conséquences

Mais pour la classe ouvrière la défaite que constitue l’adoption des lois antisyndicales est un événement majeur, qui aura indéniablement des conséquences sur les conditions dans lesquelles se dérouleront les mobilisations futures. Le 21 novembre 2022, Maghreb socialiste détaillait les points essentiels de ce projet :
- Interdiction pour les militants syndicalistes de s’affilier à des partis politiques avec pour conséquence l’impossibilité de toute intervention politique dénonçant l’inféodation des directions syndicales au régime, leur participation aux organes de concertation que le régime met en place pour faire passer ses contre-réformes : pas de politique dans les syndicats, sauf celle du gouvernement !
- Établissement d’une liste détaillée des secteurs dans lesquels la grève serait interdite, parmi lesquels les secteurs de la santé et de l’éducation ;
- Durcissement des conditions de constitution des syndicats, notamment à travers un agrément conditionné par la « représentativité des syndicats et des confédérations ou fédérations » ;
- Mise en place de conditions pour l’exercice du droit de grève telles qu’au bout du compte toute grève peut être déclarée illégale par les autorités, à la demande de l’employeur.
Bref, deux projets visant d’une part à interdire la constitution de syndicats indépendants du pouvoir et de la bourgeoisie, et l’interdiction pur et simple du droit de grève.

Les directions des centrales UGTA et CSA refusent de mener le combat

Nous écrivions dans Maghreb socialiste le 2 avril
« Les travailleurs étaient disponibles pour engager l’affrontement. En témoignent les nombreuses prises de positions des instances syndicales intermédiaires où les syndicalistes et les travailleurs exprimaient leur rejet de ces lois et tendaient à exiger des responsables nationaux qu’il engagent le combat dans l’unité pour leur retrait. La base était prête au combat. En témoigne les 6000 syndicalistes de l’UGTA qui se sont rassemblés à Alger au cri de retrait. La base était prête mais elle a été pour ainsi dire émasculée par les dirigeants syndicaux. Ces derniers ont tout fait pour empêcher la centralisation du combat, en refusant notamment d’appeler à l’organisation d’une manifestation centrale à l’APN pour interdire aux députés de voter la loi.
En lieu et place, ils ont multiplié les déclarations demandant formellement le retrait sur la ligne : « nous n’avons pas été associés à la rédaction des textes », ou en expliquant avec un cynisme abject que les lois n’étaient pas conformes à l’esprit de la constitution, aux textes internationaux ou aux instructions du président, dans le cadre de l’Algérie nouvelle qu’il voulait promouvoir !!!
Ils s’en sont remis au conseil constitutionnel, une institution au service exclusif du pouvoir, ou au Bureau international du travail, qui est au mieux une instance internationale de collaboration de classes entre la bourgeoisie à l’échelle internationale et les appareils internationaux des syndicats, au pire un instrument au service de la bourgeoisie pour légitimer l’ensemble des coups portés au prolétariat. Et pour couronner le tout, ils ont adressé des suppliques à Tebboune lui-même, alors que ce dernier est l’initiateur des dites lois. Ils se sont adressés au bourreau pour qu’il n’exécute pas la sentence !!!
Tout cela s’est accompagné d’un appel à une journée de grève, sans lendemain émanant de 31 syndicats de la CSA, qui s’est transformée en journée d’action où le mot grève lui-même avait disparu des derniers communiqués. Un pitoyable baroud d’honneur, qui pourtant a vu une mobilisation non négligeable dans certains secteurs, ce qui témoignait de la disponibilité au combat de la classe ouvrière.
Finalement, ils ont appelé à un meeting le 8 mars, à la veille de l’adoption des projets par l’APN, un meeting qui ne s’est pas tenu !!!
La direction de l’UGTA quant à elle n’a pas bougé une oreille malgré les appels pressants de sa base ».
Il n’y a rien à retirer du bilan que nous avions fait. Il était possible d’engager le combat, et d’ailleurs Labatcha, l’ex-secretaire de l’UGTA et ancien député du PT, n’était pas parvenu à contenir la fronde au sein de la centrale. C’est la raison pour laquelle il a été purement et simplement déposé par Tebboune lui-même, et remplacé par le responsable de la fédération des hydrocarbures qui a assuré l’intérim jusqu’au XIVe congrès de l’UGTA, un congrès de normalisation comme nous allons le voir.

