maghreb socialiste

Article/tract paru dans Combattre pour le Socialisme n°82 d'octobre 2000

 

Halte à la répression contre le peuple palestinien!

A bas l'Etat d'Israël!

 

Une provocation préméditée du gouvernement Barak


Le jeudi 28 septembre, Ariel Sharon, chef du parti conservateur (Likoud) et responsable des massacres commis dans les camps de réfugiés de palestiniens de Sabra et Chatila, est venu parader sur "l'esplanade des mosquées" à Jérusalem. Le premier ministre israélien, E.Barak a donné son feu vert à cette visite, en a assuré l'encadrement en fournissant un imposant dispositif policier et militaire.

 

Déjà, en 1996, B.Nethanyaou, alors premier ministre, avait déclenché une vague de manifestations - qu'il réprima durement - en organisant une provocation autour de cette esplanade. En y envoyant Sharon et une impressionnante escorte, le gouvernement israélien - au sein duquel précisément Barak cherche à intégrer Sharon - pouvait avoir la certitude d'aboutir à un résultat identique.

 

Tout aussi délibérément, le gouvernement a donné l'ordre que les manifestations de protestation contre cette agression soit réprimées avec une sauvagerie toute particulière : hélicoptères de combats, chars, tir à balles réelles, jusque contre les enfants palestiniens. A noter: les palestiniens qu'Israël a dû tolérer comme "citoyens" faute d'avoir pu les refouler totalement lors de la création d'Israël en 1948 ont eux aussi été frappés par la répression. En une semaine, le gouvernement Barak a à son tableau de chasse une centaine de morts palestiniens et des milliers de blessés.


Avec l'assentiment des grandes puissances impérialistes


La réaction des impérialismes américain, mais aussi français, a été, comme toujours, un blanc-seing apporté au gouvernement israëlien. Madeleine Albright, secrétaire d'Etat américaine, a convoqué Barak et Arafat à Paris. Malgré les prétentions de l'impérialisme français, Chirac a été réduit au rang de spectateur des tractations à l'ambassade américaine. Ainsi lui a-t-il été signifié que le Moyen-Orient devait rester une chasse gardée américaine, comme c'est pour l'essentiel le cas depuis l'écrasement militaire de l'Irak en 1991.

 

Cette réunion n'avait en réalité qu'un seul but: demander à Arafat de mettre fin à la vague de protestation qui secoue le peuple palestinien, en échange de quoi l'Etat d'Israël s'engagerait magnanimement à ne plus les réprimer... Mais alors qu'en Palestine, les morts sont enterrés au cris de "Arafat, donne-nous des armes", alors que même la demande d'une commission d'enquête internationale formulée par l'OLP pour l'aider à faire retomber la tension a été rejetée, Arafat ne pouvait pas y consentir.

En tout état de cause, aucune des grandes puissances impérialistes n'a condamné l'Etat d'Israël. C'est évidemment le cas des USA, dont Israël est en grande partie le bras armé au Moyen-orient, et qui indiquent en soutenant en permanence Israël, que les résolutions de l'ONU, le "droit international", n'est que le "droit" des grandes puissances impérialistes à écraser un pays quand elles le désirent - ainsi l'Irak en 1991, ainsi la Serbie en 1999.

 

Pour ce qui est de l'impérialisme français, J.Chirac et Hubert Védrine (ministre des affaires étrangères) ont stigmatisé Sharon, mais en aucun cas le gouvernement israélien. Le PS renvoie dos à dos les oppresseurs et les opprimés:

"Le PS rappelle à toutes les parties la nécessité de s'abstenir des gestes de provocation et des actes de violence, qui sont autant d'obstacles à la paix" (communiqué du 3 octobre)

 

Ainsi couvert, le gouvernement israélien peut continuer sereinement le massacre du peuple palestinien, jusqu'à ce qu'Arafat et l'OLP s'inclinent et acceptent de reprendre les "négociations" se situant dans le cadre de l'accord signé par l'OLP à Washington en 1993, accords de trahison des masses palestiniennes.


Les masses palestiniennes ligotées par l'accord de Washington


Cette nouvelle vague de répression calculée, délibérée, intervient quinze jours après une nouvelle capitulation de l'OLP. Cette dernière avait en effet annoncé début juillet que, le 13 septembre, elle proclamerait un "état palestinien" quoiqu'il arrive. Quand bien même une telle proclamation eût été proclamer une fiction, un geste complètement dérisoire et artificiel, l'OLP y a renoncé, signifiant par là qu'elle boirait le calice de sa collaboration avec l'Etat d'Israël jusqu'à la lie.

 

Car il est une chose mise en évidence par la répression des manifestants palestiniens: l'Etat d'israël a le pouvoir sur la totalité de son territoire, y compris les "territoires autonomes". "L'autorité palestinienne" supposée diriger les "territoires autonomes palestiniens" n'est qu'une délégation de pouvoir consentie par l'Etat colonial israélien. L'OLP a "autorité" sur quelques ghettos éparpillés en Cisjordanie et à Gaza, dans lesquels de tout façon l'Etat d'Israël n'avait que très peu d'efficacité, et elle n'y gère que les affaires courantes.

