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Coronavirus: DÉCLARATION DE MAGHREB SOCIALISTE le 29 mars 2020

Le capitalisme est responsable du désastre provoqué par l’épidémie du Covid-19 ! L’urgence absolue, c’est de combattre pour le socialisme à l’échelle de la planète !

EN ALGÉRIE IMMÉDIATEMENT :

RUPTURE DES DIRIGEANTS DES SYNDICATS ET PARTIS OUVRIERS AVEC LE RÉGIME

FRONT UNIQUE DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES CONTRE LE PLAN TEBBOUNE

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Une épidémie aux effets aussi redoutables que prévisibles

L’épidémie du coronavirus est désormais mondiale. Elle a atteint des centaines de milliers d’êtres humains et a fait plusieurs milliers de morts. Elle commence à toucher des pays tels que ceux d’Afrique, d’Asie où d’Amérique du Sud, où les conditions sanitaires et d’hygiène sont si désastreuses que son développement y sera inévitablement foudroyant et massivement meurtrier. Avec les catastrophes d’ores et déjà annoncées, elle menace de faire sombrer dans la barbarie l’immense majorité de la planète. Ainsi en est-il de l’Algérie, où, avant même le déclenchement de l’épidémie, le gouvernement s’apprêtait à mettre en œuvre un plan d’austérité meurtrier dans le cadre des recommandations du FMI et des principales puissances impérialistes, pour faire face aux conséquences de la crise économique mondiale sur les revenus pétroliers.

Un pays où le dénuement est tel en matière d’équipement hospitalier que les conséquences du développement du COVID s’annoncent épouvantables pour les masses Algériennes.

Le capitalisme obstacle absolu à toute recherche et combat efficace contre la pandémie

Il s’en faut de beaucoup que le développement du virus soit une fatalité « naturelle ». Il est le résultat mortifère du mode de production capitaliste.

D’abord parce que c’est le capitalisme qui a interdit et interdit encore tout développement de la recherche scientifique permettant de combattre ce type de virus.

Dans la plupart des pays, les recherches sur les vaccins contre ce type de virus ont été interrompues après que l’épidémie du SRAS ait reflué parce qu’elles ont été jugées non rentables. Ainsi en France, un des chercheurs en virologie explique que l’Europe s’est désengagée alors de ces recherches :

« Avec mon équipe, nous avons continué à travailler sur les coronavirus, mais avec des financements maigres et dans des conditions de travail que l’on a vu peu à peu se dégrader. » Les moyens consacrés par les trusts mondiaux de l’industrie pharmaceutique à la recherche sur les vaccins sont de même plus que limités car comme l’indique Le Monde du 18 mars 2020 : « Les vaccins coûtent cher à développer, on parle de 2 milliards de dollars (1,82 milliard d’euros) pour le coronavirus, et rapportent peu, puisqu’une ou deux injections suffisent à protéger. Les grands laboratoires mondiaux et les jeunes pousses ne s’y aventurent que s’ils sont soutenus par des fondations ou des Etats ».

Le capitalisme et les gouvernements à son service sont directement responsables de la détresse et de l’impuissance dans laquelle sont plongées les masses de toute la planète face au virus

Les travailleurs le découvrent avec stupeur : dans de nombreux pays, il est impossible de se procurer le moindre matériel de protection contre le virus. Il n’y a ni gel hydroalcoolique ni masque disponible. Les médecins, faute de tests en nombre suffisant, ne peuvent dépister les malades. Les hôpitaux n’ont pas de respirateurs en nombre suffisant et, d’ores et déjà, on sélectionne les malades qui seront soignés et ceux que la pénurie de matériel de lits d’hôpitaux condamnent à mourir.

L’Algérie, quant à elle s’apprête à subir une reforme de la santé dont l’objectif à moyen terme est l’arrêt de la construction d’équipements publics tels que les CHU, le développement de la privatisation du système de santé, la remise en cause des remboursements des soins par la CNAS ; elle subit aussi la réforme des retraites qui a déjà des conséquences dramatiques sur les conditions d’existence et sur la santé des personnes âgées.