Retour sur le XIVe congrès de l’UGTA : un congrès de normalisation

Le XIVe congrès s’est conclu par l’élection de Amar Takdjout. Ses faits d’armes sont les suivants : durant la période des années 1990 à 2000, il était responsable de la fédération des textiles, dont il a accompagné méthodiquement le démantèlement en liquidant les entreprises publiques qui étaient d’une certaine façon des fleurons, et qui aujourd’hui ont été reprises par des opérateurs privés, turques notamment. Takdjout a été par ailleurs un dirigeant et député du PT, ce qui montre s’il en est besoin la fonction qu’occupe le PT et ses liens avec l’appareil d’état.
Le Jeune indépendant du 24 juillet 2023 rapporte les propos de Amar Takdjout, le nouveau SG de l’UGTA :
« Un congrès est synonyme aussi de changement à travers lequel une nouvelle direction est élue afin d’apporter une refonte organisationnelle de cette organisation. »
À la question : « Quel rôle jouera l’UGTA à l’avenir ? », il répond : « L’UGTA doit d’abord se remettre sur les rails et reprendre les référentiels de l’organisation syndicale existants, notamment la référence de 1956 et celle adoptée à partir des années 1990 à ce jour ». (souligné par nous)
Reprendre les référentiels, particulièrement ceux adoptés dans les années 90, cela signifie s’inscrire dans la continuité de la politique de dialogue social et de participation à laquelle s’est livré Benhamouda quand il a signé le pacte social qui visait à proscrire la grève pour lui substituer le dialogue et la concertation. C’est en particulier à cette époque qu’a été adopté le fameux article 87 bis qui a bloqué la valeur du SMIC pendant plus de 15 ans, entraînant une baisse de 40 % du pouvoir d’achat : une saignée considérable pour les masses. Le dialogue social, au moment où Hamrouche, premier ministre, et ses successeurs ont mis en place des réformes aboutissant à la suppression de centaines de milliers de postes dans la fonction publique et les entreprises nationalisées. C’est à cette époque qu’ont été mises en place les premières tripartites, institutionnalisant le dialogue et ouvrant la voie au rétablissement pur et simple du syndicat vertical conforme aux intérêts du régime, de la bourgeoisie et de l’impérialisme. C’est dans les années 90 qu’on a vu naître l’organisation patronale FCE (Forum des chefs d’entreprises). Quand il a pris la tête de la centrale, Benhamouda a participé à de nombreux colloques et formations dispensés par la CISL (Confédération internationale des syndicats libres, institution vouée tout entière à la promotion du dialogue social et de la collaboration de classes).
Poursuivons :
« L’Expression du 30 juillet 2023 publie un article avec pour titre :
« Amar Takdjout, nouveau secrétaire général de l'Ugta, “Motivé par la réforme interne”» On y apprend que « L'adoption des nouveaux statuts de l'Ugta a été reportée à une date ultérieure. Contacté, hier, le nouveau patron de la Centrale syndicale, Amar Takdjout, a déclaré que le congrès a reporté l'adoption de ses nouveaux statuts pour “établir les structures, leurs prérogatives et leurs champs d'action...etc. ”. Il a néanmoins, indiqué que “son organisation ne se mettra pas en porte-à-faux avec la nouvelle législation relative à l'exercice du droit syndical et du droit de grève”. (souligné par nous) “L'ajournement de l'adoption des statuts est décidé suite à des propositions et des recommandations faites par le congrès portant sur la réforme de l'organisation et le fonctionnement des structures internes de l'Ugta”, a-t-il précisé. »
(…) “La réorganisation des structures de l'Ugta et la formation syndicale dont souffre la Centrale syndicale d'une manière criarde, sont les plus grands chantiers qui attendent la nouvelle”, a fait savoir M Takdjout. Les participants au 14e congrès extraordinaire de l'Ugta ont appelé, dans le communiqué final “les cadres et les travailleurs à la participation efficace et à l'engagement fort pour la préservation de la production nationale et la contribution à la construction d'une économie forte”. (souligné par nous)
Une citation qui vaut son pesant d’or :
D’une part, Takdjout annonce clairement la couleur concernant les lois syndicales. Il s’agit bel et bien de ne pas se mettre en porte-à-faux avec la nouvelle législation, donc d’adapter la centrale aux exigences du régime. D’autre part, la réforme des structures signifie de fait la mise au pas du syndicat, une réforme des structures dont l’objectif est de liquider les fédérations. Traditionnellement, la résistance des travailleurs et le déclenchement des grandes grèves passent plus régulièrement par les fédérations auxquelles se sont raccrochées quelques Unions de wilayas. « La réforme des structures de l'Union », envisagée par Takdjout, a pour objectif de faire le ménage pour liquider l’autonomie des fédérations et des unions de wilaya. Il n’est plus question de voir ressurgir des mouvements tels que le mouvement pour la réappropriation de l’UGTA. Il s’agit, pour Takdjout, d’arrimer l’UGTA au « front interne » en défense du régime, de Tebboune et de sa feuille de route, dont les « réformes » visent en particulier à atomiser la classe ouvrière, ses acquis issus de la lutte pour l’indépendance, son existence en tant que classe pour soi. Il s’agit de la dessaisir de ses organisations syndicales pour livrer les travailleurs aux appétits féroces de la bourgeoisie et du capital.
Mais qu’en est-t-il de ceux qui prétendaient mener le combat pour la réappropriation de l’UGTA au printemps 2019 ?
Le journal L’Expression du 23 juillet 2023 nous éclaire à ce sujet. Il cite Noureddine Bouderba, ancien syndicaliste qui avait été « propulsé » parmi les dirigeants du mouvement pour la réappropriation :
«“ Les organisations syndicales ne sont, désormais, plus autorisées à se positionner même par rapport à la politique de l'emploi qui les concerne directement, ou encore par rapport aux mesures gouvernementales impactant positivement ou négativement le pouvoir d'achat des travailleurs...”, a souligné, hier, Noureddine Bouderba, ancien syndicaliste et spécialiste du droit du travail. Il a indiqué que “ce genre de questions fondamentales ne devraient pas être ignorées par le congrès de l'Ugta”. “Si l'Algérie est en train de relancer son économie, par contre l'on ignore si ce progrès sera partagé avec les travailleurs car les nouvelles orientations relatives à la politique syndicale du gouvernement ne disent pas comment et au profit de qui, seront répartis les bénéfices engrangés...”, s'est-il demandé. Force est de constater que “la nouvelle équipe qui prendra les rênes de l'Ugta ne dispose pas de feuille de route relative à ces enjeux fondamentaux”, a-t-il soutenu. »
En gros, Bouderba prend acte de l’adoption des lois, en versant des larmes de crocodile, et dans le même temps, il prône la répartition des bénéfices engrangés dans le cadre de la relance de l’économie (comme si Teboune mettait en œuvre une politique de relance de l’économie au profit des masses !!!). Les bureaucrates oppositionnels se montrent tels qu’ils sont : des chantres du prétendu partage des richesses, des promoteurs de la cogestion et de la participation. Autant dire que malgré leurs gesticulations verbales, les « ex-représentants du mouvement pour la réappropriation syndicale » s’inscrivent totalement à leur manière dans l’Algérie nouvelle de Tebboune, celle de la cogestion, de l’association capital-travail, de la restauration d’un état corporatiste.
Faut-il en conclure qu’aucun combat n’est possible au sein des organisations syndicales ? Les contorsions d’un Bouderba, qui se voit obligé à sa façon de dénoncer à demi-mots les lois syndicales, montrent que dans l’UGTA, il existe une résistance à la liquidation du syndicat, qui ne demande qu’à s’exprimer.

COMME L’HISTOIRE DE L’UGTA L’A SOUVENT MONTRÉ, LA TENTATIVE DE NORMALISATION DES SYNDICATS RENCONTRERA INÉVITABLEMENT LA RÉSISTANCE DU PROLÉTARIAT QUI COMBATTRA EN VUE DE SE RÉAPPROPRIER SES ORGANISATIONS SYNDICALES

Dans la brochure « Les Syndicats à l’époque de la décadence impérialiste », Léon Trotsky écrit : « (...) Il semblerait facile à première vue de conclure que les syndicats renoncent à être eux-mêmes à l'époque impérialiste, qu'ils ne laissent presque plus de place à la démocratie ouvrière qui, dans les bons vieux temps, quand le libre-échange dominait sur l'arène économique, constituait le contenu même de la vie intérieure des organisations ouvrières. On pourrait également estimer qu'en l'absence de démocratie ouvrière, il ne peut y avoir de lutte ouverte pour exercer une influence sur les membres des syndicats et que, de ce fait, l'arène principale du travail révolutionnaire au sein des syndicats disparaît. Une telle position serait fondamentalement fausse. Nous ne pouvons pas choisir le champ et les conditions de notre activité selon nos seuls désirs ou aversions. Il est infiniment plus difficile de lutter pour influencer la masse ouvrière dans un Etat totalitaire et semi-totalitaire que dans une démocratie. Cette remarque s'applique également aux syndicats dont la destinée reflète l'évolution des États capitalistes. […] Nous ne pouvons pas renoncer à un travail systématique au sein des syndicats d'un régime totalitaire ou semi-totalitaire simplement parce qu'ils dépendent directement ou indirectement de l’État ouvrier ou parce que la bureaucratie prive les révolutionnaires de la possibilité de travailler librement dans ces syndicats. Il est nécessaire de conduire la lutte sous toutes ces conditions concrètes qui ont été créées par le développement précédent, y compris les fautes de la classe ouvrière et les crimes de ses chefs. »
De l’histoire tumultueuse de l’UGTA, on peut tirer un certain nombre de leçons pour le combat de la classe ouvrière en Algérie. La première d’entre elles est que quel que soit le degré d’intégration de ses dirigeants au régime, à de nombreuses occasions, la classe ouvrière a cherché à se saisir de sa centrale pour tenter de lui imposer la prise en charge de ses revendications. Cela vaut tout autant au plan local qu’au plan des fédérations. Le point culminant de ses tentatives a été le mouvement pour la réappropriation de l’UGTA, en lien avec la mobilisation du prolétariat au moment du Hirak, qui, par son ampleur et son contenu, a indéniablement une portée internationale pour le prolétariat. Même si ce mouvement a été tué dans l’œuf par une partie de l’appareil, il n’en demeure pas moins qu’il reste gravé dans les consciences, et la tentative de se saisir de l’UGTA pour combattre les lois antisyndicales au moment de l’adoption de celles-ci en témoigne de façon criante. La manifestation qui a eu lieu lors de la commémoration du 22e anniversaire de la mort de Benhamouda, qui a vu 6000 syndicalistes scander le mot d’ordre de retrait des lois antisyndicales, a d’ailleurs valu l’éviction du secrétariat de l’UGTA Labatcha par le régime, tout simplement parce qu’il s’est révélé incapable de contenir la grogne.
Mais il faut bien le reconnaître, ces tentatives de combat pour se rapproprier les syndicats se heurtent à la résistance acharnée des dirigeants syndicaux, qui n’ont d’autre objectif que de préserver leurs prébendes. Elles sont confrontées aussi à la difficulté à organiser le combat centralisé pour en finir avec la collaboration des apparatchiks à la mise en œuvre de la politique de la junte. Or aujourd’hui, plus que jamais, c’est en s’organisant sur l’axe du combat pour la rupture des dirigeants syndicaux avec le régime qu’on peut ouvrir une réelle perspective de combat pour l’affronter et le vaincre.