 

L'armée israélienne, mais aussi les colons sionistes armés jusqu'au dents y gardent une entière liberté de manœuvre quand ils le souhaitent. Quant à la police palestinienne, même si certains de ses membres ont eu le réflexe naturel de tourner leurs armes contre les militaires israéliens, elle a surtout été utilisée jusqu'ici pour réprimer les palestiniens eux-mêmes, au point de déclencher contre elle des émeutes à Gaza en mars dernier.

 

En échange de ce plat de lentilles, de cette "autonomie" de ghettos encerclés par l'armée israélienne (ils ne sont même pas reliés les uns et les autres par la route), l'OLP a reconnu le droit à l'existence de l'Etat d'Israël, Etat colonial fondé sur la spoliation du peuple palestinien, leur expulsion dès 1948 par la terreur, la guerre, vers le Liban, la Jordanie, et la Cisjordanie elle-même occupée à son tour depuis 1967.

 

Reconnaître sa légitimité, même sur une partie de la Palestine, c'était renoncer officiellement au droit du peuple palestinien à disposer de lui-même de son pays, c'était reconnaître ouvertement le bien-fondé de l'expulsion des palestiniens dès 1948, leur spoliation, et l'Etat raciste qui les a spolié et chassé. L'OLP est allée depuis de capitulation en capitulation.

 

La vague de répression contre le peuple palestinien augure de la suite des "négociations" du "processus de paix". Hasard ou pas, le jour même de la fusillade sur l'esplanade des Mosquées, Barak traçait la dernière étape de ce processus dans le quotidien Jerusalem Post:

"Jérusalem [sera] plus grand que jamais depuis le roi David, avec une majorité juive solide, unie sous notre souveraineté et reconnue par le monde comme la capitale d'Israël ".

 

La création d'une "capitale" palestinienne à Jérusalem est évoquée par Barak dans le même entretien, elle: "inclura ce dont nous conviendrons ". A l'image de ce qui prévaut dans les principales villes de Cisjordanie, en échange du renforcement d'Israël, l'OLP aurait au plus les pouvoirs d'un guide touristique sur un ou deux quartiers arabes de la ville. "le résultat rendra Israël plus fort" (Barak, entretien cité). Voilà ce que prépare l'actuelle vague de violence contre le peuple palestinien, sinon, en cas d'incapacité flagrante d'Arafat à maîtriser les masses palestiniennes, un changement de politique et de nouvelles années de terreur contre les masses palestiniennes destinées à faire place nette pour de nouvelles implantations coloniales.


A bas l'Etat colonial d'Israël


Tandis que le PS renvoie dos à dos oppresseurs et opprimés, le PCF, les dirigeants de la CGT, ceux de la FSU, la LCR, ont appelé à une manifestation pour le 7 octobre qui demande "l'arrêt des massacres, le retrait d'Israel de la Palestine occupée" (il s'agit pour eux "du territoire occupé en 1967", pas de toute la Palestine), et "la suspension de l'accord d'association entre l'Union Européenne et Israël". Il s'agirait d'aller ainsi vers une "paix durable" avec un Etat palestinien recouvrant la Cisjordanie et Gaza.

 

Or, aucune "paix durable" ne peut être batie dans le cadre des accords de Washington qui soumettent le peuple palestinien à l'Etat sioniste, qui le condamnent à vivre dans des cages arborant le drapeau palestinien.

 

Or, la satisfaction des revendications palestiniennes, le droit à disposer d'eux-mêmes, de leur terre, le retour des réfugiés, sont incompatible avec l'existence de l'Etat colonial d'Israël, même dans des frontières restreintes.

 

Seule une Assemblée Constituante Palestinienne, dont la tenue implique la destruction de l'Etat d'israël, pourra donner naissance à une République Unifiée de Palestinienne (intégrant la Jordanie, monarchie artificielle).

 

Mais les bourgeoisies des pays du Moyen-Orient sont toutes, la guerre contre l'Irak l'a montré, soumises à l'impérialisme américain. Elles ont toutes reconnu l'Etat d'Israël.

Et l'OLP s'est également soumise, nourrissant les islamistes ultra-réactionnaires du Hamas. Le combat pour la constituante palestinienne, pour la destruction de l'Etat d'Israël, ne pourra être mené réellement que par la classe ouvrière, les masses exploitées de Palestine, construisant leur propre parti, leurs syndicats, dans la perspective d'une fédération socialiste du Moyen-Orient.


 

En France, la responsabilité du PS, du PCF, des dirigeants CGT, FO, FSU, FEN, c'est :

·        de dénoncer les accords de Washington,

accords de trahison des masses palestiniennes

·        d'exiger des députés PS et PCF, majoritaires à l'Assemblée, qu'ils décident la rupture de toutes les relations avec l'Etat colonial et raciste d'Israël.

 

Dans l'urgence, leur responsabilité immédiate, c'est:

·        d'appeler ensemble à une manifestation massive à l'Ambassade d'Israël pour exiger: Assez du massacre du peuple palestinien, c'est le droit élémentaire du peuple palestinien d'exprimer et de combattre pour ses revendications nationales.


6 octobre 2000

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