L’exploitation de la force de travail jusqu’au bout au nom du profit la mise en danger cynique de la santé des travailleurs

On s’étonne de toute part du retard des mesures prises contre l’épidémie.

Pourquoi le « retard »  ? Pourquoi en Grande-Bretagne, Boris Johnson a-t-il développé la théorie selon laquelle il valait mieux que la maladie se développe pour qu’ensuite la population soit immunisée ? Les scientifiques en Grande-Bretagne ont établi qu’en vertu de cette politique, entre 250 000 et 500 000 Britanniques étaient condamnés à mourir du virus.

« Pourquoi les autorités sanitaires ont-elles, dans ces pays, décidé de ne suivre ni les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ni l’exemple chinois de lutte contre l’épidémie ? En décidant de laisser l’épidémie suivre son cours et d’attendre samedi 14 mars pour tenter de l’arrêter en fermant tous les lieux publics non indispensables, les pouvoirs publics français ont, sans le dire, accepté l’idée qu’une part importante de la population va être, dans les prochains mois, infectée par le coronavirus. Avec à la clé, à tout le moins, probablement, des dizaines de milliers de personnes décédées dans l’Hexagone. » interroge un journaliste du Monde.

Mais ce même journaliste poursuit : « “Pour sauver des vies, nous devons réduire la transmission. Cela signifie qu’il faut trouver et isoler le plus grand nombre de cas possibles, et mettre en quarantaine leurs contacts les plus proches”, vient de déclarer le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avant d’ajouter : “Même si vous ne pouvez pas arrêter la transmission, vous pouvez la ralentir et protéger les établissements de santé, les maisons de retraite et d’autres espaces vitaux – mais seulement si vous testez tous les cas suspects.” »

À l’évidence, aujourd’hui, de nombreux pays, la France par exemple, ont renoncé à tester « tous les cas suspects » .

La raison est simple : il fallait jusqu’au bout que tournent les entreprises. Il fallait jusqu’au bout que les conditions de la réalisation du profit soient maintenues. Plus cyniquement encore, le journaliste conservateur britannique Jeremy Warner a vanté les mérites de la pandémie de coronavirus qui « tue principalement les personnes âgées » « Sans aller trop dans le détail, d’un point de vue purement économique, le coronavirus pourrait même s’avérer légèrement bénéfique à long terme en éliminant principalement les personnes âgées dépendantes.»

Pour ce qui est de l’Algérie, le gouvernement Tebboune n’a cessé de prétendre que la situation était sous contrôle, que tout était mis en œuvre au niveau des services de santé. Dans le même temps, le régime interdit à l’ensemble des directeurs de la Santé, des établissements et des structures de santé sous tutelle, de communiquer sur la situation sanitaire . Inutile de préciser qu’en posant cette injonction, le régime avoue de lui même qu’il ment sur le développement de la maladie, et sur les conséquences dramatiques qui s’annoncent.

Le 22 mars, le ministre de la Santé, Benbouzid, finissait par déclarer que L’Algérie était entrée en phase 3 de l’épidémie du coronavirus et que, par conséquent, « on devait se préparer au pire » .

Aujourd’hui, les effets se font douloureusement ressentir dans des villes comme Blida qui est totalement confinée, alors qu’Alger est sous confinement partiel. ….Comme dans de nombreux pays, le régime a tardé à prendre les mesures indispensables au ralentissement de la propagation de la maladie. Il est allé jusqu’à consulter les autorités religieuses, qui ont refusé, dans un premier temps, de suspendre les prières du vendredi !

Catastrophe sanitaire, catastrophe économique

Il est important de préciser : l’épidémie a précipité et amplifié la crise économique. Elle ne l’a pas créée.

La catastrophe sanitaire donne à la catastrophe économique qui était déjà en gestation une accélération foudroyante.

Dès 2019, la production industrielle était partout en recul (y compris aux Etats-Unis), la croissance brutalement freinée en Chine, la récession amorcée au Japon, la stagnation en Allemagne, etc. Les plumitifs de la bourgeoisie ont évidemment tout intérêt à faire du coronavirus la cause unique de la récession pour camoufler que les racines de cette crise sont beaucoup plus profondes, dans le système capitaliste lui-même, dans la crise de surproduction. Les interventions des banques centrales n’ont pu contenir la crise ouverte en 2008 qu’en nourrissant un accroissement de l’endettement des Etats et des entreprises. Dans un contexte de croissance extrêmement faible, cette accumulation de dettes constituait déjà une lourde menace. Dans le contexte de coup d’arrêt brutal et généralisé provoqué par le coronavirus, cet enchevêtrement de dettes se révèle explosif.