ACCOMPAGNER ET NOURRIR INLASSABLEMENT LE COMBAT POUR LA RUPTURE DES DIRIGEANTS SYNDICAUX AVEC LE RÉGIME

On l’a vu lors de l’immense mobilisation du Hirak : la force du nombre n’a pas permis d’en finir avec le régime, et c’est bien la collusion des dirigeants syndicaux qui a conduit à son rétablissement. Le combat pour la rupture des dirigeants syndicaux n’a jamais réellement pu être mené de façon centralisée du fait de l’absence d’une avant-garde ordonnée sur cet axe. Maghreb Socialiste n’a eu de cesse de mener de façon constante ce combat, en exprimant cette exigence dans de très nombreuses déclarations pendant la mobilisation. Aujourd’hui, dans la période de reflux du prolétariat en Algérie, cette orientation reste plus que jamais d’actualité. Il s’agit d’affirmer à chaque instant que la satisfaction des revendications ouvrières est incompatible avec le maintien et l’approfondissement du dialogue social.
Ainsi par exemple, face à l’offensive contre les statuts des fonctionnaires, il faut imposer aux dirigeants des syndicats autonomes et de l’UGTA la rupture de tout dialogue avec le régime ! Face à la destruction du système de santé, rupture immédiate des dirigeants syndicaux autonomes de la santé avec le gouvernement ! Et cela vaut bien sûr pour l’Éducation nationale.
Il faut réaffirmer à chaque instant que la satisfaction des revendications en matière de pouvoir d’achat est incompatible avec le dialogue social.
Il faut combattre pour que la direction de l’UGTA quitte les tripartites, instruments de cogestion et de co-élaboration des contre réformes !
Même si à cette étape c’est prématuré, le combat pour la réappropriation des syndicats (UGTA et CSA) posera inévitablement à terme la question de la nécessité d’une centrale unique des travailleurs algériens, indépendante du pouvoir et de la bourgeoisie, à partir des syndicats existants, expurgés de leurs dirigeants corrompus.
C’est ce combat qui peut ouvrir la voie au regroupement d’une avant-garde révolutionnaire, intervenant de façon active pour aider le prolétariat à se doter de sa propre représentation politique, indépendante du pouvoir, de la bourgeoisie, un véritable parti ouvrier, outil indispensable pour renverser à terme le régime et lui substituer un gouvernement des organisations ouvrières rompant avec la bourgeoisie et l’impérialisme et satisfaisant les revendications ouvrières.

IMPORTANCE DU COMBAT DANS LA JEUNESSE

Karl Liebknecht nous a enseigné que « la jeunesse est la flamme de la révolution ».
Le combat dans la jeunesse revêt une importance cruciale. Cette question centrale ne peut être développée de façon exhaustive dans le cadre de cet article, c’est la raison pour laquelle Maghreb socialiste consacrera ultérieurement un article spécifique au combat dans la jeunesse, d’autant que face à l’offensive menée par Tebboune pour liquider le droit aux études, plus que jamais la jeunesse aura besoin de combattre de manière centralisée. Nous nous contenterons simplement de quelques rappels historiques.
En Algérie, la jeunesse occupe une place prépondérante ne serait-ce que sur le plan démographique. Il est incontestable qu’elle a joué un rôle fondamental durant les quatre dernières décennies. Le vaste mouvement (qualifié de « printemps berbère »), qui a vu le soulèvement des masses en Kabylie en avril 1980, s’est développé à l’initiative des étudiants et des lycéens qui en furent le fer de lance.
La crise révolutionnaire de 1988 s’est ouverte à partir de manifestations spontanées de la jeunesse réprimées dans le sang par le régime.
Plus récemment lors du Hirak, ce sont les jeunes et les étudiants en particulier qui animaient le plus souvent les cortèges en scandant les slogans au gré de l’évolution des évènements. Mais dans cette dernière période, il faut signaler que malgré les tentatives et initiatives engagées par certains d’entre eux, il n’a pas pu y avoir une centralisation significative, conduisant les étudiants à s’auto-organiser à travers des comités de délégués élus dans les amphis. Cela révèle encore une chose, c’est que l’absence d’un cadre d’organisation a pesé et pèsera tant que les étudiants ne disposeront pas en premier lieu d’une organisation syndicale indépendante du pouvoir, démocratique et ordonnée sur le combat pour la satisfaction des revendications.
C’est la tâche que devront s’assigner les éléments les plus conscients, en œuvrant dans le même temps à la construction d’une organisation révolutionnaire de la jeunesse.

QUELQUES CONCLUSIONS

- Les tentatives d’intégration des syndicats (UGTA et accessoirement CSA) à l’appareil d’état se sont la plupart du temps heurtées à la résistance du prolétariat en Algérie.
- Quel que soit le degré d’intégration de leurs dirigeants, ces organisations conservent la qualité de syndicats, cadres dans lequel la classe ouvrière cherche à combattre en l’absence d’une représentation politique (le parti ouvrier).
- Cette situation conduit de façon récurrente à des crises au sein des syndicats qui voient s’affronter la classe ouvrière aux directions traîtres des centrales syndicales, en particulier dans les périodes d’intense lutte des classes. La classe ouvrière a subi une défaite à l’issue du Hirak. Tôt ou tard, elle s’en relèvera
- Inévitablement, dans le cadre de développements futurs de la lutte des classes, les travailleurs se saisiront de leurs organisations pour exiger qu’elles se mettent à leur service.
Ce sont ces processus que nous devons nourrir en combattant inlassablement pour la rupture des dirigeants syndicaux avec le régime, la bourgeoisie et l’impérialisme. Cela ouvrirait indéniablement la voie au combat pour renverser la junte militaire et lui substituer un gouvernement des organisations syndicales UGTA et CSA. Pour autant cela ne peut constituer dans le meilleur des cas qu’une transition vers la prise du pouvoir par le prolétariat.
Pour cela, la classe ouvrière doit se doter d’un parti ouvrier. C’est en combattant aujourd’hui sur une orientation combinant le combat pour la rupture des dirigeants avec le régime et la propagande pour la construction du parti ouvrier que l’on pourra regrouper une avant-garde sur la ligne de la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire.

Le 27 octobre 2023

Le 15 octobre 2023

solidarité inconditionnelle avec le peuple palestinien:

SOLIDARITÉ INCONDITIONNELLE AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN

A BAS L’ÉTAT D’ISRAËL

LES DIRIGEANTS DU MOUVEMENT OUVRIER DOIVENT TOUT METTRE EN ŒUVRE POUR FAIRE CESSER LES MASSACRES

LES DIRIGEANTS DE L’UGTA DE LA CSA DOIVENT IMMÉDIATEMENT APPELER À UNE MANIFESTATION CENTRALE À ALGER EN SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN, POUR IMPOSER AU RÉGIME QU’IL ROMPE TOUTE RELATION AVEC LES SOUTIENS À L’ENTITÉ SIONISTE .

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A la veille du déclenchement de l’offensive guerrière et génocidaire de Tsahal sur Ghaza, Benjamin Netanyaou a déclaré : « Cette guerre va changer le Moyen Orient » . A travers cette déclaration, il s’agit purement et simplement d’en finir avec le peuple palestinien et de parvenir à l’objectif du grand Israël pour lequel les sionistes œuvrent depuis la Naqba en 1948.
L’offensive engagée se fait avec l’aval de l’ensemble des puissances impérialistes occidentales et le silence, voir la complicité des « régimes arabes ». Les masques tombent, la prétendue solution à deux états n’avait qu’un but : faire en sorte que la direction de l’OLP reconnaisse l’état d’Israël.
L’entité sioniste, se présente pour ce qu’elle est : un état colonial prêt à perpétrer un véritable génocide pour atteindre ses objectifs. A l’heure ou cette déclaration est écrite 2500 palestiniens ont été massacrés, parmi eux 700 enfants.
Parqués depuis des décennies dans un ghetto, 1 million de ghazaouis sont désormais sommés de quitter le nord du territoire pour permettre l’invasion de celui-ci.
Il faut le rappeler : depuis la création de l’État colonial d’Israël sur le sol de Palestine sous l’égide de l’ONU en 1948, il n’y a qu’un seul « agresseur » : c’est l’État sioniste. La résistance Palestinienne fait face à un état terroriste qui perpétue des pogroms organisés par Tsahal et les colons, sur l’ensemble des territoires occupés et à Jérusalem.
L’invasion programmée de Ghaza est plus qu’une seconde Naqba. C’est en quelque sorte leur « solution finale ». Les sionistes veulent faire de Ghaza un nouveau Varsovie, empruntant la voie de leurs bourreaux durant la seconde guerre mondiale. Ils ont pour cela l’appui direct des Impérialismes Américains, Français (ce dernier est allé jusqu’à interdire toute manifestation en soutien aux palestiniens), de l’impérialisme, allemand, Anglais, Japonais…
Quant aux régimes arabes entre ceux qui ont établis des relations avec Israël et ceux qui se réfugient derrière les résolutions de l’ONU, ce qui revient au même, il n’y a rien à en attendre.
Partout dans le monde, des manifestations ont lieu pour dénoncer les massacres. Des états Unis à la Malaisie, de la Grande Bretagne, à la Tunisie la Jordanie ou le Maroc, des dizaines de milliers de travailleurs, de jeunes , de femmes cherchent à exprimer leur soutien au peuple Palestinien. En Algérie, malgré la chape de plomb instaurée par le régime qui a quadrillé la ville d’Alger vendredi 13 octobre pour empêcher la mobilisation, de nombreux jeunes ont manifesté.
Partout dans le monde, ce qui manque, c’est que les dirigeants des organisations ouvrières engagent et organisent dans l’unité la mobilisation afin que soit réalisée la rupture de toute relation avec Israël, que soit organisé le boycott effectif de l’état colonial.
La solidarité avec le peuple palestinien c’est la lutte pour que les travailleurs imposent à leurs dirigeants de prendre en charge l’organisation dans tous les pays, de la mobilisation et de l’action concrète pour arrêter le bras meurtrier d’Israël et de ses soutiens impérialistes, pour organiser le boycott d’Israël !
En Tunisie, la direction de l’UGTT a du appeler à manifester face à la pression des masses tunisiennes, alors même que la classe ouvrière et la jeunesse sont sous le joug de la dictature de Kais Saied

En Algérie, il faut imposer que les dirigeants de l’UGTA et de la CSA organisent la mobilisation, à travers une manifestation centrale à Alger pour imposer au régime la rupture de tous les accords avec les pays de l’Union Européenne, la Grande-Bretagne et les USA qui sont les premiers soutiens actifs à l’état d’Israël.

Notre position :

Souveraineté du peuple Palestinien sur l’ensemble de son territoire historique

La situation tragique que connaissent aujourd’hui les ghazaouis, montre plus que jamais qu’en aucun cas la question palestinienne ne trouvera une solution dans le cadre de la caverne de brigands que constitue l’ONU, simple faire-valoir pour perpétuer la domination impérialiste et coloniale.
La solution ne peut se situer dans le cadre du système capitalisme et des puissances impérialistes.
La paix, c’est la guerre à la guerre par les moyens que nous a légué le mouvement ouvrier international
Ce qui manque au peuple palestinien et au-delà,aux peuples du Moyen Orient, ce sont d’authentiques partis ouvriers rompant avec le capitalisme, l’impérialisme, et le colonialisme, des partis combattants sur l’axe de la destruction de l’état d’Israël, de la libération de la Palestine, dans le cadre du combat pour les États Unis socialistes du Moyen Orient.

Le 2 avril 2023

Adoption des lois anti-grève et anti-syndicale :

UN RUDE COUP PORTÉ CONTRE LE PROLÉTARIAT

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Le 29 mars 2023, le conseil de la nation a adopté les textes de loi contre l’exercice du droit de grève et du droit syndical. Le prolétariat se trouve ramené à la situation qu’il connaissait avant les années 1990. En effet, l’adoption de ces lois met purement et simplement fin aux quelques acquis issus de 88 en matière de liberté syndicale, en multipliant de fait les entraves à la constitution de syndicats indépendants du pouvoir et de la bourgeoisie. Ces lois interdisent de fait l’exercice du droit de grève avec l’obligation de passer par une multitude d’instances de « médiation » contrôlées de bout en bout par les représentants de l’État. Elles interdisent de fait que les travailleurs s’organisent en toute indépendance par rapport au patronat en imposant la présence des patrons ou de leurs représentants dans les assemblées générales.
Elles font en sorte qu’une épée de Damoclès pèse de façon constante sur les organisations syndicales qui peuvent à tout moment être arbitrairement dissoutes ou interdites, au nom de la représentativité, dont le régime a défini les critères, de telle sorte que cela leur permet de sélectionner des syndicats à la botte du régime, ou encore liquider les « brebis galeuses ». Elles permettent de dissoudre des syndicats qui organiseraient des grèves, décrétées illégales par les représentants du pouvoir .
Il remettent en cause le droit de s’organiser sur le plan politique en décrétant l’incompatibilité entre l’appartenance conjointe à un parti et à un syndicat. C’est dire qu’un militant syndical est condamné à la quasi clandestinité s’il veut s’organiser dans un parti politique.
Il serait trop long de détailler l’ensemble des mesures contenues dans ces deux textes, la réalité, c’est qu’on assiste à une régression qui renvoie aux pires périodes de la dictature de la junte militaire et du parti unique.
L’adoption de ces deux lois ouvre la voie à une intense chasse aux sorcières contre l’ensemble des militants ouvriers, contre la classe ouvrière dans son ensemble. C’est un coup porté d’une ampleur telle qu’elle aura des conséquences catastrophiques durables sur la lutte des classes en Algérie.
Et ces lois ont été adoptées pour ainsi dire sans combat. Ou plus exactement, elles ont été adoptées sans que les dirigeants syndicaux n’engagent le moindre combat conséquent.