La Bourse a plongé partout dans des proportions énormes (en un mois, le CAC 40 est passé de 6111 points à 4000 points). Partout, les gouvernements annoncent la récession dont ils sous-estiment grossièrement l’ampleur d’ailleurs. Des secteurs entiers sont sinistrés (transport aérien, tourisme, hôtellerie, automobile, etc.). La chute du prix des matières premières en premier lieu du prix du pétrole annonce, pour les populations des pays producteurs de matières premières comme l’Algérie, qu’elles seront précipitées dans le dénuement absolu, voir la famine pure et simple. Alors que la loi de finance 2020 - qui constituait déjà une attaque massive contre les masses- était calculée sur la base d’un baril à 60 dollars, le cours de ce dernier oscille actuellement entre 20 et 30 dollars !!! Autant dire que la loi de finance rectificative de Tebboune va inéluctablement se traduire par des attaques inégalées contre le prolétariat en Algérie.

Aujourd’hui, les gouvernements annoncent des plans de relance pharaoniques.

États-Unis : les propositions de Trump coûteraient pas moins de 850 milliards de dollars (772 milliards d'euros). Soit davantage que les 787 milliards de dollars débloqués lors de la crise financière de 2008.

Allemagne : les entreprises confrontées à des problèmes de trésorerie pourront obtenir des prêts auprès de la banque publique KfW. À cet effet, Berlin débloque 93 milliards d’euros supplémentaires, dotant ainsi la banque de quelque 550 milliards d’euros de fonds en tout. « Il n’y a pas de plafond aux montants de prêts que KfW peut accorder » , a souligné le ministre des finances, promettant dans la foulée des allégements fiscaux et des reports d’impôts.

France : 45 milliards d'euros, dont une large part provenant d’un nouveau pillage des caisses de la Sécurité sociale, à travers les dispenses de cotisations sociales : c'est le montant du plan de soutien économique immédiat qui mélange des mesures de trésorerie et des mesures budgétaires à débourser immédiatement ; 300 milliards d'euros, c'est le montant de la garantie de l'État sur les prêts bancaires ; 1 000 milliards d’euros, c’est le montant de la garantie des prêts bancaires par les puissances publiques européennes.

Et après une première intervention sans aucun effet, Lagarde au nom de la BCE vient d’annoncer la mise à disposition de 750 milliards d’euros.

Plus récemment, Le G20 vient d’annoncer l’injection de 5000 milliards de dollars pour éviter la banqueroute. Quand aux Etats Unis, c’est un plan de relance de 2000 milliards qui a été adopté par les démocrates et les républicains .

L’argent doit couler à flots pour « sauver les entreprises » et « calmer les marchés » . Mais pas pour tout le monde : le FMI vient de refuser un prêt à l’Iran et au Venezuela !

Le gouvernement français envisage même de nationaliser Air France, moyennant sans doute un subventionnement confortable des actionnaires privés. Le gouvernement allemand évoque aussi les nationalisations.

Les gouvernements de la bourgeoisie redécouvrent les recettes de 2009 quand Obama nationalisait General Motors et le gouvernement britannique quelques-unes de ses plus grandes banques. Brutalement, les sacro-saintes règles agitées contre la classe ouvrière depuis des décennies (en premier lieu la réduction des déficits publics) sont abolies et n’ont plus cours.

Mais d’où vient l’argent ? La vérité est que les gouvernements, les banques centrales s’apprêtent à procéder à de la création monétaire à une ampleur inédite, en clair à faire fonctionner la « planche à billets » . Avec quelle efficacité ?