Le 23 janvier 2023

Projets de loi Chorfa contre l’exercice du droit syndical et l’exercice du droit de grève : Il est urgent d’en imposer le retrait

Il faut imposer aux dirigeants syndicaux : Qu’ils se prononcent immédiatement et sans ambiguïté pour le retrait pur et simple de ces projets de loi. Qu’ils quittent immédiatement toutes les instances de dialogue et de concertation avec le gouvernement visant à associer les organisations syndicales à la mise en œuvre de ce projet de loi. Qu’ils organisent dans l’unité le combat pour interdire au gouvernement de faire passer ses lois .

TEBBOUNE ET SON GOUVERNEMENT À L’OFFENSIVE :

Loi de muselage complet de la presse, loi de liquidation du droit de grève, loi de liquidation du droit de constituer des syndicats indépendants de l’état : Tebboune et son gouvernement ont engagé une offensive majeure pour faire table rase des quelques droits démocratiques conquis par le prolétariat algérien en 1988.

le 21 novembre 2022

Tebboune son gouvernement et le régime s’apprêtent à porter un coup décisif à l’exercice du droit et des libertés syndicales

Les travailleurs devront imposer aux dirigeants de l’UGTA de la CSA et à l’ensemble des responsables des syndicats nationaux et fédérations :

Qu’ils se prononcent immédiatement et sans ambiguïté pour le retrait de ce projet de loi.

Qu’ils quittent immédiatement toutes les instances de dialogue et de concertation avec le gouvernement visant à associer les organisations syndicales à la mise en œuvre de ce projet de loi.

Qu’ils organisent dans l’unité le combat pour interdire au gouvernement de faire passer sa loi .

Le régime est passé à l’offensive

Incontestablement, de l’eau a passé sous les ponts depuis l’immense mobilisation visant à faire tomber le régime qu’a constitué le Hirak.
Ce dernier est parvenu non sans peine à se rétablir, à travers la feuille de route qu’il avait défini, et la succession des scrutins qui se sont tenus, dont le premier fut l’élection présidentielle .
C’est parce que les dirigeants syndicaux (aussi bien UGTA que CSA) se dressèrent contre toute perspective de boycott, que ces élections ont eu lieu , marquant un revers considérable pour la classe ouvrière algérienne.
La conséquence immédiate de ce revers s’est traduite par l’accentuation de la répression, ciblée sur les militants et les journalistes, le musellement total de la presse avec la bénédiction des oligarques, à l’image de Rebrab qui a de lui-même mis fin à l’existence du journal Liberté dont il était le patron, et la remise en cause des acquis sociaux.
Pour Teboune et sa clique, au service de la bourgeoisie et des puissances impérialistes, il s’agit à présent d’engager une offensive sans précédant contre les maigres protections dont bénéficient les travailleurs. Ils ont commencé dès la loi de finance 2022 en adoptant le principe de la suppression des subventions aux produits de première nécessité.

le 18 octobre 2021

FACE A LA CRISE, FACE A LA DÉGRADATION CONTINUE DES CONDITIONS DE VIE DES TRAVAILLEURS ET DE LA JEUNESSE :

DOUBLEMENT DU POINT INDICIAIRE POUR TOUTE LA FONCTION PUBLIQUE !

AUGMENTATION GÉNÉRALE DES SALAIRES DES PENSIONS ET DES RETRAITES PAR UNE INDEXATION SUR LE COÛT DE LA VIE !

A BAS LA LOI DE FINANCE 2022 QUI ORGANISE LA LIQUIDATION DU SUBVENTIONNEMENT DES PRODUITS DE PREMIÈRE NÉCESSITE

POUR SATISFAIRE CES REVENDICATIONS :

AUCUNE COLLABORATION AVEC LE GOUVERNEMENT !

LES TRAVAILLEURS DEVRONT IMPOSER AUX DIRIGEANTS SYNDICAUX

:

ROMPEZ LE DIALOGUE ET LA CONCERTATION AVEC LE GOUVERNEMENT

PRONONCEZ VOUS POUR LE RETRAIT DE LA LOI DE FINANCE 2022

ORGANISEZ LA MOBILISATION UNIE ET CENTRALE SUR CET OBJECTIF

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En cette rentrée sociale, jamais la situation n’a été plus critique pour les plus larges masses, exploitées et démunies.
Vie chère, pénuries, crise du logement et des transports, aggravation des effets de la pandémie COVID-19 (les chiffres avancés par les pouvoirs publics sont loin de la réalité), la grande majorité se débat pour sa survie, la famine commence à s’installer dans de nombreux foyers. A cela, il faut rajouter le chômage endémique, qui touche particulièrement une jeunesse sans perspective, conduisant certains jeunes à risquer leur vie dans des embarcations de fortune, pour quitter le pays et fuir la misère.