Les dernières annonces de Lagarde, présidente de la BCE ont certes, au moment où est rédigée cette déclaration, stoppé la débandade de la Bourse. Pour combien de temps ? Car les causes profondes de l’effondrement boursier n’ont nullement disparu. Chacun a en tête le scénario possible pour ne pas dire probable : faillites d’entreprises en série, augmentation brutale des dettes irrécouvrables, krach bancaire, sans exclure une inflation galopante, et au bout du compte disparition en fumée, y compris pour les travailleurs de leurs maigres dépôts bancaires.

En tout cas, il y a une certitude. Après l’épidémie, les gouvernements de la bourgeoisie s’apprêtent à une offensive contre les conditions d’existence du prolétariat sans commune mesure avec toutes les attaques antérieures – pourtant considérables : liquidation du droit aux études, nouvelle et violente attaque contre la santé publique, brutale baisse du pouvoir d’achat, chômage de masse, etc. Du reste, l’offensive a déjà commencé partout à l’échelle mondiale. 3 Millions de travailleurs ont déjà été licenciés en une semaine aux États Unis !

La réponse du gouvernement Tebboune  au coronavirus : une attaque sans précédent contre les conditions de vie élémentaires du prolétariat.

Le 22 mars, Tebboune a réuni le conseil des ministres. Au menu, les différentes mesures pour faire face à la crise.

Parmi les mesures phares, on peut retenir la réduction de la facture des importations de 41 à 31 milliards de dollars et la révision à la baisse de 30% du budget de fonctionnement de l’État, « sans incidence toutefois sur la masse salariale, » selon le communiqué du Conseil des ministres.

De qui se moque-t-on ? Comment peut- on faire croire qu’une baisse de 30 % du budget de fonctionnement de l’État n’aura pas d’impact sur la masse salariale ? Même en supprimant le budget de fonctionnement du ministère des armées qui représente à lui seul un quart de l’ensemble des budgets de fonctionnement des ministères, cela ne suffirait pas à combler la saignée prévue. (Il faut noter au passage que le budget de fonctionnement du ministère de la santé ne représente que 30 % de celui des armées, et 8 % de l’ensemble des budgets de fonctionnement des différents ministères).

Quant à la réduction drastique des importations, il ne fait aucun doute qu’elle touchera en premier lieu les produits de première nécessité, donc inévitablement les conditions de vie des masses. Il en est ainsi pour le couffin de la ménagère puisque la tension sur la distribution organisée par les spéculateurs a fait que le prix des fruits et légumes se sont stabilisés avec des augmentations brusques comprises entre 140 et 150 % sans qu’aucune mesure de protection des consommateurs ne soit effective.

Il faut encore noter, dans les mesures annoncées, la décision de se passer du recours aux cabinets d’expertise étrangers, ce qui permettra d’économiser 7 milliards de dollars. 7 milliards de dollars s’évanouissent donc dans d’obscurs cabinets d’expertises étrangers !!! Cela met au grand jour le pillage des ressources du pays au profit des grands trusts et des puissances impérialistes.

Concernant les pertes des entreprises occasionnées par la crise elles seront prises en charge dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2020, c’est à dire qu’en dernière analyse, les travailleurs vont payer les cadeaux faits aux patrons pour sauver les boites de la faillite.

Pour être plus complet, le régime prévoit de réduire de 14 à 7 milliards de dollars les charges d’exploitation et les coûts d’investissement pour la Sonatrach, ce qui va se traduire par des mesures drastiques contre les travailleurs de cette entreprise qui constituent un secteur clef de la classe ouvrière algérienne.

Seule l’armée n’est pas touchée qui, avec un budget de 12 milliards de dollars la place au 28eme rang mondial !!!!!

En Algérie les masses n’ont aucunement renoncé au combat pour en finir avec le régime. La décision de Tebboune d’interdire les rassemblements et marches « quelles que soient leur forme et leur nature… » n’a pas pour objectif de protéger les populations mais de restreindre demain la liberté de manifestation arrachée par les travailleurs et la jeunesse depuis plus d’un an. Mais il ne fait aucun doute que le prolétariat algérien poursuivra le combat.

Certains contingents de la classe ouvrière cherchent à se mettre en mouvement

Dans de nombreux pays les premières réactions ouvrières se manifestent. Les travailleurs se sont mis en grève, dans la métallurgie (automobile), les chantiers navals, pour que le travail soit interrompu afin de se protéger contre la diffusion du virus. C’est une revendication légitime. On peut aussi citer les travailleurs d’Amazon en France.