Déclaration du 4 juillet 2021

Le 4 juillet 2021

A BAS LE RÉGIME ET SES INSTITUTIONS, 
A BAS L’ASSEMBLÉE ILLÉGITIME ET SES DÉPUTES CROUPIONS

LIBÉRATION IMMÉDIATE DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES

ARRÊT DE LA RÉPRESSION, DÉFENSE DES DROITS DÉMOCRATIQUES

RUPTURE IMMÉDIATE DU DIALOGUE AVEC LE RÉGIME, EN PARTICULIER AVEC LE GOUVERNEMENT ISSU DE CES ÉLECTIONS

ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE

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ÉLECTIONS LÉGISLATIVES : UN FIASCO POUR LE RÉGIME

Il était inévitable que le taux d’abstention aux élections législatives soit historiquement important. Le régime s’y attendait et s’y préparait. Tebboune le premier, puisque qu’il clamait haut et fort que le taux de participation lui importait peu. Mais il faut le constater, l’abstention atteint des records historiques, traduisant comme jamais sur le plan électoral le rejet unanime du régime et de ses institutions. Un taux d’abstention qui dépasse les records, celui survenu à l’élection présidentielle et au référendum. Selon les chiffres officiels, le taux de participation peine à atteindre les 23 % et dans certaines wilayas (TIZI OUZOU, BEJAIA), le taux de participation frôle le zéro pointé.
Aucun parti n’a obtenu 300 000 voix. Avec 98 sièges, le FLN a obtenu 287 828 voix, suivi du MSP (208 471 voix), RND (198 758), Front El Moustakbal (153 987), Mouvement El Bina (106 203 voix). Les cinq partis n’ont pas dépassé, le million de voix. Ils ont obtenu, ensemble, 955 247 voix sur 4 610 652 de suffrages exprimés. Le nombre d’électeurs inscrits était de 24 453 992 et celui des votants de 5 622 401. Au total, 1 011 749 de bulletins ont été déclarés nuls. Jamais dans l’histoire du pays la clique au pouvoir n’a subi un tel camouflet. C’est une assemblée croupion, illégitime et composée dans sa totalité d’affairistes et de corrompus à la solde de la junte militaire qui a été « élue ». Ce scrutin, et la déconfiture de l’ensemble des partis qui s’y sont engagés, fournit la preuve implacable que les masses algériennes, dans leur immense majorité, étaient prêtes pour engager le combat contre le régime. Encore une fois, seul le refus d’appeler au boycott actif des élections par les dirigeants syndicaux a permis la tenue d’un scrutin plus que jamais entaché par la fraude, l’illégitimité et la corruption. C’est une assemblée croupion, et dès le lendemain des élections, les manifestants en Kabylie l’ont fait savoir en s’en prenant aux députés fraîchement désignés.....

Déclaration du 20 avril 2021

le 20 avril 2021

LE TEMPS PRESSE !

POUR EN FINIR AVEC LE RÉGIME, POUR LA SATISFACTION DES REVENDICATIONS ET L’ARRÊT DE LA RÉPRESSION :

IL FAUT IMPOSER AUX DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS SYNDICALES UGTA ET CSA QU’ILS APPELLENT AU BOYCOTT ACTIF ET EFFECTIF DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES !

QU’ILS ANNONCENT DÈS À PRÉSENT QU’ILS APPELLERONT À LA GRÈVE GÉNÉRALE POUR EMPÊCHER LA TENUE DU SCRUTIN !

MALGRÉ TOUTES LES TENTATIVES DE RÉDUIRE LA MOBILISATION DU HIRAK, LES RAPPORTS ENTRE LES CLASSES RESTENT INTACTS

Depuis le 22 février, les manifestations du Hirak ont repris. Sans doute le nombre de manifestants n’est plus celui qui existait au départ. Toutes les forces politiques qui depuis des mois proposent le « dialogue inclusif », la « transition consensuelle » avec le régime ont contribué à cet affaiblissement.
Inévitablement il peut y avoir ponctuellement des avancées et des reculs dans la mobilisation du Hirak. De ce point de vue, les manifestations du 20 avril ont démontré la puissance du prolétariat et de la jeunesse à l’occasion de la célébration du double anniversaire des printemps berbères. Il n’en demeure pas moins que la volonté des manifestants – malgré la répression qui n’a jamais faibli - à l’encontre de ses dirigeants est claire et s’exprime dans les mots d’ordre repris : «  pas d’élections avec Tebboune ! Régime, dégage ! ». En même temps, les manifestants s’en prennent à l’impérialisme français avec lequel Tebboune collabore, en particulier au Sahel.

Déclaration du 7 mars 2021

A BAS LE RÉGIME, SA CONSTITUTION, SES INSTITUTIONS !

ARRÊT IMMÉDIAT DE LA RÉPRESSION LIBÉRATION DE L’ENSEMBLE DES DÉTENUS !

POUR LA RUPTURE DES DIRIGEANTS DE L’UGTA ET DE LA CSA AVEC LE RÉGIME !

DÈS À PRÉSENT LES DIRIGEANTS DE L’UGTA ET DE LA CSA DOIVENT APPELER AU BOYCOTT DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES ET DES ÉLECTIONS LOCALES !

POUR UNE ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE CONVOQUÉE ET ÉLUE SOUS LE CONTRÔLE DES MASSES EN LUTTE !

À NOUVEAU, LA DÉFERLANTE

L’immense mobilisation des travailleurs et de la jeunesse qui a eu lieu à la veille de la commémoration du hirak dans la ville de Kherrata l’annonçait : à nouveau, après un an de confinement du fait du COVID, copieusement instrumentalisé par le pouvoir, malgré la répression inouïe contre les militants politiques, les syndicalistes et plus généralement les activistes du hirak, c’est une véritable déferlante à laquelle nous avons pu assister le 22 février, avec d’immenses cortèges dans l’ensemble du pays. L’extraordinaire déploiement des forces de police et de sécurité n’y a rien fait. Ils étaient des centaines de milliers à travers le pays à manifester pour en finir avec le régime...

une nouvelle declaration de Maghreb Socialiste
le 31 janvier 2020

Le 31 janvier 2021

Contre la vie chère et l’augmentation des produits de première nécessité fauteurs de misère

Contre le chômage et les licenciements,

Pour le paiement des salaires dus ,

Pour le droit au travail, à l’instruction, aux soins,

il faut imposer :

LA RUPTURE DES DIRIGEANTS DE L’UGTA ET DES SYNDICATS AUTONOMES AVEC LE POUVOIR !

LE FRONT UNIQUE DE CES ORGANISATIONS POUR AFFRONTER ET VAINCRE LE GOUVERNEMENT TEBBOUNE-DJERRAD

Referendum:une nouvelle declaration de Maghreb Socialiste
le 9 novembre 2020

REFERENDUM SUR LA CONSTITUTION : UN FIASCO POUR LE RÉGIME.

A BAS LA CONSTITUTION !

DEHORS TEBBOUNE-DJERRAD !

A BAS LE RÉGIME !

LIBÉRATION IMMÉDIATE DES PRISONNIERS POLITIQUES !

DÉFENSE DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES !

ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE !

NUMILOG: Un nouveau communiqué de Maghreb Socialiste.

IL Y A URGENCE: La direction de la centrale UGTA doit se prononcer sans ambiguïté en soutien aux travailleurs de NUMILOG.

Pour cela elle doit prendre en charge le combat pour la satisfaction des revendications des travailleurs.

Elle doit organiser la mobilisation des travailleurs de l’ensemble du groupe CEVITAL pour infliger une défaite à REBRAB à la bourgeoisie dans son ensemble et au régime.

RÉINTÉGRATION IMMÉDIATE DE TOUS LES TRAVAILLEURS ET SYNDICALISTES À NUMILOG

RESPECT DES DROITS SYNDICAUX ET DU DROIT DE GRÈVE À NUMILOG et dans l’ensemble du groupe CEVITAL

Il ne fait aujourd’hui aucun doute. La grève des travailleurs de NUMILOG revêt un enjeu national...

GRÈVE CHEZ NUMILOG: Un communiqué de Maghreb Socialiste.

RÉINTÉGRATION IMMÉDIATE DE TOUS LES TRAVAILLEURS ET SYNDICALISTES À NUMILOG

RESPECT DES DROITS SYNDICAUX ET DU DROIT DE GRÈVE

IL FAUT IMPOSER AUX DIRECTIONS DES CENTRALES SYNDICALES QU’ELLES PRENNENT POSITIONS DANS L’UNITE  POUR FAIRE RECULER REBRAB

une nouvelle declaration de Maghreb Socialiste

9 mois après la désignation de Tebboune à la présidence,  mettre un coup d’arrêt à l’offensive du régime suppose d’engager le combat sur le mot d’ordre central  :

A BAS LE REFERENDUM SUR LA CONSTITUTION !