Au Brésil, dans des centres d’appels téléphoniques, à São Paulo, à Aracaju, à Bahia, des grèves ont éclaté, contre la poursuite du travail et le danger d’exposition à la contagion, comme le précise le site de la CSP-Conlutas.

D’autre part des grèves ont commencé contre les plans de licenciements ou l’application du chômage dans les entreprises. Ces grèves répondent en écho à celle des métallurgistes italiens, dont la grève a surgi spontanément contre le fait qu’on leur impose, au risque d’être contaminés, de continuer à travailler dans les pires conditions, et ce alors que le gouvernement a décrété un confinement total. La mise en œuvre immédiate d’une concertation entre le gouvernement et les dirigeants de la FIOM et de la CGIL (la principale centrale syndicale) a visiblement toutes les peines du monde à faire reprendre le travail.

Pour ce qui est de l’Algérie, après un an de manifestations ininterrompues pour en finir avec le régime, force est de constater qu’à cette étape, la mobilisation est temporairement suspendue. Ce n’est pas pour répondre aux injonctions de Tebboune. La raison en est que la classe ouvrière a une conscience aiguë du caractère vital de prendre des précautions élémentaires, dans un pays où l’état de délabrement du système de santé ne peut que conduire à la catastrophe. Ce sont d’ailleurs les étudiants qui les premiers, sans attendre Tebboune, ont décidé de surseoir aux manifestations.

Il reste que la classe ouvrière est confrontée à des questions vitales, qui engagent son avenir dans des délais immédiats. Dores et déjà il va lui falloir combattre contre le plan meurtrier du régime. En même temps elle devra faire face à des questions immédiates telles que le ravitaillement de la population en matière de denrées alimentaires, la lutte contre la spéculation perpétrée par les grossistes sous le manteau protecteur du régime.

Il lui faudra combattre contre les licenciements qui s’annoncent, pour l’organisation de la production en fonction des besoins immédiats de la population en matière de santé, d’alimentation….

LA TACHE IMMÉDIATE DU PROLÉTARIAT EN ALGÉRIE :

Imposer la rupture des dirigeants des syndicats et des partis ouvriers avec Tebboune ! A bas le plan Tebboune, aucune discussion pour sa mise en œuvre !

On ne peut rien attendre de Tebboune, héritier de la hissaba, si ce n’est une brutale accentuation des attaques contre les masses et l’ accélération des mesures préconisées par le FMI et les puissances impérialistes.

La première chose est donc de rompre avec ce gouvernement et dénoncer son plan contre les travailleurs, son plan de coupes dans les budgets sociaux à commencer par celui de la santé.

Il faut obtenir un plan d’ouverture de lits dans les services hospitaliers, l’embauche de personnels soignants, la réquisition des matériels, un plan organisant la production par les entreprises locales de masques, de gel hydroalcoolique, de tests de dépistages, de paracétamol, de respirateurs nécessaires aux malades gravement atteints. Il faut que ces produits soient livrés gratuitement aux hôpitaux publics, à l’ensemble des services publics de santé.

Il est nécessaire de réquisitionner les moyens médicaux du secteur privé sous le contrôle des travailleurs, pour qu’il contribue autant que le secteur public à l’effort de soin destiné y compris aux pauvres.

Un tel plan n’est possible que si les travailleurs commencent à prendre les choses en main et exercent dans les secteurs concernés le contrôle sur la production pour imposer que celle-ci soit organisée en fonction des besoins immédiats de la population. De la même manière, c’est à la classe ouvrière de définir dans quelles conditions de sécurité peut être assurée la production des biens essentiels à la population, et quelles usines doivent être fermées parce qu’elles ne correspondent en rien à la production de tels biens. Cela doit se faire en imposant aux dirigeants des organisations ouvrières qu’ils rompent avec le régime et qu’ils engagent le combat de front unique permettant à la classe ouvrière de prendre les affaires en main !