BOYCOTT DE LA MASCARADE DU PREMIER NOVEMBRE !

La classe ouvrière doit s’organiser pour imposer aux dirigeants des organisations ouvrières, et en particulier des organisations syndicales, le front unique pour appeler au boycott du referendum, et préparer dès aujourd’hui les conditions de son organisation effective.

une nouvelle declaration de Maghreb Socialiste

Une offensive historique du régime contre le prolétariat et la classe ouvrière d’une ampleur inédite

A BAS LA LOI DE FINANCE COMPLÉMENTAIRE 2020 !

A BAS LE PROJET DE CONSTITUTION DU RÉGIME !

DÉFENSE DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES !

LIBÉRATION IMMÉDIATE DES PRISONNIERS POLITIQUES !

Il faut agir pour la réalisation du front unique des partis et syndicats se réclamant de la classe ouvrière, pour leur rupture avec Tebboune et son gouvernement sur ces objectifs

Coronavirus: DÉCLARATION DE MAGHREB SOCIALISTE le 29 mars 2020

Le capitalisme est responsable du désastre provoqué par l’épidémie du Covid-19 ! L’urgence absolue, c’est de combattre pour le socialisme à l’échelle de la planète !

EN ALGÉRIE IMMÉDIATEMENT :

RUPTURE DES DIRIGEANTS DES SYNDICATS ET PARTIS OUVRIERS AVEC LE RÉGIME

FRONT UNIQUE DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES CONTRE LE PLAN TEBBOUNE

Un nouvel article de Maghreb Socialiste
Le 29 février 2020

Un an après le déclenchement du « Hirak », plus que jamais à l’ordre du jour :

IMPOSER AUX DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES, PARTIS ET SYNDICATS QU’ILS ROMPENT TOUT DIALOGUE AVEC LE RÉGIME !

IMPOSER LE FRONT UNIQUE DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES PARTIS ET SYNDICATS SUR L’ORIENTATION :

A BAS LE RÉGIME ! DEHORS TEBBOUNE !

SATISFACTION IMMÉDIATE DES REVENDICATIONS DÉMOCRATIQUES ET OUVRIÈRES !

ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE !

Le 23 décembre 2020

Déclaration du groupe Maghreb Socialiste après l’élection présidentielle :

-A BAS LE RÉGIME ! AUCUN DIALOGUE AVEC LE POUVOIR !
-DEHORS TEBBOUNE !
-LES DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES PARTIS ET SYNDICATS DOIVENT REFUSER TOUT DIALOGUE AVEC LE RÉGIME
-FACE AU RÉGIME MILITARO-POLICIER : LIBERATION DES MILITANTS ET MANIFESTANTS EMPRISONNÉS
-POUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE !
ÉLECTION DE TEBBOUNE : LE RÉGIME A FRANCHI UNE ÉTAPE IMPORTANTE DANS LA MISE EN ŒUVRE DE SA FEUILLE DE ROUTE, MAIS POUR LUI TOUT RESTE A FAIRE.

le 5 décembre 2019 2019

LES MILITANTS REGROUPÉS AUTOUR DE MAGHREB SOCIALISTE INTERVIENNENT ET INFORMENT:

Depuis plus d’un mois, avec nos forces limitées, nous avons combattu sur l’orientation :

«  Il faut imposer aux dirigeants des organisations ouvrières, en premier lieu de la CSA, des structures de l’UGTA déterminées à combattre, du SNATEG, de la COSYFOP... :

QU’ILS SE PRONONCENT POUR LE BOYCOTT DES ÉLECTIONS

QU’ILS S’ENGAGENT À L’ORGANISER, EN APPELANT DÈS À PRÉSENT À LA GRÈVE GÉNÉRALE PERMETTANT, LE JOUR DU SCRUTIN D’EMPÊCHER QU’IL NE SE DÉROULE, EN INTERDISANT L’ACCÈS AUX BUREAUX DE VOTE

C’est de cette façon que pourra s’imposer l’expression de la souveraineté populaire, à travers l’élection d’une Assemblée Nationale souveraine sous le contrôle des masses...

Informés depuis de l’ initiative prise par le Cosi (comité d’organisation des socialistes internationalistes), d’une adresse en direction des dirigeants des organisations syndicales et ouvrières pour qu’elles appellent à la grève générale et organisent le boycott des élections, les militants de Maghreb socialiste ont décidé de s’y associer en faisant contresigner le texte suivant :

Déclaration du 17 Novembre 2019

L’ÉLECTION DU 12 DÉCEMBRE NE DOIT PAS AVOIR LIEU !

DIRIGEANTS des organisations syndicales de la CSA, des structures de l’UGTA déterminées à combattre, du SNATEG, de la COSYFOP… : PRONONCEZ-VOUS POUR LE BOYCOTT !

ENGAGEZ VOUS DÈS À PRÉSENT À L’ORGANISER PRATIQUEMENT, EN APPELANT À LA GRÈVE GÉNÉRALE SUR LE MOT D’ORDRE DU BOYCOTT ! (pour faire en sorte que le jour du scrutin la classe ouvrière et la jeunesse en interdisent la tenue)

Déclaration de Maghreb socialiste

Le 5 octobre 2019

BAS LE RÉGIME !

L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE NE DOIT PAS AVOIR LIEU !

DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES, CSA, COMITÉ DE RÉAPPROPRIATION DE L’UGTA : PRONONCEZ-VOUS POUR LE BOYCOTT DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE DÉCEMBRE ET ENGAGEZ-VOUS À L’ORGANISER !

Déclaration du 18 septembre

À BAS LE RÉGIME !POUVOIR ASSASSIN !

À BAS LA RÉPRESSION !

À BAS LES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES !

LES DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS SE RÉCLAMANT DE LA CLASSE OUVRIÈRE (SYNDICATS ET PARTIS) DOIVENT ROMPRE AVEC LE RÉGIME, LA BOURGEOISIE ET SES SUPPLÉTIFS !

FACE A LA RÉPRESSION MASSIVE ET SANGLANTE, LA RESPONSABILITÉ DU COMITÉ POUR LA RÉAPPROPRIATION DE L’UGTA ET DE LA CSA : APPELER À LA GRÈVE GÉNÉRALE !

Déclaration du 25juillet 2019

ILS DOIVENT TOUS PARTIR !

À BAS LE RÉGIME ! AUCUN DIALOGUE AVEC GAÏD SALAH ET SON GOUVERNEMENT !

À BAS LA RÉPRESSION ! LIBÉRATION DE TOUS LES EMPRISONNÉS POLITIQUES !

POUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE !

LES DIRIGEANTS DES ORGANISATIONS SE RÉCLAMANT DE LA CLASSE OUVRIÈRE (SYNDICATS ET PARTIS) DOIVENT ROMPRE TOUTE FORME DE DIALOGUE AVEC LE RÉGIME, LA BOURGEOISIE ET SES SUPPLÉTIFS !

En particulier, les dirigeants de la CSA et Merabet doivent rompre toute coopération avec le régime à travers un "dialogue politique" qui ne peut viser qu’à la préservation du régime.

Déclaration du 19 juin 2019

PAS DE DIALOGUE AVEC LES GANGS !

A BAS LA CONFÉRENCE DE LA HONTE ET DE LA TRAHISON !

DIRIGEANTS DE LA CSA ET DES SYNDICATS AUTONOMES :

ROMPEZ IMMÉDIATEMENT TOUTE DISCUSSION AVEC LE POUVOIR!

QUITTEZ IMMEDIATEMENT LA CONFÉRENCE NATIONALE !

ORGANISEZ AVEC « LE COMITÉ DE RÉAPPROPRIATION DE L’UGTA PAR LES TRAVAILLEURS » LE FRONT UNI POUR EN FINIR AVEC LE RÉGIME !

EN FINIR AVEC LE RÉGIME:

« Pas de discussion avec les gangs ! », « Dehors Gaid Salah !», c’est sur ces mots d’ordre que les millions de travailleurs et de jeunes manifestent depuis des semaines, après avoir réussi à imposer le départ de Bouteflika et l’annulation de l’élection présidentielle programmée initialement pour le 4 juillet par la hiérarchie militaire et les débris du régime...

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Déclaration du 10 mai 2019

NON LA DICTATURE MILITAIRE !

À BAS LA RÉPRESSION !

LIBÉRATION IMMÉDIATE DE LOUISA HANOUNE ET ARRÊT DES POURSUITES !

HALTE À LA RÉPRESSION DE TOUS LES MILITANTS POLITIQUES ET SYNDICAUX QUI S OPPOSENT AU RÉGIME !

DÉFENSE DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES !

IL EST URGENT POUR EN FINIR AVEC GAÏD SALAH ET AVEC LE RÉGIME QUE L’UGTA (responsables syndicaux combattant pour que Sidi Saïd dégage) ET LA CSA APPELLENT À LA GRÈVE GÉNÉRALE !

déclaration du 5 mai 2019

Le temps presse !

Pour balayer le régime :

ASSEMBLÉE NATIONALE SOUVERAINE

Pour satisfaire les revendications du prolétariat et de la jeunesse :

GOUVERNEMENT DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES : L’UGTA – DÉBARRASSÉE DE LA CLIQUE DE SIDI SAÏD - ET LA CSA

Dans ce but :

FRONT UNIQUE CSA-UGTA POUR APPELER À LA GRÈVE GÉNÉRALE, CONSTITUER LES COMITÉS DE GRÈVES ET UN COMITÉ CENTRAL DE GRÈVE !

ALGERIE

Déclaration du site Maghreb socialiste le 18 avril 2019

Non à la répression !

Dehors Bensalah, dehors le gouvernement Bedoui, dehors l’Assemblée nationale et le Sénat au service du régime ! Dehors Gaïd Salah !

Il faut imposer le front unique UGTA-CSA pour l’appel à la grève générale pour les chasser tous, pour balayer le régime !

Pour une Assemblée nationale souveraine !

7 avril 2019

Déclaration du 7 avril 2019

Ils doivent tous partir !

Dehors Gaïd Salah !

Assemblée nationale souveraine

Plus que jamais, il faut imposer aux dirigeants syndicaux (UGTA et CSA) le front unique ouvrier pour en finir avec le système, pour en finir avec le régime

29 mars 2019

Déclaration du 29 mars 2019

Gaïd Salah et la hiérarchie militaire tentent de sauver le régime Dehors Bouteflika, dehors Gaïd Salah ! Assemblée nationale souveraine ! Il faut imposer aux dirigeants syndicaux (UGTA, syndicats autonomes) qu’ils appellent à la grève générale pour en finir avec le régime !

17 mars 2019

Déclaration le 17 mars 2019

Après la mobilisation historique du 15 Mars : A bas Boutefkika, son régime, son système, sa conférence! Les dirigeants syndicaux ( UGTA, Syndicats autonomes) doivent se prononcer : Pas un jour de plus! Appel à la grève générale! Boycott de la "conférence inclusive"!

10 mars 2019

Déclaration le 10 mars 2019

Pour en finir avec le régime ! Dirigeants syndicaux , appelez à la grève générale!

28fevrier2019

Déclaration le 28 février 2019

La jeunesse aux premiers rangs du combat pour en finir avec le régime :

- A BAS LE CINQUIÈME MANDAT

- DEHORS BOUTEFLIKA ET SON ASSEMBLÉE CROUPION

- A BAS LE "SYSTÈME" ! A BAS LE RÉGIME !

Il faut imposer aux dirigeants de l’UGTA et des syndicats autonomes de rompre avec le gouvernement et de prendre en charge l’organisation d’une

IMMENSE MANIFESTATION CENTRALE A ALGER POUR EN FINIR AVEC LE RÉGIME

18fevrier2019

Face à la farce électorale :

Rupture des dirigeants de l’ugta et des syndicats autonomes avec le pouvoir!

Manifestation centrale sur les mots d’ordre suivants :

Non au cinquième mandat !

Bouteflika dégage!

Assemblée Nationale souveraine!

10janvier2018

A bas la politique d’austérité du gouvernement programmée par la loi des Finances contre le prolétariat et la jeunesse ! A bas la répression ! Pour le droit de s’exprimer et de manifester ! Pas touche au droit de grève !

13 juin 2017

Retraites, code du travail, subventions... Le gouvernement algérien accélère sa politique anti-ouvrière pour faire payer aux masses la crise du capitalisme : rupture avec le gouvernement et front unique ouvrier des organisations syndicales pour obtenir le retrait des contre-réformes !

31 octobre 2016

Réforme des retraites, conditions de vie, code du travail... la classe ouvrière et la jeunesse algériennes refusent de faire les frais d’une économie au bord du gouffre

5 septembre 2016

REFORME DES RETRAITES UN SEUL MOT D'ORDRE : A BAS LA REFORME !

23 avril 2016:

actualisation et précisions (supplément à l'article du 6 avril)

ALGERIE

6 avril 2016:

Algerie, sur quelle orientation combattre

janvier 2016:

Les prémisses d’une crise économique, sociale et politique de grande ampleur

janvier 2013:

La situation politique en Algérie et la politique du « PT » algérien

Octobre 2010

Le « parti des travailleurs » d’Algérie apporte un soutien total à Bouteflika, au pouvoir totalitaire,contre les masses exploitées et opprimées

mai 2010:

Algérie :La classe ouvrière défie le pouvoir et cherche à le combattre

janvier 2007:

Algérie : un pouvoir usé et corrompu, une classe ouvrière désarmée

janvier 2002:

La classe ouvrière et la jeunesse algériennes manquent cruellement d'un authentique parti ouvrier

juin 2001:

Algérie: A bas le pouvoir assassin !Pour un authentique parti ouvrier

avril 1996:

Algérie : contre la dictature militaire contre la réaction islamiste pour un authentique parti ouvrier

fevrier 1992 :

Algérie : contre la dictature: pour un authentique parti ouvrier pour un programme ouvrier

septembre 1991 :

Algérie: par-dessus et contre la classe ouvrière le fis et la caste des officiers s'affrontent pour le pouvoir

septembre 1991:

Les évenements tragiques d'Algérie et la politique du "PT"Algerien

novembre 1988:

la révolution proletarienne sourd

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