Socialisme ou barbarie

L’épouvantable crise dans laquelle se trouve plongée la plus grande partie de la planète dresse un réquisitoire sans appel contre la perpétuation du mode de production capitaliste.

Nous l’avons montré : cette crise ne relève pas de la fatalité naturelle, mais de ce mode de production. Elle illustre en négatif l’urgence d’en finir avec un mode de production basé sur le profit, qui n’est désormais possible qu’en menaçant de la manière la plus immédiate la survie de l’humanité elle-même. Elle met en évidence, à l’inverse, l’urgence d’un mode de production visant exclusivement à la satisfaction des besoins humains fondamentaux, tout en en préservant le cadre : la nature elle-même.

Mais un tel mode de production impliquant la maîtrise par l’humanité de ce qu’elle produit et des conditions dans lesquelles elle le fait n’est possible que par la socialisation des moyens de production, par l’expropriation du capital. Cette socialisation des moyens de production suppose la mise en place de véritables gouvernements ouvriers. Elle suppose que le prolétariat prenne le pouvoir.

Plus que jamais, l’alternative tracée il y a plus d’un siècle par Rosa Luxemburg est la seule possible : socialisme ou barbarie.

Ce que nous montrent les événements présents, c’est que la barbarie a pris de l’avance. La classe ouvrière, seule classe à même de réaliser historiquement la tâche de renverser le capitalisme pour aller vers le socialisme, a gardé toutes ses capacités de classe révolutionnaire. Même de manière limitée, c’est ce que nous enseigne aujourd’hui la grève des métallurgistes en Italie

Mais dans sa tâche historique, le prolétariat a pris un retard considérable. De ce retard, il n’est nullement responsable. La responsabilité est exclusivement celle des directions du mouvement ouvrier, ces directions qui, par exemple en France, après avoir trahi le combat pour défaire Macron sur la réforme-destruction des retraites, se vautrent aujourd’hui dans l’union sacrée derrière celui-ci. De toute la situation sourd l’urgence du socialisme. Mais pour cette raison même, sourd l’urgence de la construction d’un véritable parti ouvrier révolutionnaire en France, d’une internationale ouvrière révolutionnaire à l’échelle mondiale. Avancer dans cette voie est une nécessité absolue avant que le retard ne devienne irrémédiable, que la plongée dans la barbarie ne soit une plongée sans retour.

C’est pourquoi les militants regroupés autour de Maghreb Socialiste vous invitent à vous associer sans délai à cette tâche.

Le 29 mars 2020

Jamais ce qu’écrivait Trotsky en 1935 n’avait revêtu une plus brûlante actualité : « Le révolutionnaire prolétarien doit avant tout comprendre que le marxisme, seule théorie scientifique de la révolution prolétarienne, n'a rien de commun avec l'attente fataliste de la "dernière" crise. Le marxisme est par son essence même une direction pour l'action révolutionnaire. Le marxisme n'ignore pas la volonté et le courage, mais les aide à trouver la voie juste. Il n'y a aucune crise qui d'elle-même puisse être "mortelle" pour le capitalisme. Les oscillations de la conjoncture créent seulement une situation dans laquelle il sera plus facile ou plus difficile au prolétariat de renverser le capitalisme. Le passage de la société bourgeoise à la société socialiste présuppose l'activité de gens vivants, qui font leur propre histoire. Ils ne la font pas au hasard ni selon leur bon plaisir, mais sous l'influence de causes objectives déterminées. Cependant, leurs propres actions - leur initiative, leur audace, leur dévouement ou, au contraire, leur sottise et leur lâcheté - entrent comme des anneaux nécessaires dans la chaîne du développement historique. Personne n'a numéroté les crises du capitalisme et n'a indiqué par avance laquelle d'entre elles serait la “dernière”. Mais toute notre époque et surtout la crise actuelle dictent impérieusement au prolétariat : Prends le pouvoir ! Si, pourtant, le parti ouvrier, malgré des conditions favorables, se révèle incapable de mener le prolétariat à la conquête du pouvoir la vie de la société continuera nécessairement sur les bases capitalistes - jusqu'à une nouvelle crise ou une nouvelle guerre, peut-être jusqu'au complet effondrement de la civilisation européenne.» (Encore une fois, où va la France ?)